J'ai troqué mes cliques et mes claques, contre des cloques et des flaques, mon sac à dos pour oublier, qu'avant c'est toi qui me pesais. Ce qui m'emmène, ce qui m'entraîne, c'est ma peine, ma peine plus que la haine, oh ma route, oh ma plaine, Dieu que je l'aime. Et tournent, et tournent dans ma tête, les images du long métrage, où tu es belle et moi la bête, et la belle n'est jamais sage. Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer, au diable toi et tes apôtres, je m'en vais. Vianney - Je m'en vais.
16 septembre 2011 - New-York.
Un sourire sur les lèvres, tu laissais Enzo t'embrasser dans le cou avec un soupir et tu caressais ses bras tendrement, il était ton petit-ami depuis quelques mois maintenant mais vous vous tourniez autour depuis plusieurs années. Enzo t'obsédait, il était tout ce que tu désirais et tu ne t'étais jamais sentie heureuse. « T'es tellement belle. » « N'importe quoi. » Il t'embrassait à nouveau dans le cou avant de te retourner et t'embrasser intensément en posant une main sur ton cou et tu gémissais doucement. Ton téléphone sonnait et tu soupirais en te détachant. Ta mère. Bordel, qu'est-ce qu'elle pouvait te faire chier par moment. Incroyable. Tu décrochais et aboyais, agacée. « Je suis avec Enzo maman tu peux pas me laisser tranquille ? » Ce n'est qu'en entendant sa voix cassée et brisée par les larmes et le désespoir que tu te figeais. Ton sang se glaçait et tu devais te rattraper à Enzo afin de ne pas tomber, alors qu'elle t'annonçait que ton père n'était plus de ce monde. Tu laissais tomber ton téléphone alors que tes jambes te lâchaient et Enzo se précipitait pour te relever. Tu ne pouvais pas le croire, pas ton père, pas lui. Ton héros, l'homme de ta vie. Ce n'était pas possible. Tu oubliais de respirer l'espace de quelques instants et ton petit-ami te giflait pour te faire revenir à la réalité. Paniqué, tu pouvais voir dans ses yeux à quel point il avait peur pour toi, à cet instant. « Aimee putain réagis ! Il se passe quoi là ? » « Mon père... il est mort. » Tu plongeais tes yeux dans les siens et tu passais ta main dans tes cheveux, en état de choc. Enzo te blottissait dans ses bras et tu le repoussais violemment avant de prendre la fuite dans un sanglot.
23 avril 2012 - New-York.
Ton regard transperçait le sien alors que tu croisais les bras sur la poitrine, le défiant une dernière fois de te crier dessus. Il capitulait finalement avec un geste désinvolte et tu le regardais s'asseoir sur le lit. Il murmurait quelques mots et tu haussais les épaules. « Je te reconnais plus Aimee. » « Je ne suis plus la même Enzo, c'est comme ça. » Il soupirait bruyamment et tu tournais la tête vers la fenêtre pour regarder le soleil se lever, vous aviez passé la nuit à vous disputer, vous aviez couché ensemble et vous vous étiez redisputés. Vos nuits étaient rythmées par ses deux actions aux antipodes l'une de l'autre. C'était comme ça depuis plusieurs mois, depuis la mort de ton père tu ne faisais que survivre et ton couple prenait l'eau. Tu en étais consciente mais tu ne savais pas comment t'en sortir, tu ne lui avais jamais dit mais Enzo, tu voulais qu'il sorte de ta vie. Parce que tu étais en train de le détruire comme tu te détruisais toi et tu ne pouvais pas lui faire ça. Tu l'aimais, profondément, mais ça ne suffisait plus. Ni pour toi, et encore moins pour lui. « Je ne te mérite pas Enzo. » Une larme roulait sur ta joue et tu l'entendais soupirer une énième fois, tu ne savais pas combien de temps ça allait encore durer et le jeune homme semblait avoir pris la décision à ta place. Tu l'entendais parler, tu entendais vaguement un "tu as raison" et tu entendais la porte se fermer doucement. Il ne t'avait pas embrassé, il ne t'avait pas dit à bientôt, ou à demain, non il s'était contenté de partir comme tu le désirais tant et pourtant tu avais l'impression de mourir une deuxième fois. Tu avais tout foutu en l'air parce que tu n'avais pas eu la force de te battre pour survivre à cette épreuve.
