Tu regrettes presque de lui avoir demandé de t'accompagner. Parce que tu sais rien, et surtout pas, si t'assumes totalement. Parce que quand il est pas là, tu perds confiance en toi, en vous, tu retombes dans les bras de tes vieux démons, ton vieux déni. Tu t'es rendu chez-lui, ce soir-là, prêt à lui parler de tes appréhensions. Prêt à lui dire que vous devriez peut-être pas y aller. Sauf que, comme d'habitude, d'une baiser, d'une caresse, il effaçait tout les doutes, tous les autres noms. Et vous commencez déjà à boire, à sourire. Alors qu'il te fais un noeud de cravate, que tu remonte tes bas trop haut, que t’enfiles ses lunettes trop grandes. Ouesh, c'est moyen, ton costume de nerd. Ceux qui te connaissent sauront, les autres, bofs. Tant pis. Tu t'entais d'aider Coma avec son maquillage. Peignant tout son visage  en blanc, puis t'appliquant à faire le contour de ses yeux et le bout de son nez en noir, pendant qu'il faisait le reste. Il est beau, ton zombie boy à toi. Et tu vérifie si le maquillage sur ses lèvres est sec en y déposant un baiser chaste, sale gosse qui pourrait tout défaire son travaille. Et tu t'enivres, pour pas dire comment t'es nerveux. T'occupes tes mains, pour pas sentir qu'elles tremblent quand t'y pense. Et quand vous êtes fins prêts, tu prends sa main et vous rejoignez le sous-sol. Malgré tout l'alcool avalé, ta main tremble encore dans la sienne. Ton regard parcourt la salle, tu sais plus où te foutre, tu connais personne de toute façon. T'aimerais que Vivi soit là, tu pourrais lui présenter Coma, elle pourrait te calmer, parce que t'es hors de là toi, attrapant deux verres de ponch pour un foutre un dans la main libre de ton amoureux. Tu pouvais l'apeller comme ça, non ?

@Coma Keating

C'est plus vraiment de ton âge, de fêter Halloween. Mais tu as promis de passer. Juste faire un passage éclair. Fut un temps, tu adorais cette fête. Faire revivre les morts, tenir les mauvais esprits à l'écart. C'était un moment de l'année que tu attendais avec impatience. Plus que Noël. Et puis te déguiser. Tu en as eu, des accoutrements. De la plus banale sorcière au plus originale animal. Mais ce soir, tu as le meilleur. En partant de chez ton mari, tu as quand même amené quelques affaires, quelques souvenirs. Dont ta robe de mariée. Que tu étais belle, dedans, le jour de ton mariage. Une vraie robe à la Marie-Antoinette, avec les bouclettes et les froufrous. Aujourd'hui, en honneur à ton mariage raté, tu la porte fièrement. Tu t'es roulée dans le sang, avec. Rassurez-vous, c'est juste du faux. Quoique ça aurait très bien pû être celui de ton ex-mari. Tu joue le rôle de la mariée folle qui vient d'assassiner son mari, alors que tu viens de dire oui pour la vie. Ca aura été bien court, sa vie. Et peut-être bien aussi quelques invités.

Alors que tu prends l'ascenseur, tu te regardes dans la glace. Tu t'apprécies. Malgré toutes tes épreuves, tu as garder cette beauté que seule les âme errantes peuvent avoir. Tu as pris de l'âge, mais tu es encore capable de faire chavirer des coeurs. Peut-être d'ailleurs que ta prochaine victime sera là, ce soir, parmis tous les habitants. Tu ne connais pas encore tout le monde. Mais tu vas profiter de la soirée pour te faire des connaissances.

Arrivée en bas, les portes s'ouvrent. La soirée a déjà bien commencé. Et tu trouves les gens beaux dans leur costume, même si certains n'ont pas vraiment eu d'imagination. Pour une fois, depuis bien longtemps, tu te sens à ta place ce soir. Tu n'es plus la prostituée du coin, l'âme perdue du premier étage, mais bien une personne à part entière. Peut-être même la princesse de la soirée. La musique n'est pas des plus récente, mais tu t'en fiche. Tu es là pour passer un bon moment, pour profiter de l'instant.

