t'es pressée aujourd'hui, t'as pleins de choses à faire. tu dois aller chercher ton frère, tu sais pas où il est aujourd'hui, il répond pas, ça t'inquiètes, faut vraiment que tu comprennes ce qu'il fabrique quand t'es pas avec lui, c'est ta famille, l'homme de ta vie au final, le plus important. puis faut que t'ailles à tes cours d'audiovisuel, t'y es pas allée depuis quelques jours et ils vont te supprimer ta place si ça continue, t'es une des meilleurs avec tous les projets que tu ramènes à montrer du parking. après, faut que tu t'occupes de ton blog, que tu le refasses entièrement, le design du moins, parce que ça fais trois mois que c'est la même chose et t'en as marre, t'as de moins en moins de visite, faut que tu te renouvèles et trouve une idée, au plus vite.
d'ailleurs, vite, c'est l'allure où tu vas en ce moment, en dévalant les escaliers du treizième étage jusqu'au rez de chaussée, t'as la foie aujourd'hui et prendre l'ascenseur aurait été trop long avec toutes ses équipes d'informations qui sont arrivées. t'adore filmer, mais t'aimes pas être filmée. t'adores les journalistes ou caméraman, mais il y en a vraiment qui sont casse-couilles. sauf que t'arrives au niveau du huitième étage et t'entends un bruit, t'as failli te gameler toi aussi avec toutes ses conneries. énervée, ce que tu es en ce moment, depuis que t'arrives plus à te contrôler, tu cris pratiquement, « mais bordel de m....! vous pouvez pas faire gaffe, y en a qui vivent ici ! » puis tu te rattrapes au mur et tu t'arrêtes. t'es pas comme ça, t'es pas méchante, alors tu regarde le mec qui est en train de se haïr -enfin tu l'imagines- et tu dis finalement, « vous voulez de l'aide ? » et tu vois des gens qui observent, l'air de rien, t'ajoutes, « vous pouvez pas l'aider ?! nom de dieu ! » et toi avec tes cheveux colorés en bleu et ta couronne de fleurs, t'as l'air fine maintenant.

Un peu lassé de croupir dans son appartement et fatigué des cris qui parvenaient jusqu'à ses fenêtres, Tommy il décide de s'éclipser de là. D'aller se réfugier sur le toit, espérant y trouver un peu plus de tranquillité pour piquer un somme, se reposer. Se vider la tête. Il claque la porte de son appartement et il commence à gravir les étages. De toute façon, il prend jamais l'ascenseur. Il marche tellement rarement qu'il a pris l'habitude de dévaler les escaliers, dans un sens comme dans l'autre. Alors qu'il atteint le 7ème étage, il entend tout un enchainement de bruits métalliques et de cris. Il fronce les sourcils et accélère pour arriver à l'escalier du huitième. Là, au beau milieu des marches, un type allongé, une tonne de matériel éparpillé et une fille colorée visiblement vachement remontée contre son entourage. « vous pouvez pas l'aider ?! nom de dieu ! » Ouais, c'est une idée en effet. Mais personne ne semble bouger. Y sont pourtant pas nombreux, mais visiblement les gens trouvent ça plus intéressant de sortir leur téléphone et prendre des photos du pauvre homme. Tommy soupire. Il a pas franchement envie d'être mêlé à tout ça. Mais il a envie de grimper en haut, alors il se sacrifie, pour libérer le passage. Il s'approche, empoigne le gars sans trop de délicatesse et le redresse suffisamment pour qu'il puisse s'asseoir et reprendre ses esprits. Ce dernier attrape aussitôt une grosse caméra et se met à flipper. Oh putain ! non ! Vous savez combien ça coûte un truc comme ça ?! Elle est pétée, regardez-moi ça ! Regardez dans quel état elle est ! J'vais m'faire virer.... c'est sûr, j'vais m'faire virer ! Tommy ne dit rien. Il sait pas quoi dire. Le gars lui fait un peu de peine. Il se contente de lâcher : on va vous aider à tout récupérer. Mais ça ne calme pas le journaliste. Il gueule de plus belle, il est vulgaire, grossier et Tommy, ça le gonfle un peu. Il lance un regard à l'inconnue aux cheveux bleus. Au passage, il se dit qu'ils sont cool, ses cheveux. Et pis, il oublie. Il soupire. Il lui lance un petit regard complice et il ajoute : Tu crois qu'y a un bouton "mute" pour lui ? D'ordinaire il est pas trop sociable Tommy. Mais là, de toute façon, ils sont coincés, chacun d'un côté des débris, avec un illuminé au milieu. Et dire qu'il montait pour trouver la tranquillité. C'était raté.

