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Anonymous
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MessageSujet: joyce jones - there's so much history in the streets   joyce jones - there's so much history in the streets EmptyLun 18 Avr - 20:32
(Quand et comment avez vous emménagé au Parking ?) y a quelques années t'habitaient ici, et t'es revenue y a quelques jours - six jours - sans trop savoir comment, sans trop savoir pourquoi. t'avais rien, pas de logement, pas d'argent, tu t'apprêtais à vivre sous l'abri-bus parce que t'avais nul part où aller. mais t'as rencontré siobhan et elle a changé ton destin. vous avez emménagé ensemble sans vraiment savoir si ça allait coller. mais au moins maintenant vous avez toutes les deux un toit au-dessus de la tête.

(Que pensez-vous de l'immeuble et vos voisins ?) rien. t'en penses rien. juste que c'est chez toi, c'est ton univers, ta maison. une maison un peu miteuse. une maison un peu comme toi. c'est pareil pour tes voisins, tu les vois pas la plupart du temps, tu t'intéresses pas vraiment à eux, mais tu te sens bien avec eux. t'as pas à faire semblant avec eux. parce qu'il sont comme toi eux aussi, ils sont tous un peu miteux.

(Quelle est votre réputation au sein du quartier ?) t'es pas grand chose, t'es presque personne. personne te connaît, personne te reconnaît. pour certains t'es la fille de la mère jones, t'es la fille de la folle qu'a foutu le camp pour offrir une vie meilleure à son enfant. pour eux, t'es le rappel vivant qu'on peut pas fuir le parking. pour d'autres t'es la fille à moitié morte de faim, aux membres faméliques, qui a échoué sur le pas de l'immeuble et qui a souri - même si personne savait pourquoi. et pour les derniers t'es juste une fille. la fille aux tatouages, qu'a toujours une clope à proposer aux autres comme si tu prenais plaisir à les voir crever à petit feu.

(NOM) Jones, un nom banal, un nom si utilisé, si connu, un nom qui se fond dans masse ; un nom qui ne te va pas du tout, toi qui a généralement l'habitude de te faire remarquer. mais Jones, c'est surtout le nom de ta mère, cette femme qui t'a élevée seule. (PRÉNOM) Joyce, mais t'aimes pas quand les gens t'appelles comme ça, parce que t'aimes pas ce prénom. alors tu préfères qu'on te surnommes joy. joy, la joie. tu trouves ça marrant parce que t'as jamais été joyeuse toi. (ÂGE) 21 ans, mais tu fais plus. t'es marquée par la misère, marquée par la tristesse, marquée par la vie. (DATE ET LIEU DE NAISSANCE) un 29 septembre, presque neuf mois après le nouvel an. coïncidence ? tu t'es jamais posée la question parce qu'en vérité la réponse tu t'en fous. et aux Etats-Unis, dans le Bronx plus précisément, dans l'hôpital le plus proche du Parking. t'es née dans le parking et t'y crèveras, c'est comme ça que tu vois ta vie. (OCCUPATION OU ACTIVITÉ) t'as volé, t'as menti, tu t'es vendue aussi un peu. pour le moment t'es rien. tu verras bien ce qui t'arriveras, mais t'attends pas grand chose, t'as jamais fait d'études, t'es une ratée t'imagines bien que personne voudra jamais de toi. finalement t'as toruvé un petit taff dans un sexshop mais pour combien de temps? (NATIONALITÉ) américaine, t'as jamais connu un ailleurs et tu t'en fiches bien, le monde extérieur il te tente plus vraiment (ORIGINES) t'aurais des origines britanniques, d'autres russes, tu sais pas vraiment ta mère aborde jamais le sujet avec toi elle dit que c'est pas important. alors quand on te pose la question tu réponds généralement que tu viens du parking et c'est tout. (STATUT CIVIL) célibataire tu vis avec toi-même au quotidien et c'est déjà suffisamment dur à supporter. (ORIENTATION SEXUELLE) rien, tout, n'importe qui, n'importe quoi. on pourrait croire que t'es pansexuelle mais la vérité est beaucoup moins glorieuse: en vérité tu prends juste ce qui te passe sous la main. tout c'que tu veux c'est un contact, un peu de chaleur, tu t'en fous de qui te la donne. (DATE D'ARRIVÉE AU PARKING) née et élevée au parking, t'es partie avec ta mère à 14 ans mais t'es finalement revenue, y a quelques jours, le 6 mars 2016. (REPRISE DU PERSONNAGE) why not (GROUPE) écrire ici (TYPE DE PERSO) t'es de ceux qui survivent - tant bien que mal, envers et contre tout. (CRÉDITS) AMIANTE Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Phasellus quis lectus metus, at posuere neque. Sed pharetra nibh eget orci convallis at posuere leo convallis.