Tu t’intéresses naturellement aux tatouages du joli squelette alors qu’on vient tenir la jambe de Franz pour lui parler de sa musique. De toute façon, s’il a décidé d’être désagréable, il peut bien rester dans son coin avec ses fans... Son espèce de pique de jalousie te tire toi-même un nouveau pic que tu lui lances avec un demi-sourire en coin,

« Et je voudrais pas me placer entre ton public et toi. »

avant que tu ne te mettes à détailler le bras de Riley comme si peu t’importait ce que les deux autres zigotos se racontent. D’ailleurs, tu les écoutes à peine. C’est comme ça que tu entends que son groupe n’est donc pas supposé avoir de fans dans le pays. Ce qui était tout à fait logique dans les vingt dernières années de ton existence. Et ce qui l’est beaucoup, beaucoup moins depuis un mois. Depuis que tu sais qu’il vit ici, en somme. Et ce qui multiplie les questions sur les raisons de sa présence aux Etats-Unis. Questions que tu ne lui as toujours pas posées parce que.... parce que t’étais trop occupée à te persuader que tu n’en avais rien à faire, à le bouder ou encore à t’énerver après lui pour le faire. Bon.

« Ouais. Après c’est pas parce qu’il la connaît qu’il l’aime bien. »

Tu dis ça, tu dis rien. Mais tu le dis quand même.
...Tu te rends comptes que tu continues sur la même pente que lors de vos deux discussions précédentes. Hm. Bon. Tu pourrais faire mieux. Mais de toute façon c’est lui, là, il t’aide pas. Ouais, c’est sa faute. Il avait qu’à pas partir, et pas te faire de secrets, et pas en vouloir à Lothar pour rien, et... Waw. Y’a une mariée sanglante qui vient d’entrer dans la salle. Tu la fixes malgré toi, détaillant la facture de la robe avant de finalement détourner le regard. Tu faisais quoi, déjà ?

Elle t’envoie une nouvelle pique et tu serres les dents, bien décidé à ne pas montrer que ça t’emmerde. Elle n’a qu’un mot à dire et le public, tu l’envoies valser en un claquement de doigt. Le public il a eu dix ans pour t’aimer, elle… T’en auras jamais assez pour te préoccuper d’elle. Alors quand elle se fait à moitié draguer par le squelette femme, tu es jaloux, jaloux comme un poux qui n’assume pas sa jalousie et qui ronchonne comme un petit garçon parce que c’est le plus simple: « Ca te coûterait un bras de t’intéresser un tant soi peu à ce que je fais hein?  » Faut croire qu’elle simulait bien toutes ces années, parce qu’elle avait l’air de l’aimer ta voix, à l’époque.

Tu soupires. Décidement, la conversation n’est pas partie pour être votre fort, et tu commences à perdre patience. Tu voudrais lui faire fermer sa gueule à Maya Braun. Sa gueule qu’elle a grande et jolie et qui te rend aussi dingue que quand vous étiez des ados alors tu répliques à nouveau: « Tout le monde a pas mauvais goût comme toi Bee. » Bien, c’est sûr que tu vas avancer avec ce genre de réplique. En attendant, elle détourne les yeux, et tu fais un peu la causette avec le type au chapeau, mais tu la vois tituber très légèrement et l’inquiètude  du loup dominant reprend le dessus alors que ton bras passe lentement autour de sa taille: « Ca va? Tu veux qu’on s’écarte un peu? T’as l’air… d’avoir besoin d’air. » D’habitude, les blagues à la con, c’est toi qui les fais, alors forcément, tu t’imagines mal qu’un zigotto a eu l’idée de foutre du LSD dans le punch. Encore si t’en avais bu, parce que tu les connais, toi, les conséquences du LSD, mais elle aussi en principe, alors tu t’imagines rien de tout ça, et ta main remonte juste pour porter ta canette à tes lèvres et remettre en place une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Couillon peut-être, inquiet sûrement, entiché foutrement.

