kid won't shut up + salomon

kid won’t shut up

Salomon & Esmeralda

Elle rattache ses cheveux en un chignon lâche, fait signe aux caméramans de couper. Soupir de soulagement général. La scène avait été intense, appuyée par la nouveauté imposée : tourner en live. C’était une expérience qu’elle avait elle-même tenté avant de l’imposer à ses acteurs, et ils avaient formidablement joué le jeu. Elle les laisse retourner leur loge avec un sourire, tandis que les nettoyeurs s’occupent d’effacer les traces rougeâtres du plateau. Le décor légèrement glauque plaît à la reine, vieille usine désaffectée avec, sur le sol, quelques fouets ensanglantés baignant parmi les multiples accessoires. Il fait partie des préférés de ses utilisateurs, elle se devait de l’afficher. Elle fait quelques pas jusqu’aux techniciens, s’enquiert des audiences. A les yeux qui s’enflamment. Ils sont venus en masse, tas d’animaux brûlants de désirs, se branlant devant deux corps en fusion. La scène a plu, ils réclament davantage. Tu appelles une caméra à toi, dévisage l’écran inerte. « Hola mi amores, je vous réserve une petite surprise, un nouveau visage. Ne me quittez pas, » elle lâche avec son sourire de déesse.

L’annonce ne surprend pas ses employés, ils se contentent de couper l’antenne, laissent les auditeurs seuls avec leur main droite. Elle réajuste sa veste, tourne les talons, traverse le corridor. Le studio est bien situé, perdu dans une ruelle anonyme du Bronx, le loyer peu élevé pour un endroit immense, qu’elle prend grand plaisir à décorer au gré de ses envies. Elle pousse la porte, salue les quelques junkies affalés à quelques pas d’elle. Il lui faut un nouvel acteur, une nouvelle actrice, peu importe son âge sa taille sa race. Elle inventera un scénario sur le tas, jouera le rôle principal. Les internautes aiment voir Sahel en action, Sahel la belle aux mille et un visages. Elle fascine, elle émerveille, elle donne envie de la rejoindre sur scène. Et son charisme amène des âmes intriguées à ses portes vitrées, au studio Nolbel, fait tourner le business. Ça l’empêche de chercher trop longtemps. Et comme toujours, la chance est de son côté, elle croise un enfant, un adolescent, 18 ans sans doute, pas plus de la vingtaine. Elle lui sourit, démon pernicieux au visage de reine, pose ses doigts délicats sur son bras. « Hola niño, je peux t’aider ? »

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Tu te retrouves enfin devant le bâtiment. Isolé, bien caché dans une ruelle du quartier, tu as bien failli ne pas le voir malgré sa taille imposante. Il faut avouer qu'il ne paie pas de mine comme ça, vu de l'extérieur, avec tous ces junkies qui traînent autour. Tu te demandes même si tu es vraiment au bon endroit, si tu ne t'es pas planté en cherchant l'adresse. Tu es peut-être tombé dans un trou pourri, où il n'y a rien d'autre que des junkies en manque de drogue. Et ça te met un peu mal à l'aise. Tu as beau regarder la porte devant toi, tu n'oses pas aller jusqu'à elle. Et encore moins l'ouvrir. Parce que tu ne sais pas vraiment ce que tu vas trouver derrière, ni même si tu ne vas pas te faire virer de là avec quelques coups dans la gueule au passage. Alors tu restes planté là, à quelques mètres de l'entrée, appuyé sur le mur. Une clope à la main, tu fixes avec un peu trop d'insistance le sol, notant sans vraiment savoir pourquoi toutes les pourritures qui le souillent. « Hola niño, je peux t’aider ? » Tu es arraché de tes pensées, extirpé de ton monde intérieur. Finalement ton immobilisme a attiré l'attention, alors que ce n'était pas vraiment ce que tu voulais. Attirer l'attention de junkies, c'est un peu la dernière de tes envies. Mais alors que tu redresses la tête pour refuser poliment – ou non – la proposition, tu gardes le silence. Car devant toi, ce n'est pas une junkie comme tu aurais pu le croire. Tu n'avais jamais entendu sa voix, mais tu connais particulièrement son visage pour la voir régulièrement. Où, tu n'osera sans doute jamais le dire. Même si tout le monde le sait, même si tout le monde la voit au même endroit.

« Heu... » Tu bafouilles. Tu te perds dans tes mots, au point qu'aucun ne sort de ta bouche. Que t'as l'air idiot comme ça, la clope qui se consume entre tes doigts et le regard bloqué sur elle. Tu essaies de rester fixé sur ses yeux, de ne pas descendre. Mais fatalement, c'est plutôt dur étant donné que tu n'as pas l'habitude de la regarder à cet endroit. « C'est possible. » Ouais non, tu fais pas mieux là. T'as surtout l'air d'être un débile fini, le genre de mecs terminés à la pisse qui perdent tous leurs moyens devant leurs idoles. Tu ne pensais franchement pas être de ceux-là. Mais faut dire que tu n'as pas vraiment l'habitude de tomber nez à nez avec ce genre de célébrités, de celles qui t'aident à te libérer d'un poids devenant trop encombrant. « C'est possible de venir... assister ? » Participer ? Inutile de se mentir, tu ne veux pas seulement assister à ses films. Surtout quand elle s'incruste dans le casting. Ouais, tu veux participer. Tu pourrais tuer n'importe qui pour tenter cette expérience avec elle, pour devenir toi-même star d'un soir.