Y a un mec que tu ne connais pas et que tu n'as jamais vu qu'il tente d'aider ce jeune monsieur, ou âgé, tu n'en avais rien à faire de son âge, il venait dans ton immeuble, te faire chier, alors tu n'en avais rien à foutre, clairement. Par contre, l'habitant qui le repose un peu plus loin, tu vois ses tatouages et t'as envie de lui demander, curieuse, pourquoi il en a autant, pourquoi il les a, pourquoi ça et pourquoi pas autre chose...Des questions inutiles, quoi, comme d'habitude, voilà pourquoi tu ne dis rien, t'es toujours pressée et tu regardes l'heure sur ton portable, avant d'écouter les lamentations de ce mec là, qui vient de se casser la gueule et qui se plaint qu'on lui est cassé sa caméra. T'en as une toi, un peu plus petite, certes, mais tu ne lui donnerais contre rien au monde, tu veux la garder pour quoi et alors tu réponds, secouant la tête et fronçant les sourcils comme pour dire non, tu ne pensais pas qu'il avait un bouton mute, off/on ou autre chose de ce genre quelque part, « non, c'est un journaliste, un journaliste la ferme jamais » et t'aimerais te casser, même si le jeune inconnu t'intrigue, comme la moitié des habitants du Parking, mais tu peux pas bouger, y a un tas de trucs sur les escaliers et tu te demandes vraiment quelle idée t'es passée par la tête pour ne pas avoir pris l'ascenseur aujourd'hui. « c'est pas possible tout ce bordel » chuchotes-tu avant de soupirer une nouvelle fois, t'en as marre qu'il y ai que des merdes qui t'arrivent, à chaque fois qu'il ne le faut pas. La chance n'est pas de ton côté, vraiment.
Tu vois d'autres gens autour, qui essayent de monter, de descendre ou qui sont simplement sortis, intrigués par le bruit, t'as envie d'aller les frapper contre le mur. Pourquoi ne bougent-ils pas au lieu de te regarder et de le regarder comme des animaux de foire. T'essayes de retirer quelques objets du passage, malgré ta motivation inexistante.

« Vous pouvez pas l'aider ?! Nom de dieu ! » Louise, elle s'inquiète. Il a du se passer quelque chose de grave pour que quelqu'un puisse jurer sur le tout puissant ! Curieuse, la blonde dévale les escaliers rapidement pour arriver au point de rencontre. Y'a plein de gens qui ronchonnent, qui grommellent et puis y'a cet homme, qui se fait relever par un autre. Il a du tomber dans les escaliers, qu'elle insinue, Louise.
Au final, elle s'sent un peu perdue la blonde. Elle se demande pourquoi elle a toujours le don de se mettre dans des situations improbables.  Mais elle aime les périples, Louise. Ça la dérange pas.
Pour l'instant, elle observe. Devant, y'a cette fille avec du bleu sur la tête qui arrête pas de grogner. Elle montre les crocs mais pourtant, elles sont jolies ses dents ; qu'elle pense Louise.
Et puis, y'a ce mec tatoué là ! Elle est fascinée, Louise. Elle aime bien tous ces beaux dessins. Elle aimerait bien aussi se colorier la peau, mais elle n'en a pas le courage.
Non, Lou elle veut pas faire d'bêtise. Trop prudente la p'tite.  
Elle brise pas les règles.

