Good girl gone bad {ft Jess}

good girl gone bad

Vice cherche à passer une agréable soirée. Une soirée où il m'a invitée, et où il m'ignore royalement. Qu'il rage devant un dragouilleur qui vient me porter l'attention qu'il n'a pas à mon égard me fait doucement rire, intérieurement. Et moi, du coup, j'ai pas le droit d'être en colère parce qu'il se fait, lui aussi, et avant moi, clairement draguer devant mes yeux ? Et juste à côté de moi, en plus ? Ce mec est une blague vivante à lui tout seul. Et pourtant qu'est-ce qu'il remue comme choses en moi. Le coup de la maladie contagieuse me fait repenser à la gêne que j'ai ressentie par rapport au fait d'être à table en face de tous ses potes. Finalement, c'est vrai que j'aurais pu un peu plus le coller. Ils faisaient pas attention à nous. Ils discutaient. Incluaient vaguement Vice quand il avait quelque chose à balancer à son tour. Et ils ont pas eu de regard bizarre quand la fille vulgaire est venue se poser à côté de Vice, et qu'il a commencé à la tripoter sans gêne.

- Mouais. Je peux faire un effort. T'as raison, tes potes s'en foutent, que je lâche en me rasseyant au bar.

De toute façon, ils ont certainement dû faire un peu attention à la minuscule bagarre dont Vice était à l'origine. Ce genre de bruit, ça attire. Y'a eu pas mal de mouvement, aussi.

- Toi aussi, tu fais chier. Mais je suis contente d'être là avec toi.

Autant lui faire part de mon petit sentiment actuel. J'ai gagné, par rapport à la pétasse. Il est plus assis sur la banquette à la tripoter, il est au bar avec moi. Je le regarde boire sa bière du coin de l'oeil. Mon verre à moi, je le tourne entre mes deux mains. Faut pas que je le siffle, sinon je vais finir comme la dernière fois. D'autant plus que je ne sais absolument pas quelle bière l'autre gars m'a payée. Si ça se trouve, c'est un truc trop fort pour ma carrure d'arbalète à chips.

- Alors la soirée va se résumer à discuter à table ? Ou vous avez prévu autre chose ? que je demande à Vice pour au moins un peu changer de sujet.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

Toute cette situation m'emmerde prodigieusement. C'est la première fois de ma vie que je connais une relation de ce genre. Qui ressemblerait à s'y méprendre à une relation de couple. Même si je n'ai aucune envie d'utiliser un mot pareil en sachant que je ne veux pas être en couple. Ce n'est pas mon truc. Et ça inclut des sentiments. Ce que j'ai, je dois bien l'admettre. Mais je n'ai pas le courage de le reconnaître. Pas devant elle qui ne cesse de mettre des murs et de la distance entre nous. Moi qui craignais qu'elle ne soit celle de nous deux qui tomberait dans les sentiments la première. Qui pensais qu'elle serait incapable de se contenter de sexe. Au bout du compte, c'est moi qui me retrouve comme un con dans cette histoire.

Evidemment ...

Et quoi ? C'est tout ? Elle se contente de ça, elle prend de nouveau place au bar pour s'occuper de son verre et tout est de nouveau super ? Je me comporte peut-être un peu comme une gonzesse mais j'espérais mieux. J'aurais préféré qu'elle ... je ne sais pas. Qu'elle réagisse. Qu'elle dise autre chose que ce qui ressemble à un simple "ok". Je viens clairement de lui taper une crise de jalousie là. Je ne sais pas si je suis soulagé ou frustré qu'elle n'y ait pas plus réagit que ça. Que ça ait l'air de lui faire ni chaud ni froid. Je soupire et marmonne dans ma barbe en prenant tout à fait place sur un tabouret.

J'en sais rien Jess. C'est pas suffisant ? Qu'est-ce qu'elle pense qu'on fait en soirée, sans déconner ? Qu'on danse ? Qu'on fait des jeux de société peut-être ? Il ne manquerait plus que ça tiens. En général ça se résume à alcool, drogue, musique et sexe.

good girl gone bad

Finalement, c'est pas si grave, ce qu'il vient de se passer. Je relativise, faut bien. Sur le moment, j'ai été vraiment choquée, parce que c'est la première fois que je vois Vice coller une droite à quelqu'un. Il m'a parlé de quelques fois où c'est arrivé, mais je ne parvenais pas vraiment à mettre des images sur ses mots. Et là... En plus, c'est ma faute. C'est pour moi qu'il a cogné ce type. Alors la flatterie que ça me procure, pour le coup, m'aide à avaler la pilule de son comportement bestial dont je suis moins fan.

