Topic Commun #3

Le perron ; tri sélectif, mon œil !

Topic Commun

La concierge les contemplait tous, ces poubelles mal-utilisées, dans un bordel pas possible avec des gens tout aussi répugnants. Elle avait recueilli quelques habitants assidus et « propres sur eux » pour pouvoir faire ce tri sélectif. A croire qu’elle était la seule à le faire dans cet immeuble. Elle eut aussi la bonté de commencer par leur faire un dit cours pour qu’ils puissent comprendre comment fonctionnent ces poubelles… « - Et ensuite, tout ce qui est papier et cartons vont dans cette poubelle-là » Elle était plutôt fière même… Pourquoi n’avait-elle pas tenté de devenir professeur des écoles ? « - Vous avez compris ? Alors au travail maintenant ! »

Hors-jeu : Comme annoncé, ce topic est commun à tous ceux qui le souhaitent, il n'y a pas d'ordre ni de longueur imposée, faites ce qui vous plait mais laissez aux autres le temps de participer ! En cas de duo trop prononcé, n'hésitez pas à créer un topic privé dans la section réservée à l'event, cela déchargera ce topic commun. Vous pouvez bien entendu participer à plusieurs topics communs.

Tu n’avais pas eu l’intention de participer mais alors que tu ne t’y attendais pas, la Concierge t’avait attrapé par les épaules et sans même te demander de ton avis, elle t’avait traîné à l’extérieur, non sans attraper d’autres locataires au passage. Avait-elle seulement conscience que tu n’avais même pas d’appartement dans l’immeuble ? Du moins…que tu n’en avais aucun à ton nom ! Les joues rosies par l’embarras, tu te tenais le coude à travers ton ventre, n’osant regarder les autres malheureux locataires, de peur de te faire reconnaître par quelqu’un même si tu savais que cela était impossible, personne ne t’avait prise la main dans le sac.
Mais finalement, rien ne te forçait à rester, pas vrai ? La dame ne resterait tout de même pas pour vous surveiller, si ?

Pourquoi est-ce que je me trouvais là ? En fait… Je me pose cette question depuis trente-deux ans ? Qu’est-ce que je fiche là ? Dans cette vie… Pourquoi je me trouvais dans ces situations grotesques. Si seulement je le savais. Si seulement… J’écoutais à peine le discours de la concierge, je comprenais qu’elle veuille rendre cet endroit plus… Potable. Même si moi, je me complaisais dans l’idée de vivre dans une décharge. Parce que j’étais ce que l’on peut nommer un déchet de la société, une ordure en décomposition. Je pourrissais à une telle vitesse, je me sens froid et pas recyclable. Il n’y aura pas ne nouvelle vie pour le bon vieux Gardner. Rien ne pourrait plus me transformer pour donner quelque chose de meilleur. Voila que l’on devait tirer els ordures. Je n’avais jamais vraiment fait attentions aux couleurs des poubelles, chez moi si… Avant… Mais maintenant, je m’en fichais pas mal. Au moins, contrairement à d’autre j’avais les décences de jeter mes ordures dans la benne et non pas à coté. C’était un tel dépotoir…

« Et la poubelle pour les foutu problèmes c’est laquelle ? » La poubelle pour les déchets humains, la poubelle pour le sang, pour la peine, la douleur, l’envie de se noyer, la poubelle des idées suicidaires, des visions morbides, des anniversaires bidons et des lamentations avant de s’endormir. Elle est où cette fichue poubelle où l’on peut se débarrasser du désespoir ? J’avais grommelé dans mon coin, les bras croisé devant mon torse. J’attendais seulement qu’elle s’en aille pour l’imiter, personne ne remarquera rien. Personne ne me vois jamais.

J’avais pas l’intention de me pointer à ce grand nettoyage mais aujourd’hui j’ai rien à faire. J’ai passé trois heures devant mon ordi à rien faire. Buzzfeed, facebook, tumblr et j’en passe. J’ai pas envie de sortir faire du sport. J’ai envie de rien. Je me dis que ça me ferait du bien de sortir mais j’arrive pas à me décider alors je me lève de mon canap, j’enfile un jeans et un hoodie avant de sortir. Une fois sur le perron je vois la Concierge qui me fait un grand sourire, elle doit penser que je suis venu pour les aider… Et bien visiblement oui, parce que je reste. Je l’aime bien cette Concierge. Je crois qu’elle m’aime bien aussi. J’écoute ses consignes et j’hoche la tête.

