Emma fixait son reflet dans le petit miroir brisé qui se tenait au-dessus du lavabo sale. Un crayon de khol à la main, elle tentait d'arranger son trait à l'intérieur des yeux, afin d'intensifier son regard. Mais difficile de distinguer quoique ce soit avec ces morceaux de verres poussiéreux... Cependant, elle put distinguer un coin du miroir qui était parfaitement éclairé par la lumière du soleil de l'extérieur, et rapprocha son visage, afin de foncer la partie inférieur de son oeil droit, puis celui de gauche.
Ce fut au moment où elle referma le bouchon du crayon qu'une main se posa soudainement sur son épaule, l'interrompant dans son geste. Elle se retourna, et se retrouva face à une jeune femme brune, en short et en débardeur noir, au corps marqués de tatouages.
- Alors, tu vas nous quitter aujourd'hui, ma belle ?! lui demanda cette dernière.
La jeune femme ne répondit pas et se contenta de refermer son khol. Aujourd'hui, enfin... Elle allait pouvait sortir de cette cellule toute moisie ! Aujourd'hui, était son jour officielle de sa libertée. Elle allait enfin pouvoir se débarasser de cette bande de nunuches et les laisser derrière elle.
La demoiselle au tatouage n'appréciait guère qu'on l'ignore. Elle serra fortement la pression de ses doigts sur son épaule et la força à se retourner. Elle la plaqua contre le lavabo, et vint se coller à la blonde, poussant sa grosse poitrine à se serrer violemment contre la sienne.
- Tu ne comptais tout de même pas partir sans me dire aurevoir ? lui dit-elle avec un sourire en coin, avant de glisser son regard sur ses lèvres nacrées de glosses.
Sans lui donner le temps de répliquer, la brune ne résista pas à l'envie de l'embrasser fougueusement. Elle en profita de ce moment où elle l'avait coincé contre le lavabo pour laisser sa main descendre sur sa fesse droite et de la pincer, ce qui la fit sursauter, et lui permit de l'embrasser plus sensuellement. Toutefois, la jeune française ne tarda pas à y mettre un terme en la repoussant brusquement, lui lançant un regard assassin. Alors qu'elle avait gardé son crayon dans la main, elle le tint devant elle en position de défense comme un couteau.
- Je te rappelle que je suis mariée, et qu'aujourd'hui je vais enfin le retrouver... Alors à partir de maintenant oublie-moi, et ne pose plus tes sales pattes sur moi, tu m'entends ?!
La demoiselle était prête à lui enfoncer le crayon dans les narrines pour lui faire entendre raison et lui faire comprendre la leçon. Mais aujourd'hui était son jour de liberté, et elle n'avait pas envie de se prendre la tête avec quique ce soit, désirant plus le savourer qu'autre chose. Heureusement que la gardienne vint la sauver en lui annonçant que c'était enfin l'heure et que son mari l'attendait. Ces mots eurent vite de la calmer, et elle se dirigea vers la porte, sans accorder un seul regard à sa compagne. Elle allait enfin se retrouver à l'air libre, et elle ne pensait plus que ça. Cependant, Emma ne savait ce qu'elle allait faire de sa vie à présent. Cela faisait bien longtemps qu'elle était sous les verrous, au point qu'elle n'avait pas pu forger sa carrière. En même temps, qui aurait pu penser qu'une femme comme elle allait se retrouver un jour en prison ?
La jeune femme venait d'une famille très aisée - pour ne pas dire riche, et elle venait de France. Elle avait mené tout ce qu'une fille pouvait désirer, jouissant du luxe et du confort dans les beaux quartiers de Paris, sa ville natale. Cependant, l'argent ne faisait pas le bonheur, hélas. Elle avait grandi dans une famille certes aimante, mais assez abscente, où chacun était enfermé dans sa propre bulle. De toute façon, elle avait toujours passé pour le vilain petit canard, car on la trouvait bien différente. Contrairement à sa grande soeur, qui elle, attirait tout les feux des projecteurs sur elle. Tout simplement parce qu'elle se faisait gentille et obéissante avec les parents, se laissant mener comme un mouton-né, tandis que la blonde avait toujours chercher à s'imposer, et prendre son propre chemin. Quand elle avait choisi de faire une carrière artistique, elle avait dû subir des claques et des reproches à longueur de journées juste parce qu'elle n'avait pas suivi une voie plus sérieuse, comme celle de sa soeur, qui était en médecine, recevant toutes les louanges qui la faisait gonfler d'orgueil. Non, elles n'avaient jamais été proches, et cela depuis leur tendre enfance. Il y avait toujours eu de la jalousie et de la compétiton entre elles, malgré que c'était toujours cette dernière qui gagnait des points d'avance à cause de son favoritisme au près de leurs parents. Normalement, c'était toujours la petite dernière qui était la plus choyée. Mais là, ce n'était pas le cas.
Au lycée, la demoiselle réussit tout de même à convaincre ses parents de la faire rentrer dans une école d'arts dramatiques et de beaux-arts en même temps. A Paris, ce n'était pas difficile d'en trouver, car il y avait de tout dans cette capitale. Puisqu'elle travaillait bien et s'en sortait avec de bonnes notes, ces derniers ne trouvaient rien à dire, mais ne trouvaient rien non plus à féliciter. Pour eux ce n'était que de l'art, rien de très glorieux. Elle s'entêta et poursuivit ses rêves et sa passion. Toutefois, elle se découvrit à l'adolescence une toute autre passion : le vol de biens précieux, et pour elle c'était un tout autre genre d'art.