Construite en 1951 dans le Bronx, la résidence des Lilas fut le fruit de l’imagination des promoteurs immobiliers exaltés par la fin de la Guerre et persuadés qu’un jour, même dans le Bronx il ferait bon de vivre. Bâti de petites briques rouge si typiques des Etats-Unis, le colossal bâtiment érigé au beau milieu d’un quartier pauvre du Burroughs ne connut finalement jamais la gloire espérée : bien vite les murs au papier-peint immaculé furent colorés par les mots doux des petits voyous désoeuvrés et les rampes d’escalier en chêne massif usées par les mains crasseuses. Oui, le bâtiment aurait pu connaître une vie meilleure mais c’était sans compter ses habitants qui le renommèrent bien vite, du fait du fort turn-over chez ses locataires.
Si la résidence des Lilas n’avait finalement rien de plus que les autres immeubles du quarter, ses occupants furent quand à eux un véritable pot-pourri de cultures et origines ! Si certains locataires s’y installèrent pour de bon, d’autres défilaient sans jamais réellement prendre le temps de découvrir leurs voisins, provoquant par ailleurs la méfiance des résidents de longue date n’ayant de toute manière ni le temps ni l’envie de faire connaissance avec ces locataires éphémères. Des voisins de passage se garant par ci par là avant de disparaître dans la nature sans laisser d’adresse. Car il faut bien l’avouer, au fil des années les anciens ont appris à se connaître, à s’aimer ou encore se détester formant peu à peu un véritable microcosme limité au bâtiment. Un univers à part régi par des règles implicites qu’aucun n’oserait braver. L’ambiance au sein du Parking ? Cette dernière est bien difficile à décrire tant les locataires s’opposent entre ceux qui rêve d’un avenir meilleur, ceux qui profitent simplement de leur vie ou encore ceux qui peinent à garder la tête hors de l’eau. Malgré toutes ces disparités, un seul et même sentiment demeure : leur appartenance au Parking.
Rebecca Lincoln était paraît-il une belle jeune femme quand elle s’installa au Parking en 1971, louant un appartement du premier étage pour accueillir la demi-douzaine d’enfants sous sa garde de nourrice. Avait-elle conscience alors que jamais plus elle ne quitterait les lieux et s’en prendrait une telle affection qu’elle en deviendra bien des années plus tard la Concierge ? Probablement pas et pourtant, aujourd’hui elle fait pratiquement partie des meubles et si elle sait se montrer trop curieuse et parfois même imposante dans la vie des locataires, elle n’en demeure pas moins généreuse et droite dans ses engagements. Mieux vaut néanmoins éviter d’être dans son collimateur, cette femme a plus d’un tour dans son sac et des sales voyous, elle en a déjà maté plus d’un !