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Membres animateurs: Bambi Westfield + Slavenko Kovacs + Luna Mathers +Cal Bauer + ...

Et c'est parti pour cette première séance de flood d'intégration !

   

9:18PM, Nov. 5th 2017 - Washington D.C.
Ma mère me regarde alors que je descends les escaliers. Je suis encore habillée comme une putain avec ma robe trop courte. J’le sais. Elle le sait. Il n’y a aucun interêt à en discuter. Elle a son livre sur les genoux, et la branche de ses lunettes dans la bouche. Le feu crépite dans la cheminée, car il commence à cailler en ce début du mois de Novembre. Et moi, j’ai littéralement sur le cul moins d’un mètre carré de tissu. « Tu sors? » Non non, je viens juste boire le thé. Je lève les yeux au ciel alors que j’approche parce que je sais que je ne m’en tirerai pas à bon compte si je ne passe pas l’épreuve réglementaire de la fausse validation: l’espèce de pouvoir que mes parents croient avoir sur moi, alors qu’on sait tous qu’ils ne peuvent rien me refuser. Les avantages d’être fille unique, il paraît. « Oui, avec les filles. » J’ai 21 ans, largement l’âge de pouvoir faire ce que je veux, même de pouvoir me blinder à l’alcool si j’ai envie. De toutes les façons, elle sait aussi bien que moi qu’il ne peut rien m’arriver. Mon date #1 est dans l’entrée à m’attendre, sagement.

« Papa n’est pas rentré? » Je regarde ma mère alors que j’essaye d’enfiler ce manteau beaucoup trop lourd en fausse fourrure, le tout sans me décoiffer. Elle penche la tête sur le côté, comme elle le fait à chaque fois qu’elle réfléchit à quelque chose. Visiblement, les whereabouts de mon père lui font tourner les neurones. « Non. Il est probablement retenu. » Le sourire qui s’étend sur ses lèvres est celui d’une femme qui en a marre de passer après la carrière de son mari, mais qui ne dit rien tant que derrière, il lui fournit un style de vie plus que décent, et même, indécent. Elle n’a jamais travaillé, elle ne m’a même pas élevée, c’est pour dire. Elle a donné un gosse à mon père, c’était ça la plus grande oeuvre de sa vie. Ça lui avait déjà pris neuf mois, c’était un projet bien assez long. Sinon, elle passait son temps avec les autres femmes de, d’ailleurs l’une d’elle avait aujourd’hui le twitter associé à @FLOTUS; voilà de quoi faire parler.

Mon père, lui, c’était autre chose. Lui, il avait mis un peu plus d’efforts de présence dans mon éducation. Parti de rien, arrivé presque au sommet de la pyramide, son plus beau joyau, c’est sa chair, son sang, sa fille: moi. C’est probablement pour ça que je m’entends mieux avec lui qu’avec elle.  Les souvenirs restent alors que nos moments eux s’effacent de son emploi du temps. « Oh. J’y vais, alors. »

Ma mère me sourit, et je sens dans mon dos que #1 s’est raidi, et qu’il est prêt à décaler. Pas besoin de rester plus longtemps de toutes les façons, je n’ai rien à lui dire, sauf lui souhaiter une bonne soirée. « Toi aussi, amuse-toi bien ma chérie. » J’entends à peine, parce que mes talons claquent déjà contre le sol et que #1 ouvre la lourde porte d’entrée d’où on peut apercevoir la Cadillac qui ronronne aux pieds des escaliers du perron.


0:41AM, Nov. 6th 2017 - Washington D.C.
L’ambiance dans le club est chaude, un peu trop peut-être. Savannah a les mains de son mec bien trop haut sur ses cuisses, Kanye West hurle dans les enceintes, mon ex me regarde avec des yeux qui veulent tout dire. Les yeux de sa copine aussi, d’ailleurs. Je lui porte un espèce de toast avant de descendre sans scrupules la coupe de champagne que j’avais entre les mains. #1 est là aussi, sur la banquette, toujours aussi impeccable dans son costard.