Il grommelle encore en se rasseyant au bar. J'ai l'habitude, de ces bruits. Je les reconnaîtrais entre mille, pour tout avouer. Je sens que je l'agace, en essayant de changer de sujet. Quoi ? Il est pas content que je me montre détachée par rapport à la situation ? Il préférerait peut-être que je sorte les drapeaux de la non-violence que je prône d'ordinaire ? Le type s'en remettra, Vice le sait tout aussi bien que moi. Son orgueil, peut-être moins, mais ça, c'est pas notre affaire, de toute façon. Si j'ai accepté de me faire payer un verre par ce mec, c'était pas par simple courtoisie. Inconsciemment, j'ai certainement dû chercher à créer une réaction chez Vice. Ca a pas loupé. Non, vraiment, je suis flattée. Un peu vexée par rapport à ses retournements de reproches alors que c'est lui qui a commencé à m'ignorer, mais flattée.

- Si si, c'est suffisant ! que je me défends, toujours en faisant tourner la chope entre mes fines mains. "Mais bon... Je voudrais pas devenir insupportable si j'entre dans ton délire, tu vois ce que je veux dire ?" que je grimace en le regardant à peine.

Je veux pas reproduire la même erreur que la dernière fois, même si, à la base, je n'étais pas censée le côtoyer de la soirée. J'étais venue avec Sasha, et surtout à cause d'elle. Je n'avais rien à faire avec Vice, à cette fameuse soirée qui a fini en oubli de préservatif.

Un petit silence gênant s'installe entre nous après que Vice m'a répondu. Je bois une gorgée de bière, grimace encore. C'est vraiment pas ce que je préfère... Pourquoi j'ai pas demandé un cocktail, moi ? Tant qu'à me faire payer des verres comme me l'a souvent suggéré Sasha, autant prendre des trucs que j'aime et en profiter réellement.

- Je ne savais pas que tu étais du genre possessif avec tes jouets, je déclare au rockeur au bout de quelques instants.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

J'ai de plus en plus de mal à comprendre et à savoir où j'en suis vis à vis de Jess et de tout ce qui la concerne de près comme de loin. Ce soir plus que jamais, c'est la preuve que je suis de moins en moins indifférent en ce qui la concerne. Plus le temps passe et moins je supporte l'idée qu'un jour elle m'échappe. Il faut quand même dire que ça fait plus d'un an qu'on joue à ce petit jeu là tous les deux. Et de toute évidence, je suis un être humain comme tous les autres. J'aurais évidemment préféré que ça ne soit pas le cas. Pouvoir continuer de prétendre ne rien ressentir. Pour elle ou pour qui que ce soit d'autre. Mais je ne choisis pas apparemment. Je suis à peine en train de le découvrir. Et tout ça à cause d'une petite minette débarquée de je ne sais même plus où.

Jess qui ne réagit pas plus que ça alors que je viens quand même de cogner un type sous ses yeux et à cause d'elle. Je ne sais pas si c'est elle ou si c'est moi qui change le plus d'entre nous deux. Mais dans les deux cas il y a quand même une sacré évolution. Dont je ne prends conscience que maintenant en fait ...

Non, j'vois pas ... Et je suis sérieux. Je ne comprends pas ce qu'elle entend par là. Je ne vois pas où est le problème. Insupportable comment ? Elle entend certainement quelque chose par là. Mais quoi ? Il n'y a, en tout cas, rien qui m'inquiète véritablement dans l'idée qu'elle tente de me mettre en tête. J'ai tendance à toujours voir Jessica comme une gamine un brin trop innocente pour son bien.

Je laisse un ricanement m'échapper quand je la vois faire une petite grimace après une gorgée de sa bière. Il me semblait bien qu'elle n'aimait pas réellement ce genre d'alcool. Sans faire de commentaire pour elle, je fais signe au serveur pour qu'il rapplique et lui demande un cocktail fruité. Précisant d'alléger la dose d'alcool.

