if you're waiting for the moment, here it is.
tes lèvres contre ses lèvres. t'as le dos contre l'un des pans extérieurs de l'immeuble dans lequel tu vis. camel. c'est son prénom. et c'est aussi celles des cigarettes sur lesquelles il tire toute la journée. il est beau, il est jeune. et t'es déjà dingue de lui. c'est votre premier baiser et t'avoues que t'adores ça. à ce moment là, tu te rends pas compte que t'es juste sa prochaine victime. tu lui souffles quelques mots à l'oreille, t'as envie de lui. sauf que tu veux pas faire ça maintenant, pas comme ça, pas ici. il est pas franchement de cet avis. il a envie de frissons. toi aussi, sauf que t'imagines pas les choses de la même façon que lui. un de ses potes te sauve, il l'appelle, lui demande de le rejoindre pour une soirée. y'aura de l'herbe de la compté. comme ils disent. t'as jamais vu un mot de code aussi pourri pour dire que y'aura de l'herbe. mais t'ose pas le dire. dans un sens, tu trouves ça cool. t'aimes son côté bad boy, t'aimes son côté drôle. il t'embrasse encore. et puis, il s'en va en ne manquant pas de glisser l'une de ses cigarettes favorites entre ses lèvres.

where's the love? here it is.
bébé, j'ai plus de voiture. qu'est-ce qu'il a fait ? juste éclaté contre un mur. mais tout ce qui compte pour toi, c'est qu'il ai rien. non, il est là, en forme, en entier. il a juste deux trois égratignures. le pare-brise s'est légèrement fissuré. tu souffles. ça tombe au bon moment. t'as eu ta paye pour ton été sacrifié pour pouvoir avoir encore un peu d'argent de côté. t'aimerais bien avoir un second bac, faire des études. non, le premier t'a pas suffit. t'as pas tellement aimé la cosmétique, finalement. la vente, ça te correspond beaucoup plus. et puis t'as pas non plus aimé toutes ces pétasses. t'étais dans une classe de filles, tout ce que tu as en horreur, en somme. tu t'es même battue avec l'une d'elle en plein cours. alors non, tu ne comptes pas travailler dans ce genre de milieu. tu supporterais pas. alors oui, t'as un don pour les massages, tu débloques n'importe quel dos. tu sais épiler les sourcils à la perfection, poser des masques selon la nature d'une peau, faire une manucure et une pédicure. mais tu t'en fous, en fait. t'es pas une fille superficielle. t'avais pas la gueule de l'emploi. alors t'as passé l'été dans une usine pour essayer de te faire un peu de fric. mais c'est lui qui les aura. il en a plus besoin que toi. il a un boulot. ou du moins, il essaie de le garder, ce boulot là.

baby i'm no saint.
regarde-moi quand j'te parle., qu'il te sort, la main fermement agrippée sur tes cheveux. t'es contre un mur, face à lui et sa main passe de tes cheveux à ta gorge. d'où t'envoies des lettres à un mec ?, il demande en serrant un peu plus fort. il a lu une lettre que t'avais pour projet d'envoyer à Eddie. t'avais tout raconté. t'avais fait en sorte de la cacher. mais il l'a trouvé. d'où tu lui sors que t'as besoin d'aide ?, il t'en colle une. il ramène lui-même ta tête dans une position normale. tu lui fais face, t'as pas envie de lui montrer que t'étouffe. il relâche légèrement la pression sur ta gorge et tu tousses. t'as l'impression que tu vas vomir. tu reprends ta respiration et finalement, toujours collée contre le mur, tu lui craches littéralement à la gueule. connard. tu lances en un sanglot. il a été déstabilisé, a lâché ta gorge et en toussant, tu prends la porte. t'as intérêt à descendre ces escaliers plus vite que ton ombre. tu te casses la gueule en arrivant aux alentours du second palier. mais il faut que tu partes, il est sur tes talons alors tu te relèves, même si t'as putain de mal. t'as loupé six marches. autant dire que c'est une sacré chute. mais tu te bats pour ta vie, t'en as conscience là. tu descend de nouveau les marches quatre à quatre, il finit par te rattraper et autant dire qu'il est pas content du tout. il te coince dans un coin et tu hurles. t'as jamais hurlé aussi fort de ta vie. mais c'est suffisant pour ameuté les voisins qui sortent de chez eux. il se barre. t'es en pleurs. t'as pas envie qu'il ai de problèmes. mais il allait te tuer. tu l'as senti. tu l'as vu dans ses yeux. cette rage, tu l'avais jamais vue chez lui avant. putain, ça fait déjà quatre ans que vous êtes ensemble et jamais t'aurais pensé que ça arriverait.

t'as rien dit à la police. c'était trop difficile. de toutes façons, t'es pas sûre que ça aurait donné suites. alors autant t'épargner les foudres de camel. il revient, la bouche en coeur. il est désolé, qu'il dit. ça te fait pas changer d'avis. t'as rien dit. mais quelques semaines plus tard, t'es juste partie. pas un au revoir, pas une explications. tu l'as juste planté là. t'as juste besoin de respirer.