Je me doute que c’est pas forcément l’éclate pour lui de sortir aussi souvent, de devoir rester sobre, de devoir juste me surveiller, tout le temps. Il n’est pas tellement plus vieux que nous, 5 ou 6 ans tout au plus. Candace le trouve plutôt à son goût, et c’est vrai qu’il est pas moche. Si mon père ne lui signait pas son chèque tous les mois, et que je n’avais pas eu une discussion longue et embarrassante à ce sujet, je l’aiderai certainement à passer une soirée moins désagréable.

« Opale, tu viens? » Hadrian me tend la main et je ne me fais pas prier pour aller bouger mon corps contre son corps à lui de demi-dieu nordique. Il est plutôt ultra mignon, et ultra pas con. Mes parents seraient ultra-ravis si Hadrian devenait leur gendre. Manque de bol, à par vibrer sous ses doigts et crier son nom de façon régulière, je n'éprouve pas le besoin maladif de me fiancer et compagnie. A mon âge, je sais à peine si j'ai envie de lait d'amandes ou de soja au petit-déjeuner...

Et soudain, quand j’ouvre les yeux, c’est parce que je sens une prise ferme sur mon avant-bras. « Opale, on y va. » C’est la première fois que #1 m’appelle par mon prénom. Son ton froid, son regard dur et sa main ferme sur mon poignet ne me laissent même pas l’occasion de commencer une quelconque dispute. Il me tire déjà vers la sortie, et sans même avoir eu le temps de réaliser, je suis déjà sur la banquette arrière de la Cadillac.

0:57AM, Nov. 26th 2017 - Washington D.C.
« C’est quoi ce bordel ? » Je suis en dehors de la Cadi’ alors qu’il m’a clairement interdit d’en sortir, et je serre mon manteau contre moi, parce que j’ai froid, et que je ne suis pas spécialement rassurée de notre mouvement soudain. Mon #1 discute avec le #1 de mon père, et je sais que ce n’est pas bon. Alors, un peu plus fort. « Expliquez-moi. » J’exige une explication, j’en ai rien à foutre qu’ils soient en train de me regarder sans trop savoir si c’est du lard ou du cochon. Ca va juste mal terminer, et je ne manquerai pas d’en rajouter une tonne auprès de Papa si jamais je n’ai pas ce que je veux dans les dix prochaines secondes.

« Miss McMahon, votre père va vous appeler. » Voilà mon explication. Rien de plus. D’ailleurs, c’est à peine si le garde du corps de mon père a daigné lever les yeux vers moi. Pourquoi sommes nous encore en plein centre ville alors qu’on serait très certainement mieux à la maison pour régler le problème? Je sais que j’affiche la moue de l’enfant gâtée que je connais si bien et affectionne. Rien à foutre.

Mon téléphone sonne, et le numéro est inconnu. Si je n’avais pas eu un heads up avant, je n’aurai pas décroché, mais… « Opale, ma chérie. » La voix de mon père à l’autre bout ne ressemble absolument à rien de ce que j’ai l’habitude d’entendre. « C’est quoi ce bordel, putain? » Allez, un gros mot histoire de l’énerver car il déteste que je jure, et je sais qu’il va me le faire remarquer.  « Opale, tais-toi et écoute-moi. » C’est bien une grande première. Mon père qui me donne un ordre, un vrai. Et formuler comme un vrai parent, pas un bourgeois. Merde. Qu’est-ce-que j’ai fait? Parce que, si il me parle comme ça, j’ai réellement dû faire de la merde.

« Tu vas partir avec James. Ne me demande pas pourquoi, ni pour combien de temps. Tu pars. Et tu laisses ton téléphone et tes effets personnels à Thomas. » Je suis en train d’halluciner. En plus de me filer des ordres, il me sort un nonsense… Il a fumé ou quoi ? « Non mais, t’es sérieux?! » Clairement, c’est de l’incrédulité de ma part. « Oui. » Le silence qui suit est terriblement long, alors que je me doute que ça ne dure pour les autres qu’un instant. C’est bien la première fois qu’un échange sérieux se produit entre nous. « Pour une fois, s’il te plaît, fais ce qu’on te demande, Opale. » Et ça ne souffrira aucune réplique. C’est clair. Changement de plan.