Mais c'est un autre genre de réaction que j'ai quand elle reprend la parole en mettant justement un sujet bien précis sur le tapis. Le genre dont j'aurais préféré ne pas avoir à parler. Même si je ne suis pas contre le fait qu'elle s'en rende compte. En fait, je ne sais plus du tout où j'en suis de tout ça. Je ne sais pas où on va et pourquoi je continue de foncer tête baissée alors que je sais que je vais m'y perdre pour de bon.

Bah j'savais pas non plus ... Que je réponds comme un gamin un peu boudeur. Faut croire que t'es plus que ça ... Ouais, autant avouer un peu plus simplement les choses. On ne va pas se mentir. Et je ne comprends pas qu'elle ne s'en soit pas rendue compte d'elle même depuis le temps que les choses évoluent en ce sens.

good girl gone bad

- Tu te souviens pas de la dernière fois ? Dans les toilettes... Enfin. Pas la bonne partie. L'autre, que je réponds d'un air un peu désolé.

J'ai pas envie de clairement lui rappeler, avec des mots, que j'ai pété un câble parce qu'il me considérait comme un jouet, et que ça me gênait par rapport aux sentiments que j'avais. Je me souviens plus exactement de ce qu'on s'était dit, mais j'avais souvent eu les larmes aux yeux. J'ose difficilement imaginer un possible changement depuis cet épisode-là. Est-ce qu'à l'époque il aurait cogné un gars qui m'aurait matée d'un peu trop près ? J'en doute. Pourquoi maintenant, alors ? Vice est décidément la plus grande de mes énigmes.

Pendant que je lance à Vice que je ne le savais pas aussi possessif avec ses jouets, je remarque du coin de l'oeil qu'il est en train de s'adresser au serveur en me désignant discrètement du pouce. Ouais... Moi aussi je veux bien quelque chose d'autre. Il a dû voir que la bière était pas ce que je préférais boire. Ma remarque a l'air de le toucher, puisqu'il me répond sur un ton un peu boudeur. Le genre que j'utilise moi, d'habitude. Vice ajoute que je suis peut-être un peu plus que ça, et là c'est moi qui me fige. Je fronce un sourcil. N'adresse même pas un regard au serveur quand il dépose devant moi quelque chose qui a l'air vachement plus délicieux que ce que j'ai dans les mains.

- Plus qu'un jouet ? Je vois pas... Peut-être... un plan cul régulier ? Ou alors, ça c'est déjà ce que je suis... je murmure, plus pour moi-même que pour Vice.

Je pars dans une réflexion intense, qui va sûrement l'énerver. Vice ? Prendre une fille pour plus qu'une amie ou un plan cul ? Ca me fait bien rire, j'y crois pas vraiment. Mais les preuves sont là, un minimum. C'est pas mal troublant, finalement.

- Ca me dérange pas, moi, si tu veux te transformer en chevalier défenseur, je fais avec un sourire malicieux.

On va quand même pas partir tout de suite dans les grandes conclusions... Surtout que je commence à avoir une sacrée boule dans le ventre.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

C'est quand on insiste pour tenter de me rappeler un truc que j'ai tout l'air d'avoir oublié, que je me rends compte que je devrais peut-être lever le pied quand il s'agit d'alcool. Parce que je ne me souviens pas de tout ce qui passe en soirée. Et plus elles sont alcoolisées, pire c'est. Alors la dernière soirée durant laquelle Jess a été là, je ne m'en souviens que par bribe. Je me rappelle relativement bien avoir eut une furieuse envie de défoncer le crâne d'un type qui la tripotait sous mes yeux. Et je me rappelle avoir eut du mal à la sauter ce soir là. Mais ça reste relativement flou.

J'me rappelle pas de grand chose Jess. Mais ça m'dit un truc ouais ... Je mens un peu. Maintenant, je me rappelle avoir quitté les chiottes dans un sacré état de nerfs. Mais de là à me souvenir précisément de la raison et du temps que ça a duré ...

En tout cas, je sais que ce n'est pas la première fois que je suis possessif comme ça. Sauf que ce coup ci, je suis allé un peu plus loin. Jusqu'à cogner ce type. Il l'a cherché en même temps. Il a reconnu avoir remarqué que Jess était avec moi.

