Ton cœur tambourinait et ta raison t'incitais à fuir. Le plus loin possible. Tout sauf le suivre une nouvelle fois. Qu'est-ce que tu fous encore là Enza ? Ce type ne te veux pas du bien, non. Il n'attend qu'une chose, te rendre sienne, sa prisonnière. Bien trop ambitieux avec cette bague qu'il comptait te passer au doigt rien qu'en t'achetant. Il croyait avoir une emprise sur toi, il croyait tout pouvoir attendre de toi sous prétexte que t'écartais les cuisses au premier venu pour leur plaisir. Il pensait t'avoir en un claquement de doigts, te priver de ta liberté à tout jamais. Tu t'es déjà bien trop laissée approcher par lui, t'as pris des risques, t'as jouer avec le feu un peu trop longtemps, tu croyais l'apprécier, lui qui a voulu t'embobiner jusqu'au bout. En ce jour, c'est sa démence que tu percevais, c'était pas joli à voir et ça ne présageait rien de bon pour toi. Un homme excessif, sans parler de sa possessivité maladive et des mots qui blessent, et des coups qui marquent. Il en savait beaucoup trop sur toi, il fallait disparaître sans quoi il continuerait de te traquer, comme il l'avait déjà fait. Victime de son harcèlement permanent, tu ne pouvais te résigner à le subir éternellement, c'était maintenant ou jamais, avant qu'il ne soit trop tard pour faire marche arrière. T'es partie, t'as tout quitté par sa faute, pour te protéger, mais tu venais pas d'Italie mais bien de Hongrie. Encore heureux parce que l'Italie c'est toute ta vie.
« C'est parfait, vraiment. », te réjouis-tu en balayant une dernière fois l'espace du regard avant de finir par croiser celui. T'hésite un court instant, puis tu décides de jouer la carte de l'honnêteté parce que tu n'avais pas des milliers de solutions qui s'offraient à toi. Tu demandais pas grand chose, simplement un toit douillet où tu pourrais t'installer, un peu de chaleur humaine pour te faire oublier le passé, pour t'abriter. Tu doutais pas que ce Juan puisse être un colocataire accueillant, il te lançait déjà quelques regards brûlants puis t'avais pas le temps pour parcourir toutes les annonces et visiter des dizaines d'appartements, celui là semblait correspondre à tes attentes et c'est tout ce que tu voulais. « Ecoute, j'ai vraiment besoin de ce logement alors j'serais pas embêtante, j'peux prendre la plus petite chambre, aller chercher des viennoiseries au petit matin, t'apprendre l'italien. J'dirais rien sur les chaussettes qui traînent ni sur les potes que tu ramèneras tout les week ends, j'me servirais juste quelques verres de vodka pour m'amuser avec vous... », que tu oses lâcher à cet inconnu sans trop de gêne. Peut-être que tu venais de te planter, qu'il te prendrait pour une folle et adopterais un tout autre comportement pour te faire fuir, mais peut-être y verrait-il un certain charme et accepterait que tu deviennes sa colocataire pour une durée indéterminée. « Promis, j'me ferais toute petite. », que tu termines avec des yeux de chatons. Il allait craquer, t'en étais persuadée, cet air amusé à l'attente de tes paroles le trahissait.