Tout se passait bien pourtant. Le maquillage réussi, tu ressembles à un squelette un peu dangereux, lui tout droit sorti d'une salle de classe, et t'es sûr qu'il en a pas vu beaucoup au cours de sa vie. Puis les verres, quelques uns seulement, assez pour prendre une grande inspiration et ne pas lâcher sa main, affronter les regards.
Pour entrer dans la pièce déjà fourmillant de conversations.
Tu reconnais tellement de visages familiers parmi ceux qui se tournent et ceux qui restent loin de vous. Des visages chaleureux, des visages hostiles. Les visages de ceux que tu as déçu ou de ceux qui te font confiance. Il y a Azur, c'est ça son nom, la jolie fille du lycée, qui ne semble pas t'avoir vu, il y a Amir aussi, tu te retiens de courir vers lui pour te planquer dans l'orée de son cou, parce que le billet des Commères est arrivé trop tôt, parce que tu n'étais pas prêt, parce que dans ta tête il y a encore tout un chemin à parcourir et que ce n'est que le début. Et merde, c'est idiot parce que c'est lui qui devrait fuir, qui devrait flipper, pourtant c'est ta main qui tremble dans la sienne, c'est tes ongles qui s'enfoncent dans sa paume, pas l'inverse. Comment il fait, pour rester aussi calme ? En plus, tout le monde s'en fout de vous, enfin, à part Al, Kyllien et quelques autres. No big deal, deux pédés de plus. Et quand un verre rejoint ta main déjà un peu alcoolisée, tu le remercies silencieusement du regard avant de vider ton verre. Tu devrais pas avoir peur. Tu devrais pas. Et pourtant t'as l'impression d'être une biche au bout du fusil. Alors tu murmures à l'oreille de Badz : « Je propose qu'on se mette une murge monumentale. Pour une fois qu'on a le droit. »
Le liquide brûle la gorge, il a un drôle de goût.

@badz hijodealgo

« - Cheers ! », verre contre verre, vous trinquez, sourire aux lèvres. Tu t’es forcé, c'est vrai, n'était pas ton choix que de te farder d’un costume ridicule et venir ici. Mais après tout, c’était pour Siobhan, et Siobhan mérite bien quelques efforts de ta part. Et puis ce n'est pas si terrible que d’être là, déguisé, avec elle et tous ces gens. Ces gens que tu connais à peine, que tu croises parfois, dans l’ascenseur, dans les escaliers, ces gens que tu ignores la plupart du temps. Alors tu lui demandes à Siobhan si elle, elle connaît des gens ici (aussi parce que tu sais pas quoi lui dire d’autre, a parce qu'elle est belle, que tu la trouves magnifique ce soir). « - Hum, normalement y ont des gens qui doivent venir… Mais, dis-moi Raff', tu sais qu'y a nos voisins, ne me dis pas que tu n’en connais aucun ? », tu te marres un peu, l’observe par-dessus ton verre. « - Ah ! Si, tu vois le gars habillé en sorte de clown bizarre avec le chien et la moustache . C’est Franz. Il est sympa, on ira le voir après, si tu veux ? », t’observes le type, fronce les sourcils. Tu le connais pas, mais tu sais pas, tu n'as pas vraiment envie d’aller le voir, tu n'as pas vraiment envie de le connaitre. Il te fait peut-être un peu peur après tout, tu’es méfiant depuis que tu as rencontré ce type-là. Avery quelques choses. Tu reposes tes yeux sur ta belle, qui te souris un peu, resserre ont verre tout en se resservant à son tour. Tu y pose tes lèvres, avant de la voir t’attraper la main. Ça te fait sourire, t’aime ça, quand elle s’approche de toi, qu’elle t’attrape la main et te souris en retour. Peut-être qu’elle va t’emmener danser, tu t’imagines déjà la porter au creux de toi, la faire tournoyer comme une vraie poupée. Et tu le vois pas s’approcher cet inconnu, celui qui vient perturber votre équilibre. Tu l’observes, tu le connais pas, il se présente comme étant Clark Kent. Ouais, c’est Halloween après tout. « - Enchantée, Clark Kent. Tu comptes nous montrer ton super costume plus tard dans la soirée ? Voici Raffaele, il s’improvise vampire pour ce soir mais promis, il ne mord pas. », elle te présente, toi le vampire, « Moi c’est Tennessee ! Comme l’état… Mais vu que c’est un peu long tu peux me surnommer Ten ou Nessie, c’est comme tu veux en fait ! », tu te forces un peu, un sourire sur les lèvres, tu acquis « Enchanté Ten », tu le connais pas ce gars, mais il a l’air de connaitre Siobhan. Tu sais pas s’ils sont proches, tu sais juste qu’en le voyant, elle a lâché ta main. « J’espère que la soirée sera sympa ! J’adore Halloween ! En même temps quoi de plus normal pour un chasseur de fantômes ? », tu l’observes les sourcils froncés. Tu comprends pas trop la référence, pourquoi il parle de ça ? Ça te met un peu mal à l’aise, parce que tu comprends pas la référence, peut-être que c’est juste entre eux. Alors tu t’approches de la belle, passe une main au creux de ses reins, pour la tenir contre toi. « Et dites-moi, vous vous connaissez d’où ? », tu’es un peu curieux, un peu jaloux peut-être au fond, tu voulais garder Siobhan rien que pour toi ce soir.