Jess ... Je soupir, dépité, en levant les yeux au ciel. Je ne me supporte pas moi même en cet instant. Je veux qu'elle comprenne mais je ne veux pas qu'elle réfléchisse. Je veux qu'elle réalise des choses que je refuse de reconnaître moi même. C'est le gros bordel jusque dans mon cerveau et je n'arrive pas à classer tout ça pour que ça me semble plus logique et plus supportable. Et le pire dans tout ça, c'est cette sensation d'être en train de me livrer alors qu'en retour, je n'aurais jamais rien. C'est con. Je ne veux pas plus de sa part. Je ne veux pas d'une relation. Je ne veux rien de sérieux. Et pourtant je me prends au piège. Sans que la réciproque ne soit vraie.

J'affiche quand même une ébauche de sourire quand elle plaisante. Mais ne tourne pas la tête vers elle. Je préfère demander un verre de vodka pure. Avec l'alcool, tout passe toujours mieux. Et les pensées trop encombrantes disparaissent tout à fait.

N'en demande pas trop.

good girl gone bad

- On s'en fiche, va, je finis par assurer dans un léger sourire, finalement pas mécontente qu'il ne mette pas clairement le doigt dessus.

On n'est pas là pour remuer le passé. Je suis sûre que de toute façon, ce n'est pas du tout du genre de Vice... Ca serait plutôt le mien, ça c'est clair. Tourner tous mes souvenirs mille fois dans ma tête, je sais faire. C'est pas forcément bon, mais je peux pas m'en empêcher. Même si certains sont flous. Même si d'autres sont tristes. Ca tourne, ça tourne et ça me fait parfois faire de petites crises d'insomnie. Les erreurs, ça pèse.

Ouais, je m'en doutais. Il soupire sans gêne. Ca le fait chier, qu'on parle de trucs comme ça. Comme si ça ne me faisait rien de les ressentir... S'il savait. Enfin, je pense qu'il s'en doute. Mais qu'il ferme les yeux, juste histoire d'avoir un plan cul régulier sous la main pour quand il en a besoin.

- T'inquiète, je demande rien. Je prends ce que tu me donnes, c'est comme ça depuis le début. Et moi, à part mon corps, je te donne quoi ? je lui demande, cherchant bien son regard en fixant son visage.

J'ai bien remarqué qu'il me fuit. Qu'il marmonne dans sa barbe. Je finis par détourner les yeux, et me saisis du cocktail que Vice a commandé pour moi. Le verre n'est pas là pour décorer le bar.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

Je suis déjà à perdre un peu le fil de la conversation. Je ne sais plus tellement de quoi il est question. Si ce n'est qu'on parle vaguement de "nous". Le genre de "nous" qui me fait justement pas mal flipper globalement. Et qui aurait tendance à me mettre un peu mal à l'aise. Parce que je ne suis pas fais pour les trucs comme ça et parce que je n'ai pas du tout envie que ça change justement. Je ne sais même plus vraiment de quoi on parle tous les deux. De quelle façon les choses sont en train de tourner. Je ne pense pas avoir très envie de discuter de tout ça d'ailleurs. Parce que je crains la finalité. Je crains de réaliser que je suis sévèrement attaché à elle alors qu'à l'inverse, elle pourrait se débarrasser de moi sans que ça ne lui fasse ni chaud ni froid. Malheureusement, ce n'est pas impossible. Mais je m'en rends bien compte, c'est toujours ça.

J'en sais rien Jess. Pas grand chose.

Ou plutôt, beaucoup de choses. Je ne sais pas. Elle me donne beaucoup mais pas ce que, tout au fond de moi et sans vouloir clairement le reconnaître, j'attends. Quand on regarde bien, je passe mon temps à lui courir après. L'inverse ne se produit jamais en revanche. Ce n'est pas elle qui me contacte. C'est moi qui passe mon temps à le faire. Pour l'inviter ici ou là. Pour lui proposer une soirée ou n'importe quoi d'autre. A vrai dire, la seule fois où elle a voulu faire un truc pour moi, elle a débarqué en petite tenue alors que j'étais occupé. Peut-être que ça l'a refroidie pour de bon ?

