Quand et comment avez-vous emménagé au Parking ? C’est suite à une nuit sans repos, l’épaule encore humide des larmes de Blue, que tu as terminée chez la concierge du Parking. Ce n’est pas l’endroit qui t’auras séduit, pas non plus ses habitants, quoi que si mais seulement une : Blue. Mais pas un bleu clair, ni celui d’un ciel d’été, non. C’était plutôt le bleu de la tristesse, celui de la mer quand les nuages la recouvrent. C’est toutes les nuances de bleu qui ont guidés tes pas jusqu’à la femme, pour lui réclamer un logis, pour remplir une demande. Puis, une semaine plus tard, c’est devant un ciel troublé, du bleu pastel contre toi, que tu quittais ta résidence étudiante pour te faufiler dans un Parking. La vie a dès lors changé, d’abord par petit coup, parce que ton appartement te semblait à nouveau trop grand. Comme une vague impression d’être retournée sur tes pas, toi qui as fuis la maison en courant, petite fille capricieuse. Parce que tes pas résonnaient à tes oreilles, mais les pleures de Blue aussi. Puis, tu as peuplé l’appartement de plante, d’une jungle personnelle où les larmes de ton amie servaient à donner la vie. Parce que les larmes font grandir, les plantes et les gens. Depuis, même si tu dois courir jusqu’à Manhattan tous les matins et en revenir, tous les soirs, tu ne vois pas emménagé ailleurs. Parce que tu ne sais jamais quand du bleu s’infiltrera chez toi, parce qu’une vie sans couleur te semble un peu terne.

Que pensez-vous de l'immeuble et vos voisins ? L’immeuble n’est plus tout jeune, ni très beau ou propre. Bon d’accord, quand tu t’y es installé, tu as récuré ton appartement de fond en comble, mais c’est simplement parce que c’est là que tu vis. L’état du reste de l’immeuble ne t’intéresse pas réellement, c’est là une norme quand on est new yorkais. Il ne faut pas se fier à l’extérieur, il suffit de nettoyer l’intérieur, ahem. En attendant, tu es celle qui aime repeindre le corridor de ton étage à chaque année, assurant la concierge que c’est à tes frais personnels. Parce que de traverser un corridor constellé de tache, à longueur d’année, ce n’est pas trop ton truc. Les tags encore, ça peut aller, mais le reste… voilà. Quant à tes voisins, tu fais comme avec tout le reste : tu les tolère quand ça t’arrange et quand ils t’embêtent trop, tu déboule pour taper dans leur porte et exiger. Qu’on fasse moins de bruit, qu’on baisse ou lève le son ou qu’il la fasse enfin jouir nom de dieu, le train-train quotidien quoi. Mais tu n’es pas non plus une voisine exemplaire, pas avec ta musique que tu aimes faire jouer –  trop fort – tôt le matin, pas avec les pas de danse que tu imposes sur le plafond des voisins du dessous et soyons franc, tu n’es absolument pas discrète au lit. C’est un assez bon échange à ton avis.

Quelle est votre réputation au sein du quartier ? Petite princesse s’étant enfuie de son joli château, on voit bien à tes manières et tes vêtements, que tu ne colles pas vraiment au décor. Seulement, tu sais prendre l’accent du Bronx en un claquement de doigt et ton attitude de lionne a tôt fait de t’assurer un minimum de respect. Tu parades dans les couloirs, véritable carte de mode, prête à distribuer les conseils ou les compliments, qu’on te le demande ou pas. On te soupçonne souvent d’être snob, alors qu’il n’en est rien, parce que si tu engueules quiconque oserait abimer tes vêtements, c’est simplement parce que tu vénères ces derniers. Non, même que tu es plutôt sociale et chaleureuse, souriante en tout temps même. Tu aimes bien les enfants d’ailleurs, à qui tu offres toujours des clin d’œils, quand tu ne pousses pas l’exercice jusqu’à des concours de grimace. Sinon, tu es LA bonne copine à avoir quand on veut s’assurer de porter de jolie chose, parce que tu aimes prêter ce qui est à toi. Mais attention à l’état dans lequel vous le rendez, ou à le rendre tout court. La dernière ayant osé tenter de te piquer une robe a terminé avec une côte fêlée : quand on déboule deux étages, il y a des risques de blessure. Un peu névrosé ? Vu les heures où ta machine à coudre ronronne, c’est plus que certain, mais pas mal baisée, parce que c’est bien connu que tu es une hurleuse (et fière de l’être, ahem.)