Embryon acculé vers une mort certaine par un jumeau voulant la devanture de la scène. Inexistence déprogrammée par une ultime tentative de la dernière chance. Les plans défaits, la vie à faire. Les premiers pas amoindris face au jumeau déjà debout, infâme vigueur acquise à son profit dans le ventre de maman. Le corps rachitique, les traits funestes symbole d'un affrontement nourri contre le frangin. Gamin à la santé fragile et à l'esprit faiblard mais chéri d'un amour omniprésent. Affection partagée mais jalousée par un terrible aîné tiré vers les signes précurseurs de la décadence. La bonté d’âme collée à l'épiderme et son double qui cherche à lui lacérer par fragment. Les jeux d'enfants, les pleurs violents et le cœur qui s'esquinte devant tant de d'animosité découlant de son reflet.  La différence établie et l’indifférence naissante. Les prises de bec qui terminent dans la boue et le sang, les poings serrés contre les mâchoires cabossées et la peau déjà bleutée des querelles passés. Les hématomes lancinants dans les côtes douloureux constat des violentes divergences d’opinions, de la conception même d'humanité. Puis l'abandon éphémère, l'élève exemplaire sur les bancs de la faculté des poulets et le frangin déjà parti accomplir sa destinée, a la conquête de son trône des quartiers malfamés.

Les retrouvailles programmés, gravitation perpétuelle de deux astres ne pouvant réellement se quitter trop longtemps. Des contraires qui s'attirent et se repoussent plus brutalement encore finissant par se retrouver inévitablement. Histoire d'une destruction mutuelle entamée, au premier qui appâtera l'autre dans ses travers. Le peu d'étincelle restante d'un amour fraternel pour son contraire, le crève-cœur de son état converti en semonces envers le seigneur fraîchement couronné. La confiance saisie avec les années, le réquisitoire constamment martelé et l’illusion de le faire rentrer dans le droit chemin. Les réprimandes effacés du crâne sous la pression du commerce florissant et le policier qui s'agace et menace. Les menottes aux poignets du frangin, la tronche contre le capot comme n'importe quel voyou pour le marquer. Prise de risques inconsidérées pour une vengeance du frérot qui rumine déjà. Le biper criard qui lui vrille les oreilles à l’orée du matin, la convocation pressante qui ne peut attendre. Le patron mécontent et les rumeurs qui grimpent en volutes à demi-mots sans qu'il ne comprenne. Puis les vidéos qui défilent devant sa rétine, la désillusion brusque et les frissons qui refluent sur son épiderme. La punition royale qui s'abat sur le renégat. Les bonnes intentions primées par la fameuse vengeance, les années de labeur anéanties et le corps dévoué à ses états de service réduits à néant par le courroux saisissant du jumeau.

Carrière détruite, réputation refaite. La flicaille au placard, le lieutenant prometteur relégué au rang de larbin tout ça sous le sourire immoral du frangin. Le retour à l'appartement avec l'envie féroce de tout fracasser, d'envoyer valser table et chaises en secouant si sèchement son châtieur à lui en retourner la moelle. La rage de l'écorcher vif pour avoir la délectation de l'entendre implorer son pardon. Le retour du messie avec pour unique discussion l'étouffant mutisme ravageant ses tripes qui s'invite dans l'oxygène ambiant. Les œillades échangées pour seul dialogue. Cette soif de haine, ce besoin de lui hurler au visage, de lui sauter à la gorge, dessein soudain qui restera vain de toute tentative. La leçon finalement bien comprise, celle de ne jamais s'attaquer au roi, au plus fort que soi, fût-il de son sang. Et malgré tout l'amour qui persiste et signe, les sentiments confus quand il l’épie. Lascivité de l'âme, pulsion dévorante qui lui ronge les reins. Bouillonnement incontrôlé du corps, penchant dégueulasse inavoué pour le frangin, foutu narcissisme dégoulinant de ses pores. Les coups d’œils trop insistants et la découverte du sale secret, la faille inexploitée se transformant en trou sans fond recueillant tous les vices du jumeau. Idolâtrie malsaine du pourri, soumission et ferveur obéissante pour calmer sa concupiscence sous ses phalanges destructrices de candeur.