@Siobhan Barajas @Tennessee Quatermain

Des regards se tournent à ton arrivée. Dont une femme. Comme un vieux souvenir. Elle te rappelle quelqu'un, mais tu ne sais plus vraiment qui. Un visage sur une photo jaunie. Du papier vieilli, froissé. Tu ne sais plus vraiment à qui elle appartenait, cette photo. Peut-être à un des membres du groupe. Mais tu l’as aperçue quelques fois. En la regardant, cet femme au regard intense, tu ressens un sentiment que tu n'as plus vraiment éprouvé depuis longtemps. Depuis ton arrivée en Amérique, à dire vrai. De la compassion ? Du désir ? Non, une pointe d'amour. Tu en resterais sur le cul, si tu avais de quoi t'asseoir. L'amour, tu as cru le connaître. Mais tu l'as toujours confondu avec le désir. Ou presque toujours. La seule fois où tu as aimé, c'était un homme violent, sanguinaire. Depuis, ce sentiment t'es devenu inconnu. Tu l'as laissé de côté, de peur d'avoir encore mal.

Tu vois Franz à ses côtés. Mâle dominant montrant les crocs quand une intruse essaie de séduire sa louve. A la manière dont il la regarde, dont il la touche, tu comprends bien que c'est chasse gardée. Il ne faut pas venir roder autour de la propriété d'un carnassier. Ca pourrait très mal se terminer. Même si tu as réussi à l'apprivoiser quelques années durant. Encore quelque chose que tu dois refouler. Ca en fait beaucoup, en une quarantaine d'année que tu traînes tes savates sur cette terre. Des rêves que tu dois laisser s'en aller. Des fantasmes que tu dois abandonner.

Ca t'a vraiment chamboulé. Il faut que tu ailles te chercher un verre. D’habitude, tu ne bois pas d’alcool. Plus depuis un moment en tout cas. Ca t’a tellement causé d’ennuis. Te retrouver avec un inconnu le matin alors que tu étais juste partie t’amuser. Le nombre de fois que ça t’es arrivé. Le Sida, ça t’étonne toujours que tu l’ais pas chopé plus tôt. Mais aujourd'hui, tu te dis qu'après tout, ça ne peut pas te faire de mal. Tu t'autorise cet écart. Demain, il sera temps de reprendre ta route.

Dieu merci je ne m’étais pas trompé. Mais le musicien semblait avoir de vraies attitudes de rockstar et en plus je me demandais s’il n’était pas en pleine dispute avec sa petite amie… Je croisais donc les doigts pour qu’il ne nous refasse pas un énième remake de Sid et Nancy ou qu’elle ne se décide à se la jouer Courtney Love avec Kurt Cobain… bon j’allais peut-être un peu (beaucoup) trop loin, mais après tout je ne les connaissais et j’avais une imagination débordante alors j’étais quand même en droit de me poser quelques questions ! Aussi connes soient-elles !

« J’étais Roadie dans un groupe « Nouvelle Vague » ils ont fait la première partie des Red Hot et de Kravitz il y a quelques années ! Et les gars du groupe étaient fan du votre… Du coup j’ai commencé à écouter votre musique quand j’avais quoi ? Quinze ans ? C’est space, mais c’est d’la bombe ! »

En même temps vu sa moustache, sa gueule, son chien, sa nana, je me disais que c’était normal que ses textes soient un peu perchés… le mec avait déjà dû tester quelques substances illicites dans sa vie. Moi la mort de Jake m’avait poussé à arrêter l’alcool à outrance et à ne jamais commencer les drogues dures… J’étais plus ou moins clean, même s’il m’arrivait parfois de fumer un ou deux pétards pour trouver l’inspiration et composer une musique ! Dur d’être réglo dans le domaine du rock’n’roll… D’ailleurs la dénommée Maya – qui n’avait pas terminé d’examiner le bras de la femme squelette et de se disputer avec Franz – sembla se sentir mal et le musicien alla directement prendre de ses nouvelles. Preuve qu’il y avait peut-être quelque chose entre ces deux-là !