PSEUDO : pamperika PRÉNOM : alice ÂGE : 20 ans PAYS : france FRÉQUENCE DE CONNEXION : assez irrégulière en ce moment, j'essaie de venir au moins une fois par semaine COMMENT AVEZ VOUS TROUVÉ LE FORUM ? : bazzart COMMENTAIRE OU SUGGESTION : cvous êtes beaux  coeur  AVATAR : ira chernova
JOYCE JANE JONES
what if we close our eyes ?

La flamme qui s'élève, dansant dans l'air, dansant dans les ombres, devant tes yeux noirs comme un puis sans fond et ce sourire qui ne quitte pas tes lèvres. Un sourire sans joie, un sourire malsain, un sourire rendu encore plus inquiétant par la faible luminosité de la pièce. Tu tends la main, t'avances le doigt, tu frôles cette chaleur un instant - un trop court instant. Tu frissonnes. D'excitation ? De douleur ? Toi-même tu sais pas trop. Mais il t'en faut. Plus. Ton pied s'abat sur ta commode, plusieurs fois, jusqu'à parvenir à arracher un bout de bois que t'approches de la flamme, d'abord doucement, puis avec plus de bestialité, jusqu'à ce que le feu prenne. Tu lâches le briquet avec un petit sursaut. Ton regard se perd dans les longues langues rougeoyante. Et pendant un moment t'oublies - tout.

What if...
What if we run away?

T'oublies le Parking dans lequel t'as grandi, partageant avec ta mère un studio si petit. Ton père avait payé l'hôpital et puis avait disparu. C'était le deal. T'étais une tâche dans sa vie, une tâche qu'il essayait d'effacer à coup de pension alimentaire. Il a jamais voulu te voir, même pas quand t'es née. T'étais l'erreur de sa vie. Mais pas celle de ta mère. Ta mère t'es sûre qu'elle t'a aimé quand elle t'a serrée contre elle pour la première fois. Quand elle t'a bordée dans ton lit d'enfant. Quand t'as dit ton premier mot. Mais ta mère elle a jamais su exprimer son amour alors elle t'a souvent criée dessus. Au moins quand elle s'énervait, elle était là. Le reste du temps tu le passais entre des mains étrangères, des amis parfois, des voisins la plupart du temps, des inconnus en général. T'as grandi dans ton enfer en béton, avec l'ombre de ta mère. Mais tu la chérissais cette ombre.

What if...
What if we left today?

T'oublies ce jour où ta mère est rentrée, radieuse, après avoir fait la rencontre de sa vie. La manière dont son visage s'est transformé quand elle a vu que t'avais cassé la petite télé dans laquelle elle avait versé des mois d'économies. T'as cru qu'elle allait te tuer ce jour-là alors t'as fui. Tu voulais fuir le plus loin possible mais tu savais pas où aller. Tu connaissais que le parking toi. Et l'école. Quand t'y allais. Alors tu t'es juste planquée dans un coin, t'as attendu que l'orage passe. T'es restée là toute la soirée, une bonne partie de la nuit, caressant du bout des doigts la pâquerette qu'un gamin de l'immeuble t'avais offert pour ton anniversaire. Ton anniversaire. T'y croyais pas à ces conneries. Les anniversaires c'est fait pour les riches qui peuvent s'le permettre.

What if we said goodbye to safe and sound?
T'oublies cette annonce qui a totalement changé ta vie. Quand ta mère t'a bouclée dans une voiture et t'a dit après une demi-heure que vous partiez pour l'ohio. Au début t'y as pas cru. Mais t'as été obligée quand t'as vu le charmant appartement dans lequel t'allais vivre, avec ta mère et son nouveau fiancé. Il avait une fille lui aussi. De huit ans ta cadette, elle atteignait tout juste les six ans. Tu l'as tout de suite détestée. Parce qu'elle était pas comme toi. Parce qu'elle était saine d'esprit elle, qu'elle avait toujours été choyée, qu'elle avait toujours bien vécu. Tu la détestais tellement qu'un soir t'es restée deux minutes à côté de son lit dans la chambre que vous partagiez, serrant dans ton poing l'oreiller avec lequel t'aurais aimé la faire disparaître. Faire disparaître son visage innocent, son expression heureuse, sa respiration apaisée. C'était ça qui t'avait rendue folle. Qu'elle soit si calme, alors que toi tu dormais si mal.

