Approchez, venez plus près que je vous raconte la petite histoire de cet énergumène étrange qu'est Esteban. Pourquoi je dis ça ? Il avait tout pour réussir, tout. Mais môôôsieur a préféré se diriger de son plein gré vers une voie interdite dans bon nombre de pays, ce chemin qu'est la prostitution. Ah mais pas en temps que proxénète en plus, bel et bien en temps que gigolo, que prostitué. Et dire qu'il aurait pu faire tellement d'autres métiers plus prestigieux... Même ingénieur, s'il avait voulu ! Enfin, vous allez comprendre... Commençons, voulez-vous.
Une nuit de Printemps, après vingt longues heures de travail, une jolie petite frimousse vit le jour. Julia, contrairement à Marco, n'était pas très emballée par l'idée d'avoir un enfant, et ils s'étaient beaucoup disputés à ce sujet. Lui le voulait, elle non. Six ans de différence, il était plus vieux et avait vingt-six ans, elle se trouvait trop jeune et voulait profiter encore de la vie. Elle avait proposé l'orphelinat, Marco avait refusé. « Plutôt te perdre et le garder lui ! » avait-il répondu. Chose dite... Chose faite. Le petit Antonio -oui, c'était son prénom officiel, que sa mère avait choisi- n'avait que trois mois quand une nuit, sa mère est partie. Il ne l'avait d'ailleurs jamais revu, et Marco n'en avait pas été surpris. Il avait alors commencé à élever son fils seul. Et la première chose qu'il fit fut de changer le prénom de son fils, qu'il n'aimait pas, en Esteban.
Marco était un bon père, bien que certains pouvaient dire le contraire, il avait toujours fait en sorte que son fils ne manque de rien. Mais il était un peu particulier : en effet, Marco était un grand arnaqueur. Il avait mille et une identités, et forcément, son fils aussi... Parce que comme il était tout seul à l'élever, il s'était retrouvé à entrainer très tôt son fils dans ses magouilles... Et le pire était qu'Esteban prenait ça pour un jeu, et adorait.
La preuve : dès cinq ans, il se mit à jouer la comédie pour aider son père à voler, à faire des coups bats, distraire les gens. Oui, parce qu'il n'était pas assez agile, il était trop jeune pour ça, alors il distrayait leurs victimes avec sa gueule d'ange... Gueule d'ange, diable au corps comme son père disait en riant et en lui frottant les cheveux.
Il changeait souvent d'école, parce qu'il changeait beaucoup de villes. Son père lui parlait espagnol, où qu'ils soient, peu importait le pays. Oui, il s'était retrouvé à partir en Italie d'abord. Il n'avait que quatre ans, donc il avait pu très bien intégrer ce langage, qui était tout de même relativement proche de sa langue natale, notamment grâce au fait qu'elles venaient toutes deux du latin. Cela dit, il n'y est pas resté longtemps, et à part la langue qui lui est restée, il n'en a pas vraiment de souvenirs. Mais du plus longtemps qu'il s'en souvienne, c'est une langue qu'il adore parce qu'il la trouve très chantante, donc très agréable à l'oreille... Il était donc arrivé dans ce pays à l'âge de quatre ans, et en était parti à sept ans, direction l'Allemagne. Pour le coup, la langue n'avait plus rien à voir avec ce qu'il connaissait, et là, il avait du mal. Mais au bout d'un an à l'école, il avait fini par plutôt bien intégrer la langue et, malgré les fautes qu'il faisait encore, ça devenait minime et il était parfaitement compréhensible. Mais le séjour fut encore plus court qu'en Italie, et il s'envola à neuf ans pour l'Angleterre, où il resta jusqu'à quatorze ans. C'est là qu'il eut sa première petite-copine, mais en couple, il s'ennuyait. Et la nature l'avait gâté, il n'avait pas eu de problème de boutons, de métabolisme, et avait toujours été conscient de sa beauté. Assez vite, il apprit à jouer de ses charmes, et grâce à son père qui lui enseignait depuis son plus jeune âge le langage du corps, il s'en sortait encore mieux, et quand il avait jeté son dévolu sur une fille -ou un garçon d'ailleurs !-, rares étaient les fois où il abandonnait ou perdait. C'était d'ailleurs les personnes qui lui résistaient qui lui plaisaient le plus, parce qu'il ne trouvait rien de plus jouissif que de réussir à séduire quelqu'un qui ne voulait pas l'être. Sa technique, il la perfectionna davantage en arrivant en France, à quatorze ans.