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Il est intimidé, l’enfant, la dévisage comme une apparition. Elle est belle, la reine, avec sa chemise cintrée qui met en valeur ses seins, ses atouts qu’il ne peut s’empêcher de fixer. Il a les yeux qui hésitent, ne savent où se poser, trop habitués à regarder en bas qu’à s’attarder sur ses traits magnifiés. Elle a un sourire, satisfaction futile de sa possession nouvelle. Il est un peu paumé, l’enfant, mais c’est pas grave, elle va le guider jusqu’à son antre, le dévorer. Elle se permet de rire, presque attendrie par sa candeur. C’est vrai qu’il doit être impressionné de se retrouver face à la star de ses nuits. Car elle est, sans conteste, la lumière de jouissance des vits délaissés. Sa main vient se poser sur le visage du bambin, détailler son visage fin. Oui, il conviendra, l’enfant, il l’inspire déjà, lui permettra de toucher un public trop souvent délaissé. Sourire carnassier. « Tu as de la chance niño, je cherchais justement un nouvel acteur. » Un nouveau jouet. Elle l’attire doucement à elle, détache sa main de son visage pour la caler sur sa hanche et l’entraîner jusqu’aux portes glacées.

L’équipe dévisage un instant le jeunot, puis s’approche de la reine pour prendre ses directives. « Décor salle de classe, lumière blanche, un peu tamisée par la suite. Pas besoin de matériel particulier. » Elle lance ses ordres d’une voix froide, la professionnelle est en action. Elle emmène l’enfant jusqu’au plateau maquillage, demande quelques touches de couleur sur son visage pâle. Elle s’assoit à ses côtés, réajuste son bustier. Les yeux qui brillent. « Bien, aujourd’hui nous sommes en direct, mais il ne faut pas que ça te stresse. » De toute façon elle saura le détendre bien vite. « Scénario plutôt classique mais en manque actuellement, la prof couguar qui abuse de son élève. Tu dois être réticent au début, ta timidité jouera en ta faveur, pas de souci de ce côté. Je contrôlerais la suite, mais si tu as un sursaut d’excitation, n’hésite pas à prendre le pouvoir, » elle lâche avec un sourire amusé. Il peut lui réserver quelques surprises, sait-on jamais. Les joies du direct.

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Entre les yeux et les seins, ton regard hésite, se perd dans ses choix. Tu ne sais pas où donner de la tête, ni pour quoi tu passes en ce moment précis. Oh, voir quelqu'un loucher sur sa poitrine ne doit pas la surprendre plus que ça, elle qui est connue pour les exhiber dans chacun des films où elle joue. Mais ici, dans cette allée, tu as cette tenace impression de ressembler à ces vieux pervers dégueulasses, frustrés par leur vie sexuelle, et qui pour compenser ne trouvent rien de mieux que de mater ostensiblement en pleine rue. Ouais, t'es de ceux-là en cet instant précis, en train de dévorer du regard le corps de la demoiselle. Finalement, c'est le contact de sa main contre ta joue qui t'extirpe de tes pensées, et oblige ton regard à se repositionner sur ses yeux. C'est mieux comme ça, c'est moins pervers, moins dégueulasse. Même si le contact physique te laisse bouche bée, immobile. Tu ne sais pas vraiment comment réagir, ni pourquoi elle te touche comme ça. Ta question était peut-être idiote. Peut-être que tu ne peux, et que c'est une évidence pour tout le monde. Sauf pour toi. Tu t'imagines bien que tu va pas te branler en plein milieu d'un plateau de tournage. Mais t'aurais bien aimé découvrir l'envers du décor, voir comment ces films sont tournés.

« Un nouvel acteur ? » Tu clignes des yeux, cherchant à comprendre la signification de sa phrase. Apparemment oui, tu peux y assister. Mais visiblement, elle ne veut pas se contenter de te voir près du plateau. Elle veut t'y voir dedans. Pour jouer. T'es partagé entre le bonheur de jouer dans un film, et le stress de jouer dans un film. C'est pas comme si t'avais fais ça, et que tu ne connaissais absolument rien au monde du cinéma. Ni à celui du porno, d'ailleurs. Regarder des vidéos derrière ton écran ne fait pas de toi un expert de l'art érotique. Alors tu te laisses faire, bien trop occupé à t'imaginer un tas de scénarios tandis qu'elle t'attire doucement à elle, pour poser sa main contre ta hanche. Même là, tu ne réagis pas tellement. Pas de geste de recul, pas de doute. Pourquoi avoir des doutes ? Tu vas t'envoyer en l'air, et être filmé pendant toute la durée de l'acte.

Tu restes silencieux, te contenant de rester à quelques centimètres d'elle tandis qu'elle donne des consignes aux techniciens. Ouais, c'est sûr, t'es impressionné par le studio qui, de l'extérieur, ne paie vraiment pas de mine. Mais ici, à l'intérieur des locaux, les choses sont totalement différentes. Dire que pendant longtemps, tu es passé près de cette ruelle sans même te rendre compte des trésors renfermés dans ce vieux bâtiment rouillé. Elle s'installe à côté de toi, tandis que des maquilleurs commencent à bosser sur ton visage.
Et le stress continue de monter, quand tu apprends que c'est en direct. Tu t'attendais franchement pas à ça. Jouer dans un film, pourquoi pas, même si t'as aucune idée de ce que tu dois faire. Mais le faire en direct... Elle est sûre de ce qu'elle fait ? « Je promets rien. » Parce que tu n'as jamais fais ça, tout simplement. Tu ne sais même pas combien de temps ça doit durer, ni ce que tu dois faire. Le grand saut dans l'inconnu.

« Réticent, ok... C'est toi qui joue ? » Parce que ça, tu ne l'as pas vraiment vu venir. C'est plutôt rare qu'elle s'intègre dans ses films. Et apparemment, tu as l'honneur de découvrir le monde du porno avec elle. Pas de pression en plus, qu'elle disait.