« Vous voulez que je vous laisse ? Ou alors je peux peut-être ramener un verre d’eau ou un truc du genre ? C’est peut-être le punch qui est un peu fort ? »

J’étais prêts à jouer au Saint Bernard après tout j’étais venu le faire chier à parler de son ancien groupe alors qu’il était en rendez-vous galant ! J’avais même déclenché une mini dispute entre lui et sa copine, donc je pouvais bien me montrer serviable trente secondes ! En vérité j'avais beau me la jouer rockeur ou rebelle j'étais quand même un véritable bisounours donc bon... Ce que je faisais était normal rien de plus !

Je fixe le verre de punch dans ma main non réellement convaincu de la chose, qu'on se le dise. Ce punch a un petit quelques chose de douteux, mais je ne saurais pas dire quoi. Il faut dire que je ne suis pas très punch règle général. Je ne suis pas très alcool tout simplement. Ça fait des ravages sur ma personne. Autre formulation pour dire que je ne supporte pas des masses l'alcool. Maintenant vous savez. Ça ne m'empêche pas de troquer le verre de punch pour le verre de rhum que me tend monsieur Ghostbuster avant même de m'être tâté à en prendre une gorgée. Le rhum sent déjà franchement meilleur et c'est probablement l'alcool que j'ai le plus bu au cours de mon existence. Pas dans le contexte que vous croyez. Un peau d'eau bouillante, un peu de miel, un peu de jus de citron et un soupçon de rhum. Ça fait des miracles pour les maux de gorge et ce n'est pas suffisant pour me faire faire des bêtises.

« Nessie ça fait un peu monstre du Loch Ness alors va pour Ten. »

Un commentaire à propos de blague sur sa taille ou quelque chose comme ça a vaguement effleuré mon esprit, mais je me suis retenu de le faire entendre à tout ce beau monde. Je me suis plutôt contenté d'un bref sourire avant de boire une gorgée de rhum pour m'empêcher de pousser pour lui la bêtise. D'autant plus que j'ai cette impression de malaise en ses instants à voir monsieur Ten et les deux autres inconnus qu'il vient de vaguement me présenter. Là encore il y a ce petit quelque chose sur lequel je n'arrive pas à poser le doigt. Sans doute l'ébauche d'un super pouvoir qui me fait languir en me donnant un aperçu de ses capacités sans vouloir pleinement me faire cadeau de la chose. C'est un peu comme pour cette histoire d'âne avec un bâton et une carotte. Tu vois les pouvoirs, tu tends la bouche, mais tu ne bouffe jamais les pouvoirs. Ou quelque chose comme ça. Je vois le possible sixième sens comme dans ses séries télé, mais je n'arriverai jamais à réellement l'utiliser. La vie est injuste. Je lève le nez de mon verre en entendant mon petit nom de la soirée prononcé. Je devrais peut-être songer à l'adopter.

« Oh hum... un peu plus d'une année je dirais. Je suis arrivé en septembre l'an dernier. Rien de bien exotique à raconter non plus. Les perroquets par contre c'est sympa. Je suis certain que tu as déjà songé au costume de pirate. Le perroquet c'est un peu cliché pirate, mais ça ferait probablement un ajout vraiment génial à un costume. »

Je prends une nouvelle gorgée de ce rhum qui descend beaucoup trop vite au fil de mes gorgées presque désespérée de combler le silence de mon absence de conneries. Je sais que je peux dire n'importe quoi souvent. Trop souvent.

« Et vous? Vous y êtes depuis longtemps au Parking? Je suis là depuis un an et j'ai le sentiment de n'avoir croisé personne tout compte fait quand je regarde toutes ses têtes que je ne reconnais pas. »

