Mai a du mal à reprendre ses esprits. Elle veut pas envoyer un message à Tony pour lui dire qu'elle vient encore de faire une crise, pour lui dire qu'elle vient de foutre l'appart sans dessus-dessous à cause de ses colères. C'est toujours comme ça quand elle fait des crises. Elle crie, elle balance tout, elle se fait mal, elle fait du mal. Cercle vicieux qu'elle n'arrive pas à surmonter, c'est bien trop difficile pour elle. Elle est pas assez fort, Mai. Elle a pas assez de courage que pour surmonter sa maladie. Que pour chasser les voix qui lui hurlent des insanités dans sa tête. Elle respire à grandes bouffés, recroquevillée dans le coin de la pièce, les yeux rouges de larmes.
"J'veux plus... J'veux plus..." Qu'elle répète inlassablement. Gamine esseulée.
C'est Owen qui sort Mai de son délire en venant frotter son crâne contre son genoux. Elle glisse ses doigts dans sa crinière rousse, remonte la manche de son pull pour essuyer la morve qui traîne sur son nez. C'est ça de pleurer en sanglot, rien de très sexy faut se l'accorder. Elle attrape son chat dans ses bras en se mettant sur ses talons.
"Ca reste entre nous, d'acc ? Tony doit pas savoir." Qu'elle chuchote au creux de l'oreille de son comparse. La gamine laisse le chat s'évader de ses bras, mais voilà qu'il gratte à la porte. Elle laisse s'échapper un soupir las de la barrière de ses lèvres.
"Tu veux sortir ? J'devrais peut-être faire pareil." Mai attrape la veste en jean de Tony qui traine, l'enfile et claque la porte derrière son matou, une fois sortis. Ils descendent les escaliers à toute vitesse, se séparent bientôt alors que la blonde pousse la porte de l'extérieur. Il y a la foule, elle a horreur de ça elle. Elle aime pas se sentir collée aux gens. Mais elle aime encore moins être seule, livrée à ses souffrances et aux ombres du passé. Alors Mai, elle respire un grand coup et elle s'élance, prenant soin de longer le mur en cherchant un visage familier parmi la foule.
À la place de tout ce qu'elle aurait pu imaginer, c'est au nez d'un type louche qu'elle tombe. Elle relève la tête et dans son mouvement, analyse un sac renversé au sol et derrière l'épaule du gars, une fille pas plus vieille que Mai. Qu'est-ce qu'il lui veut ?
T'en mêles pas Mai. Bien sûr qu'elle va s'en mêler.
"Laisse la tranquille." Qu'elle se risque, le regard noir de haine. Elle a peut-être eu trop d'assurance parce que la minute qui suit, la blonde perd tous ses moyens face aux éclairs dans les yeux de son ennemi. Le type rit au nez de Mai, pose son regard lourd de sens sur elle ce qui donne le temps à l'inconnue de ramasser son sac et de s'enfuir.
"Sinon quoi ?" La blonde s'énerve. Aujourd'hui c'est pas son jour. C'est sans réfléchir que son poing s'abat et déforme la joue de l'agresseur d'une violence qu'elle ne connaissait pas. Violence trop faible pour l'assommer. Ses paumes percutent ses épaules, elle le pousse en arrière avant d'enlacer le poignet de l'inconnue et l'attirer dans la foule, tout contre elle.
"Merde ! Je savais pas ce que ça pouvait faire aussi mal !" Elle regarde ses phalanges écrevisse avant d'exploser de rire.