« Mais, tu vas pas m’expliquer? » Je lui sors ma petite voix d’enfant, celle qui me sert en général à avoir ce que je veux. Je suis plutôt bonne quand il s’agit de manipuler mon père, encore que, je pense qu’il se laisse manipuler avec plaisir par moi. C’est pas son poste de Juge à la Cour Suprême qui va lui permettre de se faire manipuler, bien au contraire. « Non. Je t’aime Opale, prends soin de toi. » Et là, la ligne sonne. Le vide. Et putain de merde, j’aurai pas à donner mon iPhone à Thomas puisque je viens de l’envoyer voler à ses pieds. D’ailleurs, il me regarde. Ouais, si j’ai envie de piquer une crise, je pique une crise, va te faire toi aussi.


5:26AM, Nov. 6th 2017 - Bronx, New York.
La rencontre avec Thomas n’était visiblement qu’un moyen pour James de récupérer une voiture qui n’est pas à nous, et un sac. J’ai reconnu mon sac de voyage. J’ai presque été sage, je suis montée dans le truck sans faire d’histoires. De toutes les façons, à voir la mine de mort de James, c’est évident que mon #1 n’a pas forcément envie de rigoler ce soir, ni de me voir exercer mes talents de comédienne. « Pourquoi on ne me dit rien? » Pour seule réponse à la question que j’ai posé 98657478 fois en 4 heures, il fronce les sourcils. Il ne monte pas la musique ringarde qui passe à la radio, non, au contraire, il la baisse pour qu’elle ne soit plus qu’un murmure.

« Bienvenue à New York. » Et plutôt que de le regarder lui, je regarde enfin par la fenêtre. Il fait sombre, un peu trop à mon goût. Ce n’est absolument pas le souvenir que j’ai de ma dernière virée à New York. « Le Four Seasons est sur l’île, James. » Je lui dis ça, comme si c’était un demeuré, alors que je sais qu’il est loin d’être con. Je sais qu’il suit un plan bien ficelé. Ce n’est pas rassurant d’ailleurs. La voiture s’arrête, et je crois que mon coeur aussi. Mon cerveau, lui, n’a jamais tourné aussi vite. Et avant que mon corps puisse aussi se mettre en mouvement, il est déjà sorti de la voiture. Je me détache comme je peux, et je saute hors du véhicule prête à lui faire une nouvelle crise. Oui, mais non.

Il est déjà en train de refiler mon sac à je sais pas qui. MAIS, non. Il a une vieille gueule de clochard avec sa barbe, ne lui confie pas un sac à plus de 10k. Je maudis James qui entretient une conversation silencieuse.

« Au revoir, Miss McMahon. » James me regarde avec les yeux d’un père, et j’ai envie de chialer. Mais qu’est-ce-que j’ai fait putain ? Si c’est une punition ou une caméra cachée, c’est pas drôle, arrêtez maintenant. « Essayez de ne pas trop faire souffrir SUILEABHAN. » Alors le clodo a un nom. C’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre, je sais que c’est une vieille blague. On peut remonter en voiture maintenant? Clodo laisse échapper un rire, et James profite que je pose mon attention complète sur l’autre pour se défiler et sauter dans la voiture. Le moteur vrombit. J’ai probablement les yeux noirs et emplis des flammes de l’enfer dans lesquelles j’ai envie de le voir brûler là. « Bon, Sullymachin… Rendez-moi mon sac, et promis, je ne dirais rien à Papa. Vous pourrez retourner vous shooter là-haut, dès que vous m’aurez appelé un taxi pour le Four Seasons. Et on en parlera plus. »  Pour seule réponse ? Un rire a peine plus fort qu’un murmure, et un sourire qui fend la nuit noire. Moi, par réflexe, j’ai le majeur qui bande.