J'ai envie de partir de là. Je soupire finalement en observant la salle. Les gens qui continuent de s'amuser alors que je ne partage déjà plus ce sentiment là. Que j'ai juste envie de rentrer me terrer chez moi.

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Le "pas grand chose" que Vice me lâche d'une voix lasse a pour effet de m'achever totalement. J'avais un léger espoir, en voyant qu'il a mis une droite à un mec en voulant montrer sa possession. Mais qu'il me réponde que je lui donne pas grand chose à part mon corps me remet clairement à ma place. Je soupire silencieusement. Ne réponds rien. Que répondre, de toute façon ? Il ne me regarde même pas. Je tourne mon visage vers mon verre. Je bois une gorgée. Puis deux, puis trois. Quatre, cinq. Jusqu'à ce que Vice me lance qu'il a envie de se barrer d'ici. Pourquoi il réagit comme ça, alors que c'est lui qui a commencé à gâcher la soirée en se laissant ouvertement draguer par une nana alors qu'il m'a bien fait comprendre que ce soir il était... pour moi ? Avec moi ? J'en sais trop rien. Je sais plus comment me comporter avec lui. Peut-être que je devrais recommencer comme au début. Lui courir derrière. Le gaver. Qu'il m'abandonne à tout jamais, que je puisse l'oublier.

- Ouais. Fais ce que tu veux, je peux rentrer seule si tu veux plus de ma compagnie pour ce soir. Sinon, allons-y. J'aurais préféré m'amuser un peu, mais bon...

Mais je crois pas que je pourrai oublier mon premier vrai amour ressenti, et surtout pas ma première fois. Vice aura tout défoncé de ce côté.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

Je suis complètement paumé dans tout ça. Dans tout ce qui concerne directement Jess. Je n'ai jamais eus à gérer une relation de ce genre. S'il s'agit réellement d'une relation. Ce dont je ne suis même pas certain moi même ! Tout ce dont je suis absolument sûr et certain, c'est que je n'ai aucune envie de la perdre. En temps normal, j'aurais vite mis fin à tout pour ne pas m'emmerder plus longtemps. Mais il s'agit de Jess. De qui je ne suis que trop attaché depuis pas mal de temps maintenant. Il suffit de voir depuis combien de temps cette histoire dure, pour comprendre qu'un truc ne tourne pas rond pour moi. Le souci véritable dans tout ça, c'est qu'elle même ne m'aide pas beaucoup. Je ne peux pas y voir plus clair alors que je ne sais même pas ce qu'elle fait ou ne fait pas pour moi. Ce qu'elle ressent ou ne ressent pas.

Jess ... Je soupir d'un ton las et nerveux à la fois. J'ai trop de mal à la comprendre et à la suivre. Elle se force à venir à une soirée pour me faire plaisir mais me montre bien qu'elle s'emmerde. Et surtout, que le fait que je sois trop proche d'elle lui pose problème. A croire que j'ai la rage et qu'il ne faut surtout pas me toucher. Comme d'habitude, nous tournons juste en rond. Va t'amuser alors. J'attendrai.

Parce que je n'ai pas l'impression qu'elle ait envie de s'amuser avec moi. Elle s'est crispée quand j'ai osé me coller à elle à la table un peu plus tôt. Mais n'a pas hésité à se laisser draguer par un autre. J'imagine que le problème c'est définitivement moi. Alors je fais demi tour pour quitter la boîte. Avec la ferme intention d'aller patienter dehors pour me griller une clope ou deux en l'attendant. Si vraiment elle a besoin de moi pour la ramener. Parce qu'elle est bien partie pour se trouver un autre blaireau à qui faire tourner la tête pour se barrer avec lui.

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- Mais je... ai-je à peine le temps de commencer alors que Vice quitte le tabouret du bar sur lequel il était assis, à côté de moi.

Evidemment, il ne s'arrête pas. Il ne m'a sûrement pas entendue. J'ai l'impression de parler chinois, depuis tout à l'heure... Et je comprends pas ce que Vice cherche depuis ce soir. Il m'amène ici en étant d'une excellente humeur, nous sommes très complices, puis cette fille se ramène et se met à le draguer. Lui ne résiste pas, c'est sa nature après tout. Et ne comprend pas non plus que je me mette à ressentir de la jalousie. Merde quoi, il est venu avec moi, et je suis pas là pour le regarder en tripoter d'autres, et de bien plus vulgaires que moi... Alors je quitte la table en pensant l'emmerder, puis ce mec vient me payer un verre. Vice le voit par je ne sais quel moyen, frappe ce gars soi-disant "pour moi", et fait la gueule. Qu'est-ce qu'il veut, à la fin ?

