Adriel, c'est le gosse d'un trafiquant d'armes qui ne cherchait pas à fonder une famille. Mais bien à avoir un garçon pour le former à sa sauce et lui mettre entre les mains, les rênes de "l'entreprise familiale". Son paternel, c'est un type franchement amoureux de sa nana. Celle que tout le monde convoite mais sur laquelle personne n'a le droit de poser les yeux. C'est sa femme, son âme soeur, un peu son objet. Tout le monde sait qu'il l'aime et que si quelqu'un lorgne trop dessus, il fini avec une balle entre les deux yeux. C'est un mec pas commode du tout. Tellement pas, que tout le monde le respecte beaucoup trop pour lui faire la moindre crasse. La façon qu'il a d'élever son gosse ne fait même pas jaser. Si Adriel ose envisager un métier autre que celui qu'il lui a choisi, pour son avenir encore lointain, il se prend un poing dans la gueule. Si Adriel parle mal à sa mère, c'est le pied qu'il reçoit dans la tronche. Si Adriel fait trop de bruit, tousse à cause des clopes de son père, prend trop de temps pour faire un truc, ou même semble un peu trop s'amuser, il a droit à une sacré torgnole. Il n'a pas vraiment le droit d'être heureux en fait. Son père veut juste qu'il se concentre sur son avenir. Et il n'en voit aucun autre que celui qu'il lui prévoit. Un jour il prendra sa place. Alors il n'a d'autre choix que de l'élever à la dure. Il faut qu'il soit aussi monstrueux que lui plus tard. Aussi froid, insensible, manipulateur. L'innocence qui va avec l'enfance, il n'a pas vraiment connu. Il a toujours baigné dans toutes ces merdes et a toujours participé aux réunions bizarres de son père. C'est donc bien normal qu'il commence à bosser pour lui, de façon plus ou moins importantes, dès qu'il entre dans l'adolescence. On commence par lui faire vendre une arme à un gosse au collège, qui finira par descendre ses propres parents quelques jours plus tard. Et on fini par le faire diriger une importante vente à seulement dix sept ans. Malheureusement, une vente qui finira mal. Parce qu'une taupe a mouchardé. Parce qu'on la lui fera finalement à l'envers.  

Son père l'a balancé. Les flics lui tournent trop autour depuis quelques temps. L'étau se resserrant peu à peu autour de lui, il préfère donner le nom de son fils plutôt que d'avouer être celui à la tête d'un sacré réseau. Adriel est mineur, il s'en sortira avec une toute petite peine de rien du tout. Enfin ça, c'est seulement s'il accepte de faire profil bas et de confirmer tout le baratin que son père a débité à sa place. Mais c'est sans compter sur le sale caractère du môme. Il déteste son père. S'il a accepté de bosser pour lui, ce n'est que pour le fric fou qu'il se fait déjà. Et parce qu'il ne connait que tout ce merdier de toute façon. Bref, il hait encore plus son père pour ce coup bas. Il ne voit pas ça comme un test ou une merde de ce genre. Juste comme un coup bas de trop. Il prend finalement un malin plaisir à donner une liste de noms et de fonctions. Il balance un max d'info aux flics qui finissent par lui offrir une porte de sortie en échange. On lui offre une certaine surveillance durant quelques temps, puis un billet d'avion. Il se tire aussi loin que possible. Direction le sud des Etats-Unis où il s'installe pour tout recommencer.  Il rejoint un gang sans aucun mal. De nouveau, il est dans les sales affaires. Il ne connaît que ça et, franchement, il adore. Tant qu'il se fait du fric, forcément ... Il commence en bas de l'échelle, en tant que dealeur.  Il ne vend pas trop mal, mais ce n'est pas son domaine de prédilection. Ses "supérieurs" s'en rendent compte quand il passe à tabac un type qui a tenté de voler un max de marchandise. On lui offre des missions plus périlleuses, plus à son goût. Il deviendra vite le gars qui règle les comptes. Qui fait peur, qui tabasse les mauvais payeurs et la concurrence. Il est respecté de tous et craint par pas mal de monde. En 2012 il gagne une place plus près encore, du chef de la bande. Du vrai trafiquant. Celui qui est à la tête de tout ça. Pour l'occasion, il rejoint le Mexique où l'autre est installé. L'espagnol, il a apprit à le maîtriser depuis son arrivée aux states. Ce n'est déjà plus un problème quand il arrive dans ce nouveau pays.

