• (1) Falco a rapidement pris conscience que lorsqu'on naît dans un monde de requins, il est nécessaire de déchirer, de brûler le costume de poisson collé à notre peau et d'enfiler le leur de manière à ne pas se faire dévorer. Pourtant, une fois le déguisement en place, des failles subsistent toujours pour les âmes les moins préparées. C'est son cas et c'est devenu son quotidien. Parce que Falco, il n'est pas foncièrement mauvais ni bon. Il est partagé entre les deux jusqu'au jour où ce sera son tour d'être scié en deux. Si ce jour arrive. Les deux influences qu'il a eu en étant gamin l'ont profondément marqué. D'un côté il jubile à l'idée d'être déviant, de s'imposer en écrasant les autres. D'un autre, il n'arrive jamais à aller jusqu'au bout de ses actes, parfois paroles, sa lâcheté reprenant aussitôt le dessus. Lâcheté car il n'a pas envie d'assumer jusqu'au bout. Il fait des conneries, il se pense fort, pense gérer la situation puis réalise que tout risque de lui retomber sur la gueule et qu'il n'est pas prêt. Qu'à l'intérieur, il est toujours sensible. Son cœur bat dans sa poitrine, le sert fort, ravale sa fierté et lui fait prendre conscience après coup qu'il regrette. C'est un cercle vicieux car à chaque fois, ça ne l'empêche pas de recommencer. • (2) Pour se prémunir à sa manière du monde extérieur, il râle, il joue au pessimiste, parfois au vieux con aigri associable malgré ses trente-trois balais. C'est plus simple comme ça et en général, ça aide à faire fuir les autres. Il a toujours cette peur de s'attacher et de se faire planter un couteau dans le dos aux premiers signes de faiblesse, chose qui ne lui est pas inconnue. Du coup, il a sa carapace et il considère qu'il est mieux de se faire détester des autres. A quelques exceptions près, vu qu'il y en a toujours. • (3) Il y a six mois, Falco a poussé le bouchon très loin. Si loin qu'il l'a perdu de vue, le rendant impossible à récupérer. Comme d'habitude, il n'a pas songé aux conséquences avant mais après coup. Ce jour là, ses lèvres se sont entrouvertes afin d'annoncer qu'il avait couché avec la femme de son frère Francesco. Rien de plus qu'un mensonge stupide, bien évidemment, menant à la dangereuse colère du proxénète. Ce dernier ayant envoyé sa femme à l'hôpital pour une tromperie jamais commise. C'est là, quoi que même avant, que Falco a compris qu'il était temps de faire ses valises et de changer d'air pendant un bon moment. • (4) L'époque où il était fiancé remonte désormais à loin. Amouraché d'une jeune femme rencontrée lors de combats de rues, il pensait que celle-ci le sortirait du trou dans lequel il était tombé depuis quelques années. Qu'elle le sauverait de ce job usant alors qu'elle était tombée sous son charme pour cette raison, pour le côté mauvais garçon. Puis avec le temps qui passe, elle s'est rendue compte qu'il était faible sous sa coquille. Lorsque Falco lui a fait part de son idée de partir loin de ces trafics illégaux, de changer de vie tous les deux, elle a préféré trouver mieux ailleurs. Et l'a jeté. • (5) Sa hantise c'est son boulot. Au début ça l'amusait, c'était plutôt sympa de gérer les paris tout en profitant d'un spectacle avec beaucoup de suspens. Les combats de rue, deux mecs qui se tabassent sans pitié, qui finissent la gueule et les poignets en sang. Puis il y a eu les accidents, le premier mort. C'est là qu'il s'est rendu compte que ce n'était pas un jeu et que indirectement, il était responsable. Les combats de chiens, c'était pas mieux. On n'a jamais demandé leur avis avant de les envoyer dans l'arène pour qu'ils s'entre-tuent. C'est bien pour cette raison que tout ça est illégal. Pourtant, il n'a jamais eu assez de cran ni de volonté à lui tout seul pour changer de boulot et maintenant, c'est trop tard. Il continue, où qu'il aille, enfermé dans sa prison créée de toute pièce par son esprit. • (6) En cachette, Falco c'est celui qui rempli les gamelles d'eau ou de nourriture qu'il a installé dans un coin du quartier pour les chats abandonnés et chiens errants. Ou l'inverse. Sans jamais les ramener chez lui. Ce n'est pas l'envie qui lui manque mais il se sent bien trop sale pour les accueillir sous son toit. • (7) Falco n'arrive pas à se sortir de son toc récurrent. Il suffit que le stress ou une simple angoisse monte en lui et sa main cherche immédiatement une zone de sa peau à gratter. Alors il gratte, gratte, bien souvent jusqu'au sang. Ce sont des démangeaisons fantômes qui pour lui, sont bien réelles. • (8 ) Les alcools forts, le mobilier et lui sont tous les trois incompatibles. Il en ingurgite un tout petit peu, est par la suite rapidement éméché et vous n'avez plus qu'à le mettre dans une camisole de force jusqu'à ce qu'il se calme. Car Falco, il devient violent envers les meubles à proximité. Pratiquement tout lui passe sous la main est condamné à être brisé ou au moins balancé quelque part. Il n'y a que le vin qui passe du moment qu'il ne s'agit pas d'une bouteille, on est d'accord. Et depuis le temps le Scorza connaît tout de même ses limites. • (9) Falco a le sommeil agité. Cela remonte à quelques années, depuis qu'il a commencé son job. Il transpire, parle parfois inconsciemment, se tourne dans tous les sens puis se réveille en sursaut le cœur battant à la chamade. Parce qu'il cauchemarde régulièrement autour du même sujet, sa conscience le traquant durant ses heures de repos. Elle ne veut pas le laisser en paix. • (10) Quand il marche dans la rue, il n'aime pas passer devant un individu qui fait la manche. Il se sent automatiquement mal même sans contact visuel. En général, il change de trottoir. • (11) Gamin, Falco confondait ses deux frères identiques sur le plan physique. Enfin avec leur caractère opposé, ça n'a pas tardé à les différencier à ses yeux. • (12) C'est pas très propre chez lui, il ne passe pas un coup de balais toutes les semaines, juste ce qu'il faut pour que ça ne ressemble pas complètement à un taudis. Par contre, c'est le bordel. • (13) Falco n'a pas peur des araignées. Quoi ? C'est important de le préciser, avec toutes les personnes qui sont arachnophobes. Grosses ou petites, sur sa table de chevet ou se baladant sur son bras, il n'en craint aucune. • (14) Il ne trouve jamais rien de vraiment intéressant à la télé. Toujours les mêmes informations, toujours les mêmes films, toujours les mêmes télé-réalités qu'il trouve débile. Ou plutôt les personnes qui y participent. • (15) Fedele c'est son unique neveu. Celui qu'il apprécie beaucoup, celui avec qui il ne peut s'empêcher de remballer son caractère de cochon pendant un petit moment et surtout celui avec qui il se sent étrangement en confiance. Après tout, il n'a que neuf ans, ce n'est pas lui qui va lui planter un couteau dans le dos. Il a cette envie de le protéger de la cruauté du monde extérieur et parfois, même de lui.