Je reste quelques minutes à regarder mon verre. J'espère que Vice n'est pas parti. J'appelle le serveur et lui demande un gobelet pour transvaser mon cocktail. Je ne sais pas si j'ai le droit de sortir avec un verre mais dans le doute je préfère prévoir le coup. Une fois que c'est fait, je me dirige vers la sortie, croisant les doigts pour que Vice soit encore là. Je regarde directement dans le sens de la rue, vers le parking. Sa voiture n'a pas bougée. Je pivote sur moi-même, le cherche des yeux. Il est un peu plus loin contre un mur, en train de fumer. Un soupire de soulagement s'échappe de mes lèvres alors que je me dirige vers lui.

- J'ai eu peur que tu sois parti, je lâche en souriant timidement quand j'arrive à sa hauteur. "Tu sais, c'est pas sans toi, que j'ai envie de m'amuser..." je lui avoue en me rapprochant de son torse, pour glisser ma main dans son dos, prenant bien soin d'éviter une brûlure de cigarette. "Je pensais que tu l'avais compris."

Nouveau sourire. Peut-être que je ne lui montre pas assez que c'est pour lui plaire que je fais tous ces efforts, bien loin de mes livres et de ma chambre douillette.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

Plus le temps passe et moins je comprends Jessica. Je ne sais vraiment pas comment ça tourne dans son esprit. Mais ça ne semble pas être dans le même sens que dans le mien. Ce qui explique pourquoi nous avons autant de mal à nous comprendre tous les deux. J'ai pourtant toujours l'espoir de voir les choses prendre une meilleure tournure à un moment ou à un autre. Sans trop comprendre ce à quoi je m'attends, moi même ... Peut-être juste le fait de n'avoir plus à trop réfléchir comme je n'ai de cesse de le faire depuis quelques temps. Tout ne se fait plus de façon aussi simple et naturelle. Et ça a plutôt tendance à me frustrer pas mal.

Alors lâchement, sans doute, je prends vaguement la fuite. Juste pour sortir prendre une bouffée d'air frais. Et de tabac au passage, puisque je sors tout de suite une clope que je coince entre mes lèvres. Je ne suis pas un gros fumeur. Mais quand je suis paumé et nerveux comme c'est le cas ce soir, je suis incapable de résister à l'envie d'une clope. Jambe repliée, pied posé contre le mur, je suis perdu dans mes pensées quand la voix de Jessica s'élève non loin de moi. Je tire une nouvelle latte sur ma clope en relevant la tête pour poser les yeux sur elle. Qui m'offre ce putain de sourire timide qui me fait flancher à tous les coups. Ce n'est pas humain de faire autant d'effet à quelqu'un. C'est sans compter sur ses mots qui font battre mon coeur beaucoup plus vite.

Le trouble me saisit pour de bon quand elle s'approche et glisse un bras dans mon dos. Je suis tout bonnement incapable de demeurer froid et immobile. Cigarette coincée entre mon index et mon majeur pour la maintenir bien en place et éviter de la brûler quand je bouge, j'enroule mes bras autour d'elle. Ce n'est clairement pas mon genre de me laisser aller à ce genre de geste là. A une telle tendresse. Pourtant, je ne me fais pas prier du tout pour la serrer contre moi. C'est sans doute même la première fois que je le fais. Je la serre. Fort. Mon visage qui se perd dans ses cheveux blonds. Comme si j'étais en train d'essayer de trouver un semblant de réconfort auprès d'elle. Je ne sais pas réellement ce que je suis en train de faire en vérité. Mais j'ai envie et besoin de ça. Et qu'elle me rende mon étreinte, surtout. Je n'ai pas grand chose à ajouter, verbalement. Depuis le temps, je ne comprends pas qu'elle n'ait toujours pas pigé que je ne suis pas capable d'interpréter ses agissements. Si elle ne me dit pas clairement les choses, j'interprète à ma façon.