« Entendu chef. »

Oui je suis un peu un lèche cul. Je croise le regard d’une petite jeune qui a l’air de vouloir filer et je croise un type que j’ai déjà vu quelques fois. Il me fait rire quand il parle de la poubelle pour les problèmes. Je vais prendre des gants parce que même si c’est sensé être que du carton, plastique et papier, je trouve tout ça bien dégueulasse.

« Elle est chez le psy cette poubelle. »

Je lui fais un clin d’oeil plus par automatisme qu’autre chose et j’espère que c’est pas un putain d’homophobe. Je fais mon bon samaritain et je commence à faire le tri comme Rebecca l’a dit (oui je l’appelle par son petit nom). Je souris quand je tombe sur un emballage de test de grossesse.

« Ca je suis sûr que c’est pas à moi. »

Je vais le foutre dans la poubelle adéquat.

Un jeune homme me fit une réponse qui prit un écho étrange dans ma boite crânienne. Le psy… A croire que tout le monde se persuadait qu’il n’y avait que cela pour m’aider. Je n’étais pas d’accord. Il me fit un clin d’œil et je lui répondais en peinant beaucoup trop pour cacher mon amertume « C’est plutôt du fric qui est mis à la poubelle chez le psy. » Un gaspillage d’argent et de temps. Je soupirais une fois de plus. Tout le monde semblait aussi motivé que moi. Enfin… Sauf ce gars là ; il se met au travail et sa remarque devant un détritus, qui quand je l’identifié me donna la nausée. Je n’étais pas une princesse, mais bon sang je n’avais aucun désir de mettre mes mains dans ces ordures… Malgré tout, le temps d’enfiler mes gants, je m’approche et quel bonheur… Des couches de bébés et elles sont loin d’être stériles ! Quand cela provient de ces propres enfants ; passe encore…

Je ne me sentais pas très bien, mes yeux verts cherchaient alors quelque chose de moins… Ecœurant. Je trouvais des emballages en cartons et prit plus que mon temps pour les mettre dans la dite poubelle des cartons. Le pire dans tout ça ? J’avais simplement voulu rentrer chez moi et boire un verre… Je crois que c’est pour cela que je me sens si mal. Alors quand je trouve cette bouteille à moitié pleine ; je me trouvais dans un état de souffrance que personne ne comprendra jamais.

Regardant autour de toi, tu te surpris à trouver ces gens enthousiasmés à l’idée de ramasser des déchets. Tu t’étais davantage attendue à les voir tirer la tête, à les entendre râler qu’ils n’étaient pas des poubellemen et qu’elle n’avait qu’à le faire elle-même si elle n’était pas contente. Au lieu de ça, ils s’armaient de sacs et commentaient joyeusement leurs découvertes comme s’il s’agissait de trésors. Toi qui avais envisagé de filer en douce dès que la Concierge aurait tourné les talons, te voilà prise de remords. C’est vrai que ce ne serait pas cool que de les laisser se débrouiller tout seuls et puis, ils avaient un air sympathique. Puis derrière tout ça, tu savais que tu manquais cruellement de contacts sociaux, tu n’étais même plus sure du son de ta voix ou même de savoir comment te comporter. Ni même quel visage leur présenter. Lilah la forte ? Lilah la séductrice ? La timide ? T’approchant finalement d’eux d’un pas timide, tu te présentais devant celui qui bavardait gaiement. « Est-ce que tu aurais un autre sac ? Je ne savais pas qu’il fallait venir équipé » Ni venir tout court en fait mais ça c’était une autre histoire hein ! Tu n’allais pas le lui expliquer. Tu dessinais malgré tout un petit sourire sur tes lèvres charnues, essayant de te rendre la plus aimable possible, pas qu’il pense que tu te fichais de lui.