Eh oui : en quatorze pauvres années d'existence, il en avait vu, du pays. Bien entendu, personne ne savait pour son père, et il gardait donc toujours une part de mystère qui attirait beaucoup de monde. A leur arrivée dans ce nouveau pays, Marco décida de se calmer un peu, et de rester en France pour qu'Esteban puisse finir ses études correctement, sans changer de langue tout le temps. Quoique pour sa part, ça ne le dérangeait pas : Esteban avait une mémoire assez incroyable, et il était très intelligent. Les langues, il était habitué à en apprendre à présent, et les langues latines étaient, pour lui, simples maintenant. Grâce à l’allemand, il comprenait également le Luxembourgeois. Grosso Modo hein, parce que quand même.
Il était donc très intelligent, il s'adaptait parfaitement à tout type de situation, il était beau, il prenait soin de lui… Bah oui, c'est plus facile de détourner l'attention avec un beau visage ! Et comme il avait grandi en volant et arnaquant, c'était ainsi que son caractère s'était forgé. Un menteur, un manipulateur, qui avait pour arme un sourire de tombeur, de belles paroles qu'il avait l'air de penser sincèrement, alors qu'il ne faisait que jouer la comédie. D'ailleurs il avait été dans la troupe de théâtre de son lycée, et autant dire qu'avec son accent espagnol, cet accent enjôleur, il ne lui était pas très difficile de faire plier une fille… ou un garçon. Son plus gros défi personnel avait été de charmer la brute de son lycée, lorsqu'il était en première… Et il avait réussi. Cela dit, Esteban l’avait lâché avant que ça ne soit ce cinglé qui le fasse, et… il n'avait pas apprécié. Ça avait valu à notre pôôôvre rital, qui passait souvent pour un vrai Dom Juan, un nez cassé ainsi qu'une luxure à l'épaule et deux côtes fêlées. Pourtant, il ne regrettait pas.
Après avoir choisi la filière littéraire, dans laquelle il excellait, il arriva à entrer, après avoir obtenu son bac mention très bien, au CNAC, à Châlons-en-Champagne. Le Centre National des Arts du Cirque, une école très prestigieuse et à laquelle il est extrêmement difficile d'entrer. Réputé pour avoir formé des artistes du cirque reconnus mondialement venant de trente pays différents, Esteban avait passé le concours d'entrée. Il n'avait jamais fait de cirque, mais étant d'une grande souplesse, avec une fine musculature, une grâce naturelle et son habitude à faire des acrobaties en tout genre lorsqu'il aidait son père dans ses affaires, ça l'avait aidé. Sans parler de sa culture générale à toute épreuve. Il n'avait peur de rien, la Mort ? Il avait déjà pris un café avec elle.
Quelques années de parkour dans les jambes, il en avait fait, des chutes. Des belles. Jambe cassée, entorses, luxations… et puis il s'était aussi fait casser la gueule à plusieurs reprises. Ça ne l'empêchait pourtant pas de recommencer à faire des conneries. Généralement, c'était les grands frères ou les cousins des filles qu'il avait pu draguer avant de les lâcher sans pitié. Eh oui, si Esteban était un menteur, un beau-parleur, un hypocrite opportuniste, il n'était pas un grand bagarreur. Disons qu'il connaissait les bases, mais il n'aimait pas taper. Se faire taper, il n'en avait pas peur. Lui préférait s'exprimer avec les mots… c'était tellement plus fourbe et intellectuel !
