Il y a quelque chose qui coince : dans le regard fuyant de Solal, dans cette cigarette qu’il allume et que Molly s’empresse de jeter au sol avec sa vivacité habituelle, dans sa façon de parler aussi qui tait bien trop de choses et n’en révèle pas assez. Quelque chose se passe et tu n’aimes pas ça : du moment que cela concerne Solal, tu n’aimes pas, parce que tu crèves d’envie de le voir enfin sourire avec joie, de le voir heureux et enfin libéré des démons qui semblent restreindre ses envies.
Tu sens qu’il s’est passé quelque chose et tu te doutes que le concours de hot-dog n’est pas responsable de sa mine chafouine alors quand Molly propose de vous écarter pour comprendre ce qui ne va pas, tu ne lui laisses pas le choix : tu commences à comprendre que plus tu laisses la bride à Solal, plus il s’enfuit ventre à terre sans espoir de retour. Tu sais qu’il ne faut pas procéder ainsi et tant pis si tu dois choquer votre amie commune : tu n’aimes pas ce qui se passe, point barre.
Alors ta main se pose sur le bras de Solal et tu l’emmènes, ton visage s’étant fermé :
- On s’écarte, viens.
Et d’un signe de menton tu invites Molly à vous suivre, même si tu sais qu’elle ne vous lâchera pas aussi facilement, même pour des hot-dogs gratuits. Tu traînes plus Solal qu’il ne marche à tes côtés mais tu t’en fous : tu sais que tu passes pour la brute du coin, sans états d'âme, et que Molly doit se demander ce qui t'arrive mais... C'est Solal. Point final, pas besoin d'autres explications. Une fois sorti du petit cercle de la foule qui s’amasse pour le concours, tu le relâches et croises les bras :
- C’est quoi le problème ? Quelqu’un est venu te chercher des embrouilles ? C’est qui ?