Assise en tailleur devant une caisse, parce que oui, j’étais partie avec rien de chez mon ex, et pourtant, il avait tenu à me rendre des affaires, celles que j’avais en arrivant chez lui en fait, des trucs de pauvres comme il avait aimé me le rappeler. Je n’étais pas aussi riche que lui et je ne le serais jamais autant, mais bon… Alors que je lance encore un morceau de journal, celui-ci tombe à côté de ma corbeille en papier… Elle est pleine… Je soupire alors et me lève pour remettre le papier dedans avant de saisir la corbeille et prendre le chemin des bennes à ordure, sept étages plus bas. Enfin, je vais faire l’aller-retour rapidement et je me remettrais à mes caisses… C’était ce qui était prévu, sauf qu’en voyant l’attroupement près des bennes, je reste immobile un moment, ma corbeille en main avant de finalement m’approcher d’eux, passant entre les personnes présentent pour aller jusqu’à la benne pour les papiers et les cartons. Je suis un peu mal à l’aise, ça fait peu de temps que je suis là, alors je ne sais pas comment je dois agir là… Je n’étais pas au courant qu’il y avait quelque chose de prévu aujourd’hui, une sorte de ménage… J’ai dû arriver après l’annonce ? Ou bien la manquer… Je vide donc ma poubelle avant d’aller la déposer près de l’entrée et me tourner vers eux.

« Vous voulez une paire de main en plus ? »

Je ne sais pas pourquoi je me propose comme ça alors que j'ai encore plein de boulots dans mon appartement pour m'installer... Peut-être parce que je n'ai pas envie de me faire mal-voir par les premiers potentiels voisins que je croise ?

Pourquoi faire le ménage dans l'immeuble alors que tu ne le faisais même pas dans ton propre appartement, ou alors très rarement, en cas d'extrême urgence ? Tu laissais une partie de tes voisins sur le toit, une autre dans la cage d'escalier à effacer ces foutus tags qui pour la plupart de ressemblaient à rien et toi, tu finissais par jouer à l'éboueur, à trier les poubelles comme un pauvre mec. Tu n'avais pas eu le choix, comme la plupart des gens ici, on t'avait prit en grappe lors de ton arrivée du boulot - qui n'était pas simple, assez fatiguant, vu les horaires - et on t'avait obligé à rester là, pour aider les autres. Au fond, tu n'es pas un méchant garçon, tu pouvais très bien faire quelques efforts...mais tu étais bien trop crevé. Se lever aux aurores tous les matins, ce n'était pas simple et depuis ces deux ans maintenant, tu n'y étais toujours pas habitué. Tu te sentais tellement mieux dans un lit au chaud plutôt que dehors à ranger les ordures et à comprendre où il fallait les placer. Pourquoi existait-il tant de poubelles ? Ce n'était pas très intelligent d'avoir créé ça pour les gens comme toi. Ceux qui n'en avaient rien à foutre et qui jetaient tout n'importe comment, au hasard. Tu étais en train de "travailler" quand une demoiselle arriva et proposa son aide. « Vous voulez une paire de main en plus ? » C'était si gentiment demandé, tu ne pouvais pas refuser ! Maintenant que la concierge était partie, tu pouvais prendre une pause bien méritée. « Ouais, pour me remplacer. » Tu ne laisses pas le temps que la fille réagisse et tu te poses déjà sur les marches du perron, pour te rouler un joint tranquille. C'est elle qui avait proposé après tout ! Et tu n'avais aucun remord à agir de la sorte, t'avais trié quelques trucs déjà, les autres pouvaient en témoigner. Chacun son tour.

Il a pas tort quand il dit que c’est cher le psy. Chacun ses priorités dans la vie après c’est sûr. Mon psy moi c’est presque quelqu’un de ma famille maintenant. Il me suit depuis que je suis arrivé à New York y’a 8 ans de ça. Le temps passe super vite c’est fou.

Une jeune fille plutôt jolie s’approche de moi et me demande un sac.

« Oh ouais y’en a plein là bas. Attend. »

Je lui file celui que j’ai et je vais en prendre un autre, là où Rebecca m’a montré. Je reviens vers elle et je lui fais un sourire.

« Si j’étais toi je me concentrerai sur les trucs en carton. Y’a moins de chance que ce soit dégueu que les trucs en plastique où t’as souvent de la bouffe ou quoi dedans. »

Je regarde un peu toutes les merdes autour de nous.

« Enfin, je dis ça mais j’ai l’impression qu’on va avoir des belles surprises ici. »

Je grimace un peu et reprend à trier, faisant gaffe à ce que rien ne touche ma peau. Y’a une meuf qui se ramène et un type qui profite de se barrer. Je m’en fiche un peu, je suis là pour aider pas pour faire genre. Si j’avais pas envie je serai déjà parti.