(NOM) Ó Súilleabháin, c'est un empire déchu qui pèse trop lourds, un royaume à reconstruire, quelques mots qui font survenir l'odeur de la crasse, le craquement sinistre qui annonce la mort. Un nom irlandais qu'on prononce en crachant, les lèvres déformées de rage ou de mépris, qu'on ne soupir pas dans un élan d'admiration. Fier d'en être le porteur, il sait pourtant trop bien que c'est comme une malédiction jeté sur les corps qui s'animent avec ce fardeau sur le dos,à qui flanchera le premier sous son poids.
(PRÉNOM) Baxton, il a oublié. Baxton, c'est un passé qui porte le visage d'un ado, la naïveté encore au creux des reins et au fond des yeux. Baxton il avait pas encore croisé l'Enfer, il espérait pas grand chose de cette vie d'merde pourtant. Il a juste cru qu'il réchapperait à finir comme sa
pute de mère. Histoire banale qu'on peut murmurer dans l'Bronx. Puis il a préféré rayer quelques lettres, qu'on hurle
Bax ou qu'on le murmure, il s'en branle. Il serre les dents si on lui rappelle que c'est qu'un surnom, qu'on rouvre une plaie qu'il a pas envie d'écouter. Le pouvoir d'un nom, d'un mot, Bax connait trop bien, c'est parfois plus douloureux qu'un poing qui dérape contre un os.
(ÂGE) 39 années qui commencent déjà à peser mais qui l'ont doté d'une patience sans fin. Il sait attendre Bax, longtemps, sans se lasser. Il s'fiche des dégâts du temps sur sa gueule, c'est son âme qui devient lourde de secrets, cette impression d'avoir vécu dix vies, dix vies d'merde qu'il tente même plus d'oublier. Ses mains sont tatouées de bien plus de sévices que ne l'affiche son âge, de bien plus de conneries et d'abus.
(DATE ET LIEU DE NAISSANCE) 25 mars 1978, peu de gens le savent, il s'fiche de ce jour où sa mère l'a sortit de son bide dans un New-York déjà à moitié contrôlé par les irlandais. C'est son existence qui a fait l'effet d'une balle dans l'coeur à celle qu'il refuse d'appeler mère, qui l'a longuement tuée jusqu'à ce qu'elle en finisse d'elle-même, le maudissant encore, encore, assez pour qu'il souvienne encore de ses hurlements accusateurs, du bruit de ses ongles raclant les murs ou peut-être sa peau ?
(OCCUPATION OU ACTIVITÉ) L'encre d'années passées sur le terrain gronde encore au fond de sa tête, ça cogne doucement pour lui rappeler gentiment qu'il a fait des trucs sales pour le prédécesseur d'Ambrose, une enflure qu'il a prit le temps d'éliminer sans même lui foutre la fourchette au fond de la gorge. Des jours cramés à faire le sale boulot pour un clan qui partait en lambeaux, des balles perdues dans des crânes d'innocents. Il a vu les yeux de salopes innocentes se ternir simplement parce qu'on lui avait demandé. Du sang écoulé pour rien. Quand Ambrose a reprit la couronne, Bax n'a rien dit, à peine un sourire esquissé alors que toute son âme hurlait de vengeance.
De larbin, il est passé bras droit avec l'amertume qui va avec, de devoir gommer de la carte le seul qu'il a pu voir comme le boulet qui le retenait au sol, qu'il a bien souvent empêché de vriller. Pour l'instant, c'est juste lui qui s'occupe de recruter, de dire oui ou non, d'éclater des nez si l'envie lui prend, d'organiser et de bouger ses pions avec la patience d'un joueur d'échec.
(NATIONALITÉ) Américain depuis bien longtemps, ça le rempli pas de fierté, il a même du mal avec la plupart de ses congénères, vomit leur mentalité mais ici ça restera son pays.
(ORIGINES) Irlandais, ça s'entend pas, ça ne se voit pas et il s'en porte mieux comme ça.