Le Mexique, ça représente aussi une certaine rencontre. Celle de cette fille. Elle est jolie. Elle ressemble à un ange. Elle n'a pas l'air de ce monde du tout. Il pourrait passer des heures à la regarder. Simplement ça. Installé en terrasse d'un café, il l'observe soir après soir. Elle dégage vraiment quelque chose de fou. Elle n'a rien à voir avec les femmes qu'il fréquente d'ordinaire pourtant. Mais c'est peut-être ce qui la rend aussi attirante à ses yeux. Ce qui peut sembler le plus étrange  dans tout ça, c'est qu'il ignore lui même s'il veut aller l'aborder ou non. Il a trop peur de briser un truc. Comme s'il s'agit là d'un rendez-vous qu'il a avec un ange. Mais ce sont finalement deux crétins qui vont inconsciemment décider pour lui.  Il aurait pu détourner le regard et faire mine de n'avoir rien remarqué, s'il s'était agit d'une autre personne qu'elle. Mais c'est justement elle. L'ange qui le fascine au point qu'il prend la peine de venir régulièrement dans ce café, simplement pour l'observer. Elle et son regard rêveur. Elle et son corps frêle qui semble flotter. Elle a une façon d'évoluer dans la rue, qui le rend dingue et l'obsède. Alors finalement, il intervient. A sa façon, c'est vrai. Mais au moins, elle est hors de danger grâce à lui. Et ne se méfie donc pas de lui quand il lui propose de l'héberger pour qu'elle soit en sécurité. Ce qui aurait du ne durer qu'une nuit ou deux tout au plus, s'étend finalement sur une année. C'est une relation atypique et loin d'être de tout repos, qui s'installe entre eux.  Sans s'en rendre tout à fait compte, ils deviennent dépendants l'un de l'autre. Si ça semble assez évident en ce qui concerne la jolie Eden, ça l'est beaucoup moins du côté d'Adriel. Il a toujours été seul. Il ne fait confiance à personne. Il est indépendant. Personne n'a jamais vraiment compté pour lui. Mais pas elle. Elle, elle devient sa drogue sans qu'il ne le réalise. Ca le rend malade de savoir qu'elle voit d'autres hommes.  Il la veut rien qu'à lui. Elle lui appartient. Et pourtant, il suffit que cette idée lui traverse l'esprit, pour qu'il la trouve stupide. Ils ne peuvent pas juste être l'un et l'autre, ensemble, sans personne d'autre. Etre un couple ? Et puis quoi encore !?

Et puis un beau jour, elle n'est plus là. Elle disparaît, juste comme ça. Aucune explication. Sans le prévenir. Il ne sait pas vraiment beaucoup. Mais il n'est pas idiot au point de ne pas comprendre qu'elle en a eut assez. Ils ont trop tiré sur la corde. Ils se sont épuisés. Ou plutôt, elle s'est épuisée. Elle n'a sans doute plus été capable de continuer ainsi. De rester dans son monde fait de violence, de sang, de trafiques. Elle est en danger à ses côtés, c'est évident. Plus encore depuis qu'elle se déplace sans cesse avec lui. Qu'il l'implique dans ses sales affaires, de façon plus ou moins consciente. Elle n'a sans doute jamais été faite pour une vie de ce genre. Il ne s'est pas posé la question jusqu'à ce qu'elle parte. Et il continue de s'en foutre. En fait tout ce qu'il veut, c'est elle. Même s'il tente de faire mine de rien au début. Il veut faire croire que son absence lui fait ni chaud ni froid. C'est du pur mensonge bien sûr. Et il ne lui faut que deux petites semaines, avant de se décider à la retrouver. C'est plus fort que lui. Elle lui appartient. Il pourrait prendre deux minutes pour réfléchir et se demander s'il ressent de véritables sentiments pour elle, ou si c'est juste parce qu'il refuse qu'elle lui échappe. En tout cas, ça le rend malade cette absence. Et quand il retrouve sa trace, il prend à peine le temps de prévenir ceux avec qui il bosse. Il ne prépare pas non plus tout à fait son arrivée. Il se contente de prendre un billet d'avion. C'est au dernier moment qu'il parle de ses projets. Il compte s'établir à New-York. Il ne sait pas si c'est l'affaire de quelques jours, quelques mois, quelques années, toujours. Il ignore si elle compte rester dans la ville américaine. S'il peut la convaincre de revenir avec lui. Il ne sait même pas si c'est pas juste trop con de vouloir la retrouver. Il ne sait même pas pourquoi il le fait. Si ce n'est qu'il en a envie. Qu'il a besoin de la retrouver. C'est devenue une véritable obsession. Ca le rend dingue. Ca lui fout les boule. Il a même tendance à se défouler un peu plus sur les gars qu'il a pour mission de tabasser, de torturer, de tuer. Il a tenté d'évacuer sa frustration. Mais ça s'est avéré inutile. Puisqu'il a fini par craquer et le prendre ce foutu avion. Direction l'immeuble dans lequel elle vit. Et dans lequel il trouvera finalement un appart', presque aussitôt arrivé en ville.