halloween c'est trop cool. joe a pas voulu l'accompagner, parce que c'est "immature, enfantin, inintéressant" à son goût. mais cette fois-ci, elle peut pas être d'accord. elle a passé tout le mois de septembre à coudre un costume, qu'elle a reproduit après alice, du pays des merveilles, trait pour trait. elle a choisi les bonnes couleurs, qu'elle a passé pas mal de temps à trouver. elle pouvait pas rebrousser chemin, du coup. elle avait pas l'air bête, comme ça. toujours une enfant, hein. "j'arrive pas à savoir si t'as vingt ans ou si t'en as dix, poupée." il avait peut être raison. peut être qu'elle aurait dû rester à la maison, ce soir là. à compter les moutons, à faire la grande en buvant des trucs qui lui piquent trop la gorge. peut être qu'elle aurait dû récupérer les friandises cachées dans le coeur de joe. mais y'en a plus. elle les a déjà tous mangés. faut qu'elle aille en chercher d'autres, autre part. du coup elle est descendue, en sautillant, toute contente, ridicule, en espérant trouver ce qu'elle cherche en bas. un tru plus sucré que lui. et il fait tout à coup plus chaud, y'a plus de gens que dans son appartement, ils se parlent presque tous, mais elle les connais pas. elle voit pas tout le monde, juste une pauvre table avec quelque saladiers dessus, dont un rempli de ce qui lui semble être du jus. tous les verres sont usés, des gobelets encore remplis. elle en prend un et le vide de son liquide en le renversant pas bien loin du buffet, et le remplit à nouveau de son propre cocktail à elle, auquel elle rajoute le contenu entier d'une minuscule bouteille de whisky qu'elle avait dans sa poche au cas où. puis elle fourre des bonbons dans ses poches, et se tourne, en prenant une grande gorgée, trop grosse, parce qu'elle a toussé après. y'a ce garçon qu'elle avait déjà vu, tony qu'il s'appelle, il est là bas, elle a reconny son visage, même de loin, alors que son accoutrement le rendait méconaissable. mais elle va pas vers lui. joe serait pas content qu'elle aille parler aux gens sans lui. elle reste là. à se brûler la gorge, tout en s'allumant d'inombrables cigarettes. rien à faire.

T'intéresser à ce qu'il fait... Tu vas éviter de lui dire que son premier tube t'a brisé le coeur à cause de ce que tu pensais qu'il représentait, même si vous en avez déjà plus ou moins parlé. Alors, tu te tais et tu observes plutôt les dessins sur le bras de Riley, laissant Franz avec son fan quelques instants. Le temps de te faire traiter de mauvais goût ambulant (ouais, il était ton premier amour, tu dois sûrement avoir des goûts de chiottes... mais pour une fois, tu retiens ta pique), un mouvement à l'entrée capte ton attention. Ton regard reste scotché sur la grande robe blanche tachée de rouge, qui tranche au milieu du décor sombre. Oubliant presque ton environnement alors que tu en détailles la coupe, tu te perds dans les jupons parsemés de rouge, quelque part entre le regard de la couturière et celle de la simple femme. Lorsque tu reviens à toi, quelques bonnes grosses secondes plus tard, tu pens pourtant ne l'avoir regardée qu'un instant. Oh, tu te rends bien compte que quelque chose est étrange, mais sans parvenir pour autant à mettre le doigt dessus. Tu tournes la tête pour regarder le squelette mais te retrouves à faire un pas bizarre, presque tituber. Tu te reprends toute seule, mais un bras chaud se glisse néanmoins dans ton dos comme pour te soutenir et ton coeur fait un malaise alors que Franz se montre une nouvelle fois prévenant avec toi. Comme avant. Il glisse une mèche de tes cheveux derrière ton oreille et le fan vient demander de tes nouvelles à son tour. Embarrassant, cette histoire...

« Ça va, je... J'ai sûrement bu trop vite, oui. Plus l'habitude... »

Tu souris légèrement, gênée, tentant de rassurer tout le monde. Et puis il fait chaud ici c'est pas possible... Il doit y avoir trop de sardines dans la même boîte. Tu doute qu'il y ai de l'eau quelque part dans le coin, mais sans doute devrais-tu manger quelque chose pour éponger. Alors, tu prends un cookie derrière toi sur le buffet et entreprends de le grignoter, croquant un petit morceau après l'autre. Ça ne va pas t'empêcher de mourir de chaud, ceci dit. Alors, tu te mets en marche pour rejoindre la sortie, trouver un courant d'air, quelque chose. Mais tu as du mal à coordonner tes pas et tu te rends compte arrivée à mi-parcours que...

« Franz, je crois qu'y'a un truc bizarre dans le punch... »

Tu dis ça à voix basse, tout en ayant le réflexe de te coller à... ah non c'est pas Franz, ça. C'est deux fois plus large et déguisé en ghostbuster.