« Oh putain ! non ! Vous savez combien ça coûte un truc comme ça ?! Elle est pétée, regardez-moi ça ! Regardez dans quel état elle est ! J'vais m'faire virer.... c'est sûr, j'vais m'faire virer ! » Elle était perdue dans ses pensées, Louise. A réfléchir à ces cheveux bleus et ces tatoos. Pourtant, elle accourt tout de suite vers le journaliste qui ne cesse de se plaindre. Timidement, elle s'avance un peu plus vers lui. « Ce n'est peut être pas ce que vous croyez.. ça peut peut-être s'arranger... » qu'elle fait, en voulant arranger les choses. Puis Louise d'toutes façons elle se sent coupable, tout le temps. Et elle doit avoir sa part de responsabilité dans tout ça. Alors elle tente de s'approcher encore un peu plus, pour voir d'un peu plus près si la caméra est vraiment irréparable. « Non mais tu crois que j'sais pas reconnaître une caméra pétée ?  Putain ! » Sur ces mots, Louise elle s'mord la lèvre en fronçant les sourcils. Elle est déçue, elle n'aime pas qu'les gens soient énervés comme ça. Alors elle se met de retrait, s'adossant au mur de l'escalier, en joignant ses deux mains sur ses cuisses ; comme une gamine qui vient d'se faire gronder. Elle ose plus rien dire, plus rien faire. Mais en même temps, elle veut pas laisser ce pauvre homme tout seul. Elle veut être là s'il a besoin d'aide. Alors elle reste.

Non, c’est un journaliste, un journaliste la ferme jamais. Tommy esquisse un sourire. C’est bien vrai ça, que les journalistes ne se taisent jamais. Surtout quand il s’agit de râler ou de dire des conneries. Parce que ça, pour dire des conneries, ils sont doués les salopards. D’ailleurs, Tommy il ne comprend pas trop ce qu’un journaliste vient foutre dans le Parking. Y a rien à voir, rien à raconter. C’est pourri ici, ça pue le désespoir, ça fera pas rêver les gens. Et pendant que Tommy tente prudemment de ramasser quelques morceaux, sans se couper, pour essayer de faire un passage, une troisième personne s’avance dans les marches. Tommy s’arrête et relève la tête, il croise brièvement le regard de la jeunette. Jamais vu avant. Elle est jolie, qu’il pense rapidement. Ce n’est peut-être pas ce que vous croyez… ça peut peut-être s’arranger. Tommy sourit un peu, devant la naïveté et la douceur de l’inconnue. Un contraste bien marqué avec la féroce fille aux cheveux bleus. Mais le sourire du jeune tatoué se dissipe rapidement face à la réponse du journaliste, teintée d’agressivité. Tommy se renfrogne et s’interpose, toujours avec calme : Hey, parlez-lui sur un autre ton. C’est pas d’sa faute si vous êtes tombé. Le journaliste grogne dans sa barbe et jette un regard noir aux gens autour de lui avant de se concentrer de nouveau sur sa caméra. Tommy relève la tête vers la jeunette qui s’est du coup isolée dans son coin et il tente un sourire réconfortant. Mais c’est pas brillant. Il n’est pas très doué Tommy, quand il s’agit d’aller vers les gens. Il réfléchit deux secondes et voyant que personne ne daigne se bouger, il tente de prendre les choses en main. S’adressant uniquement au journaliste, à la fille aux cheveux bleus et à la petite blonde, il explique : Bon, on va essayer de ramasser tous les débris et de les mettre dans un coin du pallier, pour éviter que ça bouche le passage trop longtemps, sinon ça va dégénérer. C’est comme ça ici, les gens ont pas la patience. Puis, s’adressant plus particulièrement aux deux filles, il ajoute doucement : Faites gaffe de pas vous couper. Le journaliste râle encore, il dit que c’est bien beau tout ça mais que ça règle pas son problème. Mais Tommy l’écoute plus. Il s’en fiche un peu de son problème, tout ce qu’il veut c’est éviter les débordements. Sans rien répondre, il se contente de se mettre au travail prudemment, un peu gêné d’être entouré par tant de gens qu’il ne connait pas et tout particulièrement des filles. Les filles, ça le bloque tout le temps. Il est trop timide Tommy.