14 août 2016 - New-York.
« Dehors, Aimee. Je ne le répéterais pas. A partir de maintenant, tu n'existes plus, c'est clair ? Ne compte pas sur moi pour subvenir une minute de plus à tes besoins. Je n'ai pas élevé une tapin. Ton père... il doit se retourner dans sa tombe tu imagines ? » Ce qu'on pouvait lire dans tes yeux à cet instant était indescriptible, c'était un mélange de haine, de tristesse, de déception, tout ça à la fois et certainement bien plus encore. Tu lançais un regard désespéré à ta sœur qui ne bougeait pas d'un poil, se contentant de verser une larme comme à son habitude. Pleurer, c'était tout ce qu'elle savait faire. Tu plongeais tes prunelles émeraudes dans celles de ta mère, lui infligeant tout le dégoût que tu ressentais pour elle par cette simple oeillade et tu tournais les talons, claquant la porte derrière toi avant d'aller t'engouffrer dans ta voiture, désormais ton seul refuge. Tu n'arrivais même pas à pleurer tellement ta colère était immense, tu étais pleine de rage, ta mère t'avait mise à la porte et tu aurais pu parier qu'elle était déjà sur internet pour te geler tes comptes en banque. Tu n'avais rien dit lorsqu'elle avait mentionné ton père car ça plus que le reste te blessait profondément. Il s'est suicidé il y a de cela cinq ans et tu n'avais jamais pu t'en relever, il était le seul qui te comprenait assez pour te rendre heureuse, pour te faire croire encore qu'il y avait de l'espoir dans cette vie et il t'avait abandonné de la pire manière qui soit. Tu fermais les yeux en posant tes mains et ton front sur ton volant et tu sanglotais avant de mettre le contact rageusement et partir loin de ta maison natale, sans un dernier regard sur ta vie qui désormais, n'était plus.
29 janvier 2016 - New-York.
Tu te rhabillais rapidement en cherchant ton string et ton soutien-gorge et tu glissais le billet que te donnais Soa dans ton porte-feuille. Tu n'étais plus que le fantôme de toi-même, c'était le cas depuis le décès de ton père, mais depuis que ta mère t'avait mise à la porte, c'était pire que tout. Tu avais décidé de continuer tes études tout de même, tu ne voulais pas abandonner ce qui te restait, ce qui te laissait espérer et ce qui te permettait d'avoir encore un tout petit peu de dignité. « Tu dors où ? » Tu relevais la tête vers Soa en fronçant les sourcils et tu haussais les épaules, en quoi ça l'importait ? Ça ne regardait que toi. « Je t'ai vu dans ta voiture l'autre matin. » Tu te figeais et tu plongeais tes yeux dans les siens en remettant ton chemisier. Effectivement, tu dormais dans ta voiture, tu mangeais dans ta voiture, tu baisais dans ta voiture. C'était ton appartement à toi, tu n'avais pas les moyens d'assumer un toit alors c'était mieux que rien. « Laisse moi t'aider. » « Je n'ai pas besoin de ta charité Soa. » Tu soupirais en prenant ton sac à main et tu t'apprêtais à sortir de chez lui mais il se positionnait face à toi pour t'empêcher de partir. « Je suis épuisée, je peux plus rien faire ce soir. » Tu n'avais pas besoin de sa charité mais la proposition qu'il te faisait était plus qu'intéressante, et tu lui promettais d'y réfléchir rapidement. Il voulait te payer un loyer, carrément, pour que tu puisses te loger dignement. T'avais fini par accepter, il ne t'avait pas vraiment laisser le choix.