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J'ai pas tellement l'habitude de voir Vice fumer, quand j'y pense. Mais ça ne me choque pas plus que ça, en le voyant dehors. Ca m'est déjà arrivé de l'observer faire. Jamais chez lui, cela dit. Ou en tout cas, il n'a pas fumé en ma présence. Peut-être qu'il fait ça pour se calmer là tout de suite. Ou qu'on lui en a proposé une quand il est sorti, je sais pas.

Je m'approche de lui en souriant, pour lui faire comprendre que je ne lui en veux pour rien du tout. Pas même pour la gonzesse qu'il a draguée sous mes yeux. En ayant en même temps sa main sur ma propre cuisse. Je pourrais lui en vouloir toute la soirée, le traiter de beau salaud, et chercher à rentrer chez moi pour l'oublier, mais je n'en fais rien. C'est Vice, j'ai l'habitude de son comportement, même si ça me fait parfois un peu mal. Et je ne peux pas vraiment lui en vouloir, nous ne sommes pas un couple. Il ne me doit rien.

C'est les sourcils haussés comme pas possible que je me laisse étreindre, après lui avoir déclaré que je ne voulais pas m'amuser sans lui ce soir. J'ai pas du tout l'habitude de ce genre de gestes, de sa part. Je crois même qu'il ne m'a jamais vraiment étreinte... Pas comme ça, en tout cas. Pas en nichant son visage au creux de mon cou, dans mes cheveux lâchés. Pas sans se coller à moi de façon lascive. Mais j'apprécie. C'est presque comme de m'avouer que j'attendais que ça de sa part depuis qu'on se connaît. C'est le genre de choses que font les gens... amoureux ? Ou du moins qui tiennent l'un à l'autre.

Prenant bien garde de ne pas renverser mon gobelet dans le dos de Vice, je lui rends son étreinte sans ménagement. Mon visage est collé contre son t-shirt. Je suis tout à fait entourée de sa chaleur, de son parfum. Je crois que je ne l'ai jamais senti de façon aussi claire. Les seuls mots qui me viennent à l'esprit, là tout de suite, sont une myriades de "je t'aime" tous plus niais les uns que les autres. Mais c'est Vice. Et je dois me taire. Le temps que ça passe. J'essaie de me concentrer pour ne rien dire, juste apprécier. Je sens que si je dis le moindre mot, ça va me retomber dessus...

Au bout d'une minute à tenter de retenir ce qui tournoie dans ma tête, je me laisse aller. Les pensées s'en vont, je soupire silencieusement. Je souris, perdue contre lui.

- Je t...

Mes yeux s'ouvrent grand, avant que je ne commette ce que je qualifierais d'irréparable, et je me tais, choquée de mon cerveau trop bête. Ca y est, je me laisse aller, et lui se permet de faire sortir des trucs de ma bouche sans que je le veuille ?

- ... Tu sens bon, je trouve que tu sens bon, je finis par lâcher après une seconde qui m'a parue être une éternité, toujours collée à Vice.

(c) AMIANTE

Good Girl.

Jessica & Vice

J'ai beaucoup de mal à comprendre Jessica. Mais c'est le cas depuis le premier jour alors je ne vois pas bien ce que je peux faire pour changer la donne. Sans doute rien du tout. A quoi bon ? Je ne pense pas que le but de tout ça soit de se comprendre à tous les coups. Même dans les couples, ils ne se comprennent pas forcément toujours. Enfin je pense. Dans le fond je n'en sais trop rien. On ne peut pas dire que j'ai eus beaucoup d'exemples au cours de ma vie. Mais je crois sérieusement que Jess va finir par me coller de drôles d'envies. De celles que j'ai toujours préféré faire taire pour des raisons plus ou moins évidentes.

Avec tout ça, même si je suis perdu et même si je n'y comprends rien du tout, je ne peux m'empêcher de refermer mes bras autour d'elle et de l'attirer à moi pour la serrer fort. Je ne suis pas quelqu'un de tactile en temps normal. Mais encore une fois, tout est différent quand c'est Jess elle même qui entre en ligne de compte. J'ai une furieuse envie de l'avoir ainsi contre moi. Comme si je cherchais un certain réconfort entre ses bras. Et le moins que l'on puisse dire au vu de la force qu'elle met à me rendre cette étreinte, c'est qu'elle ne se fait pas prier pour accepter ce geste de ma part. En plus de son parfum délicat dont je me gorge avec bonheur, j'ai droit à son souffle chaud qui me caresse à travers le tissu de mon tee shirt.

