Pour Lupe et le reste des enfants de la famille Marquez, leur figure maternelle est une Sainte descendue sur terre, un Ange venu les protéger. Forte, digne, courageuse, indépendante, généreuse, Lupe lui voue une admiration telle et un amour inconditionnel qu’elle ferait tout ce qu’on lui demanderait si c’était pour elle.  • La religion a une grande place dans son éducation. Bien sûr elle a déjà eu des petits copains et elle n’a pas attendu le mariage comme le voudrait la tradition, mais elle reste très pieuse tout de même et se rend tous les dimanches en famille à la messe. Elle a la foi, et c’est une partie d’elle indissociable de la femme qu’elle est aujourd’hui.  • Lupe ce n’est pas une fille réservée, loin de là. Elle a des valeurs, de la douceur, mais il y a un incendie en elle, une flamme qui brûle aussi fort que le soleil qui tapait sur Veracruz quand elle est née. Femme de caractère, indépendante, sûre d’elle et de ses convictions, elle a toujours joué un rôle de deuxième maman derrière ses airs d’enfant. Peu à l’aise avec la séduction, elle dégage pourtant quelque chose de magnétique, d’unique, de charismatique, qui attire à elle –sans le vouloir- la plupart des garçons.  • Les Marquez, c’est à la vie à la mort. Une mère et cinq enfants, une meute de loups qui se démènent pour subsister. Même si Lupe est la petite dernière, elle sait qu’elle a un rôle à jouer, pour soutenir et aider du mieux qu’elle peut ses aînés.• Elle a pris une année sabbatique cette année. En réalité, elle a découvert que les finances de sa mère ne permettraient pas de payer la dernière année de fac de son frère et que son diplôme était compromis. Elle a donc simulé un travail de nuit dans une supérette pour aider sa mère à financer la fac cette année, sans que celle-ci ne se doute un instant de ce que sa fille fait vraiment de ses nuits.  • Le boulot d’escort l’a beaucoup effrayée au tout début. Lupe, c’est loin d’être une fille docile, elle a le sang chaud, qui danse la rumba partout en elle. Elle a une éducation, une fierté, c’était dur de se laisser acheter. Et puis elle avait peur des détraqués aussi, alors elle a commencé timidement, sur un site internet, et petit à petit elle voit son réseau qui grandit, si bien qu’elle a le choix de refuser parfois, et qu’elle se retrouve avec des cadeaux de clients réguliers qu’elle doit cacher dans la petite chambre qu’elle partage avec Rosa.  • Elle fait souvent des cauchemars la nuit, où l’eau du Río Grande lui remplit les poumons, la noie au fond de l’eau, l’attire au fond du fleuve. Et même que quand elle ouvre les yeux, elle voit parfois le visage de son père, disparu avec elle au milieu des poissons. Elle se demande souvent si c’est réellement comme ça qu’il a fini, et ça lui tire quelques flots de larmes, surtout quand elle imagine ce que leurs vies auraient été avec lui.  • Si on lui demandait vraiment ce qu’elle veut faire de sa vie, et qu’elle y répondait sincèrement, ce serait sûrement d’ouvrir un bar latino et de dispenser des cours de salsa dedans. Lupe, elle danse comme elle respire, ses pas s’enchainent tout le temps dans le petit appartement. La musique dans la tête, dans le cœur bien plus que dans les enceintes minables qui traînent sur le meuble télé, ses meilleures soirées se font en famille, autour d’un plat préparé par la madre, des cocktails, et des danses endiablées. • Elle n’a jamais eu de chance avec les garçons, à croire qu’elle ne sait pas les choisir ou peut être qu’ils ne la méritent pas. Peut-être que Lupe n’a jamais de chance parce que Dieu lui réservait quelque chose de meilleur que ça. Ou peut-être pas.• Lupe elle a beau avoir la foi, elle a beau aimer Dieu comme il se doit, elle se pose des questions. Pire, elle est résignée. Elle sait que rien de meilleur ne l’attend, que les meilleures années au Mexique sont passées, que son père ne reviendra jamais, que l’Amérique n’a rien à leur donner. C’est une âme en peine que l’Eglise ne parvient presque plus à consoler. Mais Dieu n’est qu’amour, et Lupe elle aime, elle aime sa mère si fort qu’elle ne dira jamais ses pensées sombres, elle n’osera jamais faire de la peine au cœur de la madre. •