▪ Il a eu Ambroise (aujourd'hui appelé Bob) jeune, à 23 ans. Il s’est marié dans la foulée avec la mère de son gosse, Aina. On pensait tous à un mariage heureux, mais deux mois plus tard, Eoin quitte la maison, Ambroise dans un bras, une blonde plantureuse dans l’autre. Eoin ne supportait plus la pression menée sur lui (il devait reprendre les rênes du Clan à la mort de son père), il ne supportait plus les regards braqués sur lui, les jugements sur sa violence, sur comment il tenait sa petite famille. Les papiers de divorce sont signés l’année suivante. Aina ne reverra jamais son enfant.

▪ Le père O’Connor, c’est un violent, ce n’est pas une belle personne. Gamin, il mettait le feu aux chats sauvages. Adolescent, il se perdait dans les ruelles pour tabasser du nègre, du pédé. Cette violence lui a permis de gagner plusieurs titres de boxe. Eoin, il n’aime pas les faibles. Les faibles, il les frappe.

▪ Le petit Ambroise aux yeux cerclés de bleu, le petit Ambroise aux épaules tordues. Il faut arrêter de pleurer, pour être fort. Il faut être un homme, même à trois ans, même à cinq ans, surtout à sept ans. Ambroise, le petit garçon qui ne dit rien, l’enfant silencieux aux yeux morts. Eoin veut le façonner à son image, comme son père l’a fait avant lui. Mais Ambroise est plongé dans les livres, Ambroise est bon à l’école. Alors il le colle à la boxe, alors il le frappe jusqu’à ce qu’il arrête de pleurer. Personne ne disait rien, secret de polichinelle.

▪ Le basculement a lieu quand le petit a douze ans. Le maigrelet n’a beau pas être le fils voulu, il est intelligent. Il sait contrefaire, il sait disparaître à force de se faire tout petit face à l’Ogre. À douze ans, Ambroise s’est tué. Une très jolie mise en scène sortie de son cerveau d’enfant qui lit trop. En allant à l’école, il disparaît. Ambroise s’est tué, mais ce n’était pas ce qui était voulu. Lorsque sa disparition a été signalée, la police s’est affolée. Eoin est bien connu pour ses violences. Immédiatement, il a été le premier suspect. Deux semaines après la disparition du petit, ils retrouvent un cadavre brûlé en périphérie de Chicago. Le petit cadavre d’un petit garçon du même âge que le disparu, aux même dimension. La sentence tombe : Eoin prend vingt-cinq ans ferme. Mais l’an dernier, Eoin est libéré. Son innocence est enfin prouvée. Il n’a fait que vingt-et-un an, ce qui est déjà énorme.

▪ C’est long, vingt-et-un ans de prison. Mais Eoin est riche, Eoin parle bien. Il s’est rapidement fait une place au soleil, n’ayant pas à vendre son cul pour une protection. Ses origines irlandaises ont bien aidés, également. Eoin est rapidement devenu l’un des maîtres de la maison de béton. Un problème ? Adressez vous à lui, et tout sera réglé. À sa sortie, il a gardé ses contacts avec l’Intérieur, intermédiaire parfait avec Dehors.

▪ L’Irlande. Les plaines vertes, les souvenirs heureux. À sa libération, la première chose que fit Eoin fut de prendre un billet, un aller simple pour sa patrie. Patrie qu’il avait quittée, bien des années plus tôt. Il s’arrête quelques mois chez sa soeur, Moira, à Dublin. Elle y tient un pub. Et c’est dans ce même pub que les Donnelly ont connu le “oncle”. L’oncle qui s’est barré avec son gosse, l’oncle qui a tué ce dit gosse mais en fait non, l’oncle qui revient au pays en repenti. @”Bowen Donnelly” découvre alors son parrain, un court instant, avant qu’il parte avant ses frères en direction de la Grosse Pomme.

▪ Le Bronx, le Parking. Repère à gens tordus, repère à mauvaises personnes.  Repère de son fils, repère de ses compatriotes, de son Ambroise aujourd'hui appelé Bob. Un lieu parfait pour étendre son business, en somme.