Please don't let this turn into something is not.
4 juillet – The birth -
« La voilà ! »
Il a les yeux remplit d’étoile face à la petite masse de muscle braillant et gesticulante dans son habit rose poudré et son petit bonnet assortit. Il est heureux. Sa fille est magnifique, vraiment, un chef d’œuvre. Pourtant elle n’est pas d’accord elle. Ce truc qu’elle a mis au monde hurle à s’en déchirer les poumons et ça lui glace le sang. Elle ne s’en sent pas capable. Les médecins disent que c’est la fatigue due à l’accouchement mais elle, elle sait que non : c’est la dépression.
Octobre – Lost –
Il vient à peine de rentrer du travail et trouve son bébé dans son couffin hurlant à la mort au beau milieu du salon. Il appelle sa femme, sa si délicate femme. Rien. Seulement sa fille encore bébé qui hurle. Il se précipite sur sa petite Adaline et tente de la calmer en cherchant sa femme dans l’appartement mais il ne trouve à la place qu’un mot sur la table de la cuisine, une alliance et les mots suivant :
«Je ne peux pas. C’est trop. Je suis désolée. » Il l’avait pressentit, sa femme avait changé. Elle était partit.
-2 ans -
Il s’est enfin remis de ma mère qui s’est barrée. Il courtise une dame avec les cheveux roux et les yeux verts. Elle est gentille et douce et puis elle a un petit garçon de 4 ans qui joue avec sa petite Adaline. C’est une perle. Il l’aime. C’est ce qu’il croit.
-4 ans-
Je suis petite et mes cheveux noirs tombent en cascade bouclée dans mon dos. Je suis habillée d’une robe blanche avec un ceinture en satin rose poudré autour de la taille et un panier rempli de pétale de rose que je parsème autour de moi. J’avance vers papa et vers le pasteur. Jill est derrière moi dans sa robe blanche. Jill c’est ma maman de remplacement, papa m’a expliqué tôt mais ça me va.
J’ai une maman.
-6 ans-
C’est mon premier jour à l’école avec tous les autres enfants dont Nick mon frère d’adoption. On a ni la même « vrai » maman ni le même papa pourtant nos maman et papa sont les mêmes. Il s’élance dans la cours tout penaud et court avec ses copains. Moi j’ai peur, j’ai peur parce que tous ces enfants je ne les connais pas. Je me tourne vers papa et maman, ils me sourient et me souhaitent une bonne journée. J’ai confiance et me lance dans le bain. Ce sera la meilleure journée de ma vie.
-11 ans-
J’ai mal au ventre, vraiment mal au ventre. Mon corps a changé, je suis une asperge à moitié plate et j’ai mal au ventre. Puis le sang, j’ai du sang qui sort de nulle part. Je panique. Jill est à la maison, elle vient à me secours pour me consoler. C’est la meilleure maman du monde et elle m’annonce qu’à partir de ce jour
je suis une femme.-15 ans-
Le lycée c’est l’enfer. Je ne suis ni transparente ni vraiment connue des autres enfants. Je suis juste la pianiste de l’orchestre de l’école. J’adore ça depuis que j’ai 5 ans. Papa et maman se sont toujours un peu sacrifiés pour qu’on puisse avoir accès à la culture avec Nick. Lui c’est la batterie qu’il adore. Mais ce jour-là, alors que je répétais dans la salle de répétition, j’étais loin de me douter que j’allais tombée sur l’amour de ma vie : Ashton Daine. Quand
il a fait irruption tout affolé et rigolant comme le joker dans la salle j’étais bien loin d’imaginer ce qu’il allait se passer.
Le coup de foudre, pour lui comme pour moi.
-18 ans-
J’avais mis une jolie robe que j’avais dégotée dans une friperie pour pas cher. Elle restait moderne et saillante. Ashton est arrivé dans son costume de pingouin, on ne s’était plus quitté depuis qu’on s’était rencontré et on avait été tous les deux gradés. Il a enfilé ma fleur autour de mon poignet et on est parti au bal de fin d’année. Puis au milieu de la chanson
chasing cars de Snow patrol, il m’a susurré :
« Adaline, tu veux bien devenir ma femme ? »J’ai pleuré de bonheur.
-20 ans-
Il avait trouvé sa fac de l’autre côté du pays, en Californie et par un heureux hasard j’avais réussi à être accepté au même endroit pour suivre des cours de musicologie et de littérature anglaise. Alors nous sommes partis. C’était la lune de miel avant le mariage.
Nous étions heureux. Nous vivions sur un petit nuage.
-21 ans-
Il est sorti avec ses copains de la fac, il s’amuse. Il a raison. Je suis penchée sur un devoir pour mon cours de musicologie qui n’est pas très palpitant et c’est là que j’entends le petit « ting » qui me signale que j’ai reçu un message.