Quand elle reprend la parole, je ne bronche pas tout de suite. Parce que je ne réalise pas tout de suite ce qu'elle a faillit dire. C'est son silence qui me met la puce à l'oreille. Qui s'éternise assez pour que mon coeur s'emballe. J'ai compris. Je ne suis pas complètement idiot. Comme je comprends sans mal qu'elle ne me dira pas la suite. Pour des raisons toujours aussi évidentes. Il est question de moi quand même. Je ne suis pas celui que l'on aime au premier abord. Et il préférable de ne pas s'attacher à moi ! Mais ça fait partie de toutes les choses qui changent à son contact.

Je tu sens bon aussi. Que je rétorque, moqueur. Pour tenter de détendre l'atmosphère. Et je niche un peu plus confortablement mon visage au creux de son cou. Dans le même temps, je balance ma clope au loin pour pouvoir poser ma main à plat sur son dos. Dis-le Jessica ... Et je suis le premier surpris de cette requête. Étonnante de ma part, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais j'ai envie et besoin d'entendre ces mots là. D'en avoir le coeur net, tout simplement.

good girl gone bad

J'ai toujours les yeux grands ouverts. Je regarde l'attroupement de gens devant l'entrée du club, mais sans vraiment les voir. J'ai l'impression d'être seule au monde avec Vice. A qui j'ai failli avouer que je l'aime. Conneries... Et puis ? Si jamais je lui dis ? J'aurais juste tout perdu. Ca devient rageant de me taire et de faire semblant que je ne suis absolument pas attachée à lui, mais j'ai aussi parfaitement conscience qu'il ne veut pas d'une telle chose entre nous. Si j'ai un doute, un jour, je n'ai qu'à me rappeler la dernière fois qu'on s'est retrouvés en soirée tous les deux. Un vrai fiasco.

Il se moque de moi, je souris, referme mes yeux. Je me détends à nouveau, pensant qu'il n'a pas compris ce que j'ai, en réalité, voulu dire. Mais c'est Vice, et même si parfois je suis un peu difficile à suivre, il n'est pas bête. Il a compris, je le sens quand il m'ordonne de le dire. J'ai un choix à faire, et pas des moindres. Ou je lui dis, ou je fais mine de ne pas comprendre de quoi il parle. Dans le premier cas, je risque à la fois de me ridiculiser, de me prendre un mur, et de perdre Vice. Une sale combinaison de possibilités. Dans le second cas, je risque de l'énerver, de me prendre une rouste, et de le perdre aussi. Ouais, en fait, je suis complètement fichue. Je peux toujours partir en courant et prier pour qu'une voiture passe à cet instant. Avec un peu de chance je me ferai renverser, et je finirai dans le meilleur des cas à l'hôpital, à ne pas devoir dire ce que je n'ai, finalement, plus tellement envie de dire. La présence de mes parents éloignerait même Vice pendant un bout de temps. Un plan délicieux que voilà...

Mais j'ai pas envie de me faire renverser, moi. Pourquoi Vice me demanderait de le dire si ce n'est parce que c'est ce qu'il veut entendre ? Il le ferait pas pour me rabaisser... si ? Il pourrait s'abaisser à ça ? Un aveu pareil prononcé dans un t-shirt, c'est aussi moche que de le cacher. Je suis folle. Voilà, je m'écarte de lui et pose ma main libre sur sa joue droite. Je plante mes yeux dans les siens. Je cherche en moi ce qui me reste de courage pour réitérer ce qui a failli sortir sans que je ne le contrôle. Tant pis si ça foire... Je pourrai avancer. Mon premier amour aura été à sens unique, mais fort en émotions. On peut faire bien pire.

- Je t'aime, Vice. Fait chier, pardon.

J'ai une espèce de sourire, pendant que je parle. Un truc qui ressemble à de la fierté. Mais aussi à une gêne incommensurable. Je m'attends tellement au pire.

(c) AMIANTE