What if...
What if we're hard to find?

T'oublies le second déménagement, beaucoup plus long cette fois. Quand vous êtes partis à Seattle pour le travail de ton beau-père. Ce jour-là t'as pas décroché un mot, les lèvres serrés, la musique dans les oreilles. Le soir-même alors que tu t'étais isolée dans ta chambre pour chantonner les paroles de ta chanson préférée, ton beau-père était venu s’extasier sur ta voix. Il t'a sourie. Et t'as entrevu un avenir heureux, de joie et de rires. Alors tu lui as hurlé de dégager. T'en voulais pas de cet avenir. Le bonheur, tu savais pas quoi en faire. A partir de ce jour-là ta position de vilain petit canard s'est renforcé, tout le monde t'évitait dans la maison et t'évitais tout le monde aussi. Même ta mère. Ta mère qui avait cessé de l'être le jour où elle s'était mariée. Tu passais de moins en moins de temps chez toi, de plus en plus chez une de tes voisines, qui te donnait des cours de chant.

What if...
What if we lost our minds?

T'oublies cette dispute qui a résonné dans tout l'appartement. Ces voix qui s'entremêlaient, se rejoignaient, s'éloignaient. Et cette silhouette qui est entrée dans ta chambre, s'est blottie contre toi dans ton lit. Ces grands yeux qui t'ont fixée. Et cette voix fluette qui t'a demandée une chanson. Elle avait dix ans ta petite soeur à cette époque. Et tu la détestais toujours autant. Mais toi aussi t'avais besoin de t'évader. Toi non plus tu supportais plus les cris. Alors t'as chanté toute la soirée, une bonne partie de la nuit. T'as continué à chanter même quand la dispute s'est calmée, même quand ta soeur s'est endormie, même quand ta voix fatiguée s'est réduite à un murmure. Et puis tu t'es levée. Tu t'es postée dans la cuisine, face à ta mère. Dis maman pourquoi tu restes avec ce type ? Tes yeux parlaient, ta bouche refusait de s'ouvrir. T'as croisé le regard, fatigué et las, de ta génitrice. Parce que j'ai rien d'autre. Une réponse muette aussi. Mais t'as interprété la lueur désespérée dans ses prunelles. Et t'as pris peur. Ce soir-là t'as préparé ton sac, t'as pris autant d'argent que tu pouvais. Ta mère était toujours dans la cuisine. Vous vous êtes regardées une dernière fois, toi bagages sur l'épaule, chaussures aux pieds, elle cernes sous les yeux, traits vieillis. T'es con, disaient tes yeux. Je t'aime, disaient les siens. Et puis elle t'a laissée filer. Et vous ne vous êtes plus jamais revues.

What if we left them fall behind
And they're never found?

T'oublies les longs jours de famine, de galère. Cet argent trop vite dépensé dans des choses futiles, dans des bouteilles, dans des tatouages, dans des clopes. Des clopes que tu fumais pas d'ailleurs parce que t'as jamais aimé le goût. Mais que t'offrais, comme des offrandes, que t'offrais pour un peu de chaleur, un peu de compagnie. Pendant trois ans t'as sillonné les Etats-Unis. Tu t'es cherchée, mais tu t'es jamais trouvée. T'es qui au juste? Juste cette fille qui survit, cette fille sans le sous, qui mendie, rend quelques services, vole, soudoie, se vend, tout ça pour quelques pièces qu'elle va s'empresser de dépenser en tatouages et en pâtisseries. Et quand t'as déboursé le moindre centime, la galère recommence. A chaque fois. Comme un cercle sans fin.

Oui, t'oublies tout ça, le regard fixé sur cette flamme. Jusqu'à ce qu'un cri te fasse lever la tête, que tu sentes quelqu'un venir attraper rageusement le - ton - bout de bois pour l'éteindre. Tu te prends une claque. Une deuxième. Tu ressens rien. Tes yeux noirs, inexpressifs, restent fixés dans les siens. Il a peur, te traite de monstre, te chasse de chez lui. Et la fuite reprend. Encore. Toujours. Mais plus pour longtemps cette fois. Deux jours plus tard t'échoues au parking, comme une baleine rejetée par la mer. Comme un oisillon qui retrouve seul le chemin de son nid. Bienvenue, t'es de retour dans ton univers, dans ton enfer en béton. Tu fermes les yeux. Et tu souris. Bienvenue, t'es rentrée chez toi.

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