C’est un mms. Ce que je vois me brise le cœur littéralement. C’est lui, avec une fille, une blonde sculpturale, yeux dans les yeux. Elle est à moitié nue ou alors à moitié habillée, je ne saurais le dire. L’inscription dessous, elle, finit d’enfoncer le pieu
: « Hé mec, regarde ce que je vais baiser ce soir ! ». Je réponds, fébrile :
« Chéri, trompé de numéro… »… Message reçu, message lu …. Pas de réponse. Je sais qu’il sera là demain matin. J’accepte. Je hurle de douleur. C’est une erreur on fait tous des erreurs.
Je pardonnerais cette fois.
-22 ans-
Nous avons changés. Il veut toujours m’épouser, il me jure qu’il m’aime et que je suis la femme de sa vie. Mais je sais, j’en sais beaucoup… peut être même trop. Il me trompe à tout bout de champ, je ne dis rien mais je sais. Je sais qu’il m’aime et je l’aime aussi mais je ne suis pas sûre d’être capable de supporter. Il m’embrasse sur le front et s’enfuit avec ses potes dans une énième soirée. Je n’ai pas envie de sortir et boire de l’alcool…
De toute façon je ne peux pas… Je suis enceinte. Quand il claque la porte je m’écroule comme à chaque fois. Et comme à chaque fois quand il rentre, je dors, paisible.
-22 ans – plus tard-
Il sait. Depuis qu’il sait il ne sort quasiment plus et est toujours près de moi à faire des plans sur la comète pour le petit être que je porte. Je suis enceinte de quelques mois à peine, ça ne se voit même pas réellement. Pourtant il ne décolle plus du nid que j’entretiens. Cette nuit-là par contre ça n’était pas la même. Je me suis réveillée en sueur et en douleur, mon sang tachait nos draps. Je l’ai réveillée dans ma panique, quand il a vu il m’a tout de suite emmenée à l’hôpital. C’était trop tard
j’avais perdu le petit espoir que je portais.
-23 ans-
S’il y avait eu de l’amour entre nous, aujourd’hui il était profondément dissimulé derrière nos visages fatigués. Lui parce qu’il sortait à nouveau comme un fou furieux avide de liberté, moi parce que je ne dormais plus.Un soir, il a laissé son téléphone allumé dans sa poche et j’ai entendu ses ébats, les gémissements, les râles puis les cris de bonheur d’une énième fille. La fille de trop. On s’hurle dessus comme des chiffonniers. Il a arrêté ses études pour prendre un job plutôt bien payé lorsque j’étais enceinte. Il me le reproche mais continue de me dire :
« Ne nous laisse pas devenir ce que nous ne sommes pas. Qu’elle est la différence cette fois pour que tu n’arrives pas à passer outre ? Je ne suis peut-être pas aussi désolé que je ne le devrais mais je te donne tout ce que j’ai et je continue de t’aimer encore plus que n’importe qui… Je ferais tout pour que ça s’arrange Ada’… Tu m’as tout appris, tu m’as appris à dire le mot « amour ». C’était la dernière et je ferais tout pour que tu m’aime à nouveau Adaline… On a traversé pique que ça avant…»J’ai mal, vraiment mal. J’ai l’impression que je suis en train de mourir. Je pleure, silencieuse, mais je pleure… Il ne sait pas que je sais pour les nombreuses autres pourtant face à son visage j’ai presque envie de le croire. De croire qu’il y a peut-être encore un espoir pour nous. Je voudrais parler mais mes mots se brisent sur mes lèvres et se mélangent dans ma tête alors je m’effondre seulement. Il est en retard et on sait tous les deux qu’il doit partir alors je hoche la tête pour lui dire de partir.
« Tu seras là ce soir quand je rentrerais … ? »La crainte dans sa voix est palpable et je ne réponds pas, je hausse les épaules, las. Ce que nous ne savions pas c’est que ce serait lui qui ne serait pas là. Moi je l’aurais attendu des heures sur ma chaises cuisines jusqu’à ce qu’au téléphone on me dise :
« Ash’ est mort Ada, Ash est mort putain ! »-23 ans- plus tard-
Après l’enterrement j’suis retournée en Californie pour me terrer dans ma vie sauf que je n’avais plus de goût en rien. Jill, papa, Nick, Leighton ou encore James, aucun d’entre eux ne sut m’aider. Personne ne savait où nous en étions avant sa mort mais moi je savais une partie de mon cœur qui était morte avec lui. Je lâchais tout petit à petit, cours à la fac : fini. Appartement : J’oubliais de payer le loyer, papa s’en occupait pour moi. Me nourrir : pas le temps. Pleure : des litres.
J’avais besoin qu’on me sorte de cette obscurité.
-4 juillet- 24 ans.
J’ai pris conscience qu’il fallait que je m’en sorte. J’ai pris King, un chat que j’avais trouvé dans la rue, mes affaires, rendu l’appartement et j’avais pris ma petite voiture personnelle en remettant le cap sur ma ville natale pour prendre un nouveau départ. Maman et papa ne seraient pas loin au pire, si je devais m’écrouler à nouveau.
Maintenant j’emménage dans cet appartement au 4éme étage de la résidence que j’ai trouvé. J’ai déjà un job qui m’attend, un truc qui me permettra de vivre un peu. Mon vieux piano est de la partie. Je croise les doigts.