« Réveilles toi espèce de crevard ! » J’ouvre les yeux sous la douce voix de mon père. Je crois que je vais finir par le tuer… Mais je ne suis pas assez fou pour ça. Je n’ai que dix ans, mon père est l’un de ces soldats de l’armée rouge. Un de ces communiste qui pense que tout le monde doit bosser ; même un gamin de dix ans. Mais j’ai toujours été un tir au flanc. J’ai toujours aimé la simplicité… Le moins d’effort pour plus de rendement. Mais vient à point à qui sait attendre. Et sa mort, je l’ai attendue avec ferveur. Aussi cruel que cela puisse paraître… Je vivais seul avec mon père depuis mes six ans, ma pauvre mère est morte de maladie. Je l’aimais vraiment. Mais mon paternel me disait que c’était des choses qui arrivent, que la mort fait partie de la vie. Quelque chose c’est brisé en moi. La mort est devenue une chose si banale… Alors je sais juste que les gens meurent et ils ne sont simplement plus là. Alors j’attendais sagement, le jour où il ne serait plus là lui aussi. Un jour viendra mon tour. C'est la vie. Cela me semble si naturel, ce ballet où les gens viennent et partent.

« Aide-moi à mourir, Yaaqov… Mon frère. » A vrai dire, l’on était que cousin. Mais l’on avait été assez proche car suite à la mort de mon père, je suis allé vivre chez mon oncle. C’était des rares gens riches sous le régime de l’URSS bien que j’ignorais encore pourquoi. Je sais seulement qu’il y avait toujours du pain et que je n’étais pas obligé de travailler. L’on m’envoya à l’école ; me disant que c’était important. Puis l’URSS s’est écroulée. L’on m’a demandé de rester à la maison et c’était mon cousin qui me tenait des cours. L’on était proche pour ainsi dire, depuis qu’il m’avait confié le secret de leur petite famille. Leur lien avec la mafia. Je n’étais pas effrayé, c’était… Si simple à mes yeux. Tuer des gens pour obtenir quelque chose, pourquoi pas après tout ? Il y avait cette lueur dans mes yeux. Folle ; d’immoralité. Je n’avais pas peur de faire du mal, tant que ça ne m’en faisait pas. Je ne pensais qu’à moi-même. Mon seul intérêt. Mon unique obsession. Mon simple confort, mon unique profit. Ma seule personne. L’autosuffisance. Alors quand il est tombé malade en revenant de son service militaire ; il m'a supplié de l'achever. Et je l'ai fait. De sang froid. Je l'ai tué parce qu'il n'y avait plus que cela à faire. Et quand la mort a habité son regard j'ai creusé dans le jardin toute la nuit pour me débarrasser du corps. Stanislav n'est jamais revenu de son service militaire. Jamais. Alors j'ai hérité de la belle fortune de mon oncle, à mon tour. Et de ces histoires crapuleuses qui avaient pesée sur les épaules de leur fils. J'ai acheter ma liberté, m'offrant le droit ainsi d'échapper au service militaire. Bien qu'à vrai dire, les armes me passionnent.

Que reste t-il quand le vide dérobe leur place ? Il n’y avait finalement que plus de place pour moi. L’on s’habitue à la solitude, à l’absence si rapidement. Les gens ont peur de la solitude, ils ne savent pas à quel point ils le sont. Les animaux se demandent-ils ce genre de choses ? Evidement que non. L’homme oublie ses instincts les plus primaires. J’avais le sens de la diplomatie, mais j’ai toujours été quelqu’un d’assez lâche dans le fond. J’aime la simplicité, alors quitte à tuer un mec, autant que ça soit avec une balle dans la tête quand il ne s’y attend pas. Je n’ai pourtant pas intégré la mafia, je me suis contenté de prendre beaucoup de leur argent et de fil en aiguille ils sont venus me chercher. Ils m’on cassé deux doigts avant que je ne pleurniche comme une fillette. La mafia russe ne fait pas dans la dentelle et après de rude négociation à coup de poing, je m’étais retrouvé dans ce trafic de kalachnikov. Je n’avais jamais travaillé de ma vie, mais j’étais suffisamment froid et probablement ‘inhumain’ pour cette tâche. Je ne voulais pas être enchainé à la mafia, et d’ailleurs qu’auraient-ils pu faire de moi ? Je ne suis pas un tueur. Je ne sais pas même me battre. Je suis lâche ; mais pas fou. Et eux aussi, savaient parfaitement à qui ils avaient à faire. Et malgré mon arrogance et cette façon que j’avais de ne pas considérer les autres ; je ne suis pas invincible. Il m’avait été long pour intégrer cette idée. J’aime l’idée de toute puissance ; l’idée d’être intouchable. Et finalement, il s’est avéré que l’on peut l’être d’une toute autre façon. Le monde a besoin de gars comme moi. Que seront les médecins sans cancer ?  Que serait l’armée sans guerre, les flics sans mafia et le mal est en fait… Nécessaire.  

Et comme les coups que me donnait mon père, je briserais le monde. Je frapperais sans me retenir. Je n’aurais pas de pitié, qu’ils soient femmes ou enfants. Que les armes soient faites pour les tuer ou se protéger. Et comme la vie m’a brisé. Je les écrabouillerais. Aussi froide soit la mort, je serais glacial. Cette promesse que j’ai tenu toute ma vie. Cette promesse faite au sang que j’ai perdu. Et Toutes ces larmes, cruellement arrachés de mes yeux, je noierais dans la rivière leurs joies. J’ai eu mon moment de dépression, je me suis reculé en campagne après m’être fais tiré dans le bras ce qui provoque de légères paresthésie par moment et a diminué considérablement ma capacité de tir.

Je poursuivrais toujours.

En cavale...

Je m’efface.

Et je renais. Dans les ténèbres.

J’ai quitté l’est de ce globe pour recommencer. Pour continuer. Pour les faire pourrir. N’y avait-il pas plus répugnant pays que les Etats-Unis ? N’y avait-il pas pire culture ? Que ceux qui m’ont privé de ma mère par cette guerre absurde. N’y avait-il pas meilleur endroit à gangrener ? J’avais de bon contact malgré tout là bas et j’ai compris que j’aurais de quoi faire mon marché dans cette ville infestée. Que les parasites ne manquent pas. Ils disent que je suis trop vieux, que je devrais me reposer. Les autorités russes à mes trousses et pourtant, j’ai pu leur en vendre des armes en tout genre. J’ai fuit une fois de plus, m’étant pris un balle dans le buffet. Précipitant mon départ. Et finalement, je survis. Par la haine. Par la rage. Bonne nouvelle Dr Trompe-la-mort : ils ne m’auront jamais vivant.