Mais lui, Crash, ce prénom qu'il s'est donné, ce mur de brique qu'il s'est construit autour de lui, tout ça pour ne pas LUI ressembler. Le père, nom figuré qui n'a plus aucun sens pour lui. Le père, cet homme, cette violence qu'il a enseigné à Crash. Frappe si t'es un homme. T'es qu'une mauviette Taylor, tu as bien mérité ton prénom de fille. Et deux trois coups pour lui rappeler qui était le chef. Souvenirs qui s'étend depuis trop longtemps dans la tête de Crash. Le père a disparu, Taylor est mort. Il l'a tué. Meurtrier. Danke, sa mère, ne disait rien. Ne faisait rien. Si, elle pleurait. Elle pleurait de voir son petit garçon amoché par ce père trop violent qui voulait juste lui apprendre la vie. Et quelle vie.

Crash aime la musique. Il aime la guitare, il veut en faire son métier. Crash n'aime pas la vie, il la trouve ringarde. Alors il fume, il boit, il oublie. Il oublie le temps qui court et les années qui passent. Il oublie le bruit de la ville, le calme de la campagne, il compose. Musique brutale, musique douce. Mais jamais musique romantique. Non ça jamais. Ce n'est pas pour lui. Et puis, c'est quoi l'amour? C'est frapper? Se faire frapper? C'est quoi aimer? Crash a un faible pour les garçons mais il ne veut pas se l'avouer. Il a honte, il a peur. Car Crash pourrait disparaître pour laisser place de nouveau à Taylor. Et le père pourrait revenir. Et lui apprendre la vie de nouveau.

Le Maryland. Crash ne sait pas s'il aime cet état. Danke, elle, pense à déménager, son gamin a 10 ans et ils ne peuvent pas rester là au cas où le père reviendrait. Alors elle l'emmène à Washington, espérant qu'une grande ville, pour fuir, ce serait suffisant. Mais non, ce n'est pas suffisant. Le père est revenu, il a supplié Danke, lui promettant qu'il a changé. Mais qui peut croire que l'être humain change comme ça? Personne. Alors qu'il rentrait de l'école, l'enfant terrorisé était de retour. Le père était sur la canapé, affalé comme un boeuf, la bière a côté. Et Danke demandait pardon à son petit garçon. Pardon d'avoir été faible.

Les années se tissent dans la toile de la vie telle une araignée. Crash a 15 ans. Danke n'est plus là. Le père a finit par la tuer. Non pas par les coups mais par le chagrin. Trop fragile la jolie fleur du Danemark. Maintenant, la fleur est sous terre, dans un cimetière de la banlieue de Washington. Crash y passe tout son temps libre. Car le petit garçon, devenu adolescent est toujours terrorisé. Il ne veut pas vivre avec le père mais il n'a pas le choix. Alors, il lui parle à Danke. Il lui dit qu'il veut fuir, qu'il ne veut pas vivre avec homme. Qu'il est assez grand pour se prendre en main. Et les larmes coulent et tombent sur l'herbe. Il ne veut pas pleurer, pleurer c'est que pour les faibles. Il n'est pas un faible. Même si sa vie c'est qu'un labyrinthe, il sait qu'il trouvera la sortie. Parce qu'il y croit.


Alors le voilà, il a décidé de fuir. De courir à travers le labyrinthe de son existence et peu importe les obstacles, il est déterminé. Le père n'essaye même pas de le chercher. S'il a fui, c'est que c'est pas un homme, c'est juste qu'une mauviette. Mais pour Crash, il s'est prouvé qu'il était un homme. Mais 15 ans, c'est trop jeune pour vivre seul. Alors il a demandé de l'aide. Il s'est retrouvé en famille d'accueil où le père et la mère étaient heureux d'avoir un garçon, même de 15 ans, même paumé. Mais ils l'appelaient Taylor et ça Crash ne le voulait pas. Le temps lui vola ses années. 16, 17, 18 ans. Le lycée, son calvaire et son empire prit fin. Taylor avait bel et bien disparu. Crash, cette beauté inégalée, cet air angélique, cet enfant blessé, avait laissé place à un garçon vantard, un garçon débrouillard, un garçon doué pour le business caché.

Crash, nuage de fumée ardente, brûlant au coeur d'un volcan, musicien doué pas tellement fait pour les études, décida de s'envoler pour la grande ville, New York. Il apparaîtrait que la-bas, il pourrait se faire un nom. Un nom dans la musique. Il ne veut plus faire de business caché. Il ne veut pas jouer les hors la loi. Le voilà à New York, avec peu d'argent. Le voilà dans le Bronx, le voilà dans sa nouvelle vie. 21 ans maintenant.