Alors qu'il était dans sa dernière année d'études, la troisième, son père n'avait pas résisté à la tentation de faire une nouvelle rouerie. Pour une fois, son fils n'avait pas suivi, voulant finir cette grande école si prestigieuse, donc Marco avait fui en Russie ce coup-ci. Et une fois son diplôme en poche, obtenu avec succès, notre grand crétin avait choisi de rejoindre son père. Une nouvelle langue, une nouvelle culture, et même une nouvelle écriture… À ce jour, il sait parler russe, mais pas l'écrire, il n'y est pas resté suffisamment longtemps pour parvenir à l’apprendre.
Et puis après tant d'années de fourberies, d'arnaques, lui avait décidé d'arrêter. De prendre son envol, après tout il en était largement capable. Et puis son père partait à nouveau, alors Esteban, au bout de deux ans seulement, quitta la Russie pour les Pays-Bas. Il avait alors vingt-quatre ans… et avait arrêté son choix pour la ville d’Amsterdam. Oui, vous comprenez pourquoi. Oui oui, c'est ce que vous pensez. Puisqu'il aimait tant les plaisirs charnels, il avait décidé de tenter le métier… et quoi de mieux que le quartier rouge pour ça ? Son physique avantageux lui permit donc facilement de trouver un job, et il en devint aussi rapidement un excellent élément, pour les femmes comme pour les hommes, peu importait ce qu'ils aimaient… même s'il avait quand même une petite préférence, lorsqu'il le fallait, pour la dominance. Il pouvait se soumettre, il aimait tout de toute façon.
Mais même s'il aimait ce boulot, et qu'il avait intégré cette langue aussi… Il décida de changer -encore- d’horizon. Donc à l’âge de vingt-sept ans, il débarqua en Amérique. Aux États-Unis plus précisément, vers Washington. Il en fit un peu le tour en deux ans, couchant çà et là, se faisant un peu d'argent parfois en plus de quelques ennemis, enfin bon : la routine, pour lui. Et finalement, l’année de ses vingt-neuf ans, il débarqua à New-York.
Voilà donc près de deux mois qu'il habite dans la grosse pomme, à chercher du travail… Et voilà qu'il entend parler du Moine. Particulièrement intrigué, et très possiblement intéressé, monsieur le fils d'arnaqueur a mené une rapide petite enquête… Et il a décidé qu'il se ferait embaucher. Et c'est là-dessus qu'il pose ses valises au Parking, prêt à se faire des ennemis, plus que des amis. Des alliés, à la limite.
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SON P'TIT CARACTÈRE...Menteur. Esteban ment comme il respire... Peut-être même plus que ça ! Il n'a pas de parole, et le problème ? Il est très
intelligent. Il sait se contrôler. Il est
patient. Ce qui veut dire qu'il attendra, et il est un peu
monomaniaque sur les bords, s'il veut quelque chose... La plupart du temps, il l'aura. En même temps, c'est dans cette optique qu'il a été élevé.
Flatteur professionnel, beau-parleur, ses paroles en ont trompé plus d'un. Il leur promettait monts et merveilles pour finalement les laisser. Comme Dom Juan en somme. Vous l'aurez compris, il est Malhonnête. Il le sait, et il ne s'en cache pas. Justement : s'il y en a un qui peut flairer une arnaque, c'est lui ; et honte à lui s'il se fait avoir, il se vengera sans pitié. Et dans la démesure bien entendu. Il faut savoir aussi que c'est un
lâche , c'est un
traitre . Il ira toujours chercher ce qui lui va le mieux. La meilleure affaire. Là où lui risquera le moins en ayant le plus d'avantages. Il n'hésitera donc pas à trahir quelqu’un s'il y a mieux quelque part ailleurs. Oui, c'est un
opportuniste ! Mais quand on se rend compte de l'ego surdimensionné qu'il a et de son
égoïsme... En fait, la seule et unique personne à qui il a toujours été fidèle, c'est son père. Et le jour où il s'accroche réellement à quelqu'un, que ça soit en amitié ou en amour (bien qu'il pense cela impossible et ridicule), il risquerait d'être extrêmement différent et très accroché, possessif et jaloux... Parce qu'il sait que des manipulateurs comme lui, et bah... Ça existe.