(STATUT CIVIL) S'poser ça a jamais été pour lui, il s'en fiche Bax des femmes et de leurs espoirs de vie confortable, il est loin des rêves ordinaires. Il baise parce qu'il le faut, les rayent de son horizon quand elles servent plus, parfois ça dure une semaine puis deux puis il se focus sur une autre. C'est un cercle qui lui va bien et qu'il ne compte pas changer. Parce que ça fait vingt ans, vingt ans qu'il désir sans prendre, que plus que son cœur, son âme se noie pour un bijou qui prend trop d'place dans son existence, qu'il gère sa vie comme un père et avec la froideur d'un protecteur. Elle ne sait pas, ne sait rien, ne saura jamais parce qu'il se tait, parce qu'il n'espère pas. L'espoir, le plus tueur des poisons.
(ORIENTATION SEXUELLE) Il s'est jamais posé de questions sur sa sexualité. Comme un truc écrit au fond de sa peau,
il aime les femmes, les regardent, les admirent, les méprisent avec tendresse. Ce sont des corps jolis à mater, moins à garder près de soi.
(DATE D'ARRIVÉE AU PARKING) Ça date trop pour qu'il se souvienne de la date mais il traîne dans cet immeuble qui pue le luxe de la misère depuis un moment.
(GROUPE) De ceux qui vivent.
« Le sage assure sa survie avant de l'apprécier. Le fou meurt en l'appréciant. »
(Quand et comment avez vous emménagé au Parking ?) Il crèche ici depuis qu'il est en âge de vivre seul, il a vu jaunir les murs comme il a vu les fissures se créer çà et là sur le sol d'un immeuble délabré. Il est arrivé avec les traits d'un gamin ressortant avec la gueule démontée d'un gars qui scalpe des gueules avant de rentrer dîner. Puis y'a eu l'ombre de feu qui l'a rapidement suivi, le traçant d'abord comme un boulet accroché la jambe, peau pâle d'une main d'enfant sans cesse accrochée à son jean jusqu'à ce que la main se détache, que le corps s'écarte, plus élancé, démarche de gamine et insultes rieuses. Il passe peu de temps dans l'appart depuis, délaisse ou fuit peut-être une Némésis un peu trop collante quand elle veut.
(Que pensez-vous de l'immeuble et vos voisins ?) Il connait que peu de personnes, n'est pas du genre à traîner trop longtemps dans les fêtes qui célèbrent les voisins parce qu'il se fiche bien de qui crève ou meurt ici, des commérages qui circulent, des passions qui animent chaque corps de ce bloc de briques et de béton. Il n'aime ni ne déteste l'endroit, il y vit parce qu'il lui faut un toit, parce que c'est là qu'il a décidé de vivre et de faire son nid, sans s'y sentir plus en sécurité que ça. Sûrement qu'il restera pas là un temps infini de plus lorsqu'il aura achevé son tableau dans le clan.
(Quelle est votre réputation au sein du quartier ?) On ne cerne pas grand chose et quand on croit le cerner, on se rend compte que y'a toujours plus à comprendre ou qui soulèvent d'autres questions. Voulu ou pas, il s'en satisfait sans broncher. Bax c'est le type qui traîne dans les couloirs, parle rarement, gronde, grogne avant de revenir à une attitude plus civilisée, plus « humaine ». On frôle pas les murs en le croisant pourtant, certaines offrent un sourire auquel il répond ou pas, un coup de tête en signe de salut, des regards emmêlés mais rien de plus. Il se fait discret dans l'immeuble, se fait ombre parmi les ombres, bruyant dans son silence, il fait pourtant partie du décor depuis assez longtemps pour qu'on sache à quel étage il crèche et avec qui. Les rumeurs courent sur lui, font écho, lui reviennent souvent aux oreilles mais glissent sans qu'il ne cherche à les démonter. Les gens parlent et parleront encore, qu'ils soient dans le vrai ou non, ici il craint pas grand monde à part son propre clan et celui qui le tient d'une main de maître.