Tu t’en souviens encore de ce moment ou tes patrons sont venues te voir pour t’annoncer qu’après plus de dix ans de bons et loyaux services tu allais passer Inspecteur… Cette nouvelle t’avait donné le sourire, tu t’étais dépêchés d’annoncer tout cela à tes parents et bien évidemment à ta femme qui hurla de joie pour toi. Puis quelques heures après on t’annonça que tu allais quitter la paisible ville de Cadiz dans l’Ohio pour un petit commissariat du Bronx. Là, tu réalisas, bien trop tard, que même si tu avais eu ta promotion tu allais être “sacrifié” et être envoyé dans le quartier le plus difficile de New-York City. Au départ ta femme tenta de relativiser, c’était une campagnarde, alors elle rêvait de la Big Apple, de ses nombreux magasins et de sa vie nocturne, mais elle déchanta assez rapidement en voyant leur appartement au Parking et l’état du quartier dans lequel ils se trouvaient.

Au fil des mois, ton couple commença à se dégrader, car entre les dealers, les proxénètes et les dizaines de flics ripoux ou corrompus à surveiller, tu ne rentrais pas à la maison avant vingt-et-une heure… Enfin ça c’était au début. Car toute cette… saleté… cette perversion… eu rapidement raison de ton optimiste. Après un peu plus d’un an et demi tu abandonnas l’idée de te faire mousser auprès de tes supérieurs en purgeant ton commissariat, en faisant le trie entre le bons éléments et les mauvais. Mais tu compris assez rapidement que c’était perdu d’avance. D’abord parce que la plupart de ces flics new-yorkais avaient du mal à faire confiance à un petit gars de la “campagne” comme toi et ensuite parce que tu risquais de te faire descendre avant d’avoir terminé ton travail.

Tu étais encore jeune et tu n’avais aucune envie de te retrouver dans un caniveau avec une balle entre les deux yeux. Alors comme un misérable petit lâche, tu pris la décision d’abandonner. C’est à cette époque que tu réalisas que tu n’avais pas les épaules pour être un genre de chevalier blanc… et depuis ce jour tu te contentes de fermer les yeux devant les dérives de certains de tes collègues, qui pourtant te débectent et te donnent envie de vomir. Mais hélas, tu n’es rien d’autre qu’un pavé jeté dans la marre… Un pantin que l’on a mis là pour faire croire à une once d’autorité.

Un soir d'août, alors que tu cherchais un moyen de ne pas rentrer immédiatement à la maison, pour ne pas entendre les mille complaintes de ta femme… pour ne pas avoir à te regarder dans un miroir…. Un jeune homme, un petit merdeux que tu avais fais enfermer lors de ton arrivée dans la métropole, te bouscula et te planta un couteau dans le bide. La lame passa entre les cotes et perfora tes poumons, à cause de cela, tu passas trois semaines dans le coma et plus de quatre mois à l’hôpital. Pendant ce petit lapse de temps, tu reçus quelques bouquets de fleurs et même un panier garnis… preuve que les gens pensaient vraiment que tu allais y passer ! Mais bon tu étais beaucoup plus solide que tu en avais l’air… Un vrai gaillard de la campagne quoi…

Désormais tu tousses comme un beau diable, et comme un con tu continues à fumer comme un pompier, tu te retrouves essoufflé après avoir monté trois marches et tu es obligés de te droguer à la ventoline… Mais tu as l’impression d’avoir repris tes esprits. Oui… Tu es persuadés que le bon dieu t’a épargné pour que tu réalises ton rêve : devenir un vrai bon flic. Comme ceux que l’on voit dans les films et les séries. Pas une espèce de caricature… un pochtron incapable de prendre des décisions.