Les larmes lui coulent sur le visage, c'est horrible, impossible à arrêter. Son visage s'humidifie bien malgré lui, il a beau éponger encore et encore, tout ce qu'il arrive à faire c'est à tremper les manches de son sweat usé par le temps... usé par les larmes... Peut être doit-il se sentir rassuré ? Le fait qu'il pleure... n'est-ce pas la preuve qu'il ressent encore quelque chose ? Qu'il a quelque chose à verser ? Piètre consolation d'après lui... car il n'en peut plus, il est juste fatigué et éreinté. Ça lui fait un mal de chien, une douleur infiniment plus terrible que toutes les blessures physiques qu'on pourrait lui infliger... car il y est retourné aujourd'hui... il est allé là bas encore, devant cette maison, devant son « ce qui aurait pu être » alors qu'il s'était promis de ne plus jamais y retourner. Il s'est tenu là, à une distance raisonnable... et il a regarder sa famille... sa vraie famille vivre leur vie, une jolie vie pleine de rire et d'amour... sans lui. Car lui, Casey, il n'existe pas à leurs yeux, pas sous ce nom en tout cas et celui qu'il aurait dû être avec eux est déjà mort et enterré à leurs yeux il y a plus de dix ans de cela. Il n'arrive toujours pas à y croire tout de même, à s'en remettre de cette histoire insensé. Ça n'existe que dans les films, du moins c'est là ce qu'il se disait... mais voilà, il s'avère pourtant qu'il est un de ces cas si particulier dont on écrit des livres, des fictions... sauf que cela n'a rien d'amusant à vivre ni de palpitant ou inspirant.

Iago Vasquez, enfant enlevé à l'âge de cinq ans et jamais retrouvé, voilà qui il est réellement. Cela lui a prit du temps pour s'en rendre compte, pour découvrir la vérité. C'est partit d'un truc con en plus... d'un devoir qu'il ne voulait même pas faire à la base ! Il en aurait fallu d'un rien pour que jamais il ne s'en rende compte. Mais voilà, il a commencé à s'intéresser à sa généalogie Casey, il a commencé à s'intéresser à sa naissance, ses grands parents, ses ancêtres, tout un tas de chose qui l'ont confronté à des choses qui ne collaient pas. Puis il s'est intéressé à son sang, à son groupe sanguin, aux papiers officiels que son père aurait dû posséder le concernant. Puis il s'est souvenu de tout un tas de comportements étranges pendant toutes ces années... C'était presque devenu une évidence, une évidence qui le terrifiait et pour laquelle il espérait bien se tromper, ce qui ne fut malheureusement pas le cas. Il ne fut alors pas difficile de confronter son père, de le piéger en lui faisant croire qu'il en savait plus que la réalité pour obtenir toutes les informations... et cela a eut l'effet d'une bombe pour Casey. Sa vie n'est autre qu'une putain de mascarade, un mensonge ayant eut pour but de combler les besoins égoïstes d'un homme avec qui il ne s'est jamais réellement entendu à la base. Toujours en confrontation avec lui, c'est devenu pire après ça, faisant monter la violence à un niveau jamais atteint auparavant entre eux, Casey lui rejetant toute sa haine et sa frustration et son père étant de base violent et instable. Mais pourquoi ne pas être partit ? Il se le demande Casey, il se le demande chaque jour car même maintenant, malgré une violente confrontation avec cet usurpateur, malgré les bleus, les blessures... il est encore là, dans la cage d'escalier du Parking... Il n'a jamais porté plainte, il ne l'a jamais dénoncé... mais pourquoi ? Tout simplement car ça faisait trop mal... non pas de lui faire du mal à lui, enfin sans doute peut être un peu, Casey y étant malgré tout bien plus attaché qu'il n'osera jamais le dire, mais surtout car ça lui fait mal de voir cette famille à laquelle il est sensé appartenir et ne pas s'y sentir... à sa place...

Car oui, quand il a tout découvert, quand il a réussit à trouver l'identité et l'adresse de sa vraie famille... il a voulu y aller, frapper à leur porte, tout leur dire et retrouver sa place... Il avait envie d'être aimé, il avait envie de goûter au bonheur... vivre une vie normal et loin de la déchéance à laquelle le Bronx le condamnait. Être un gamin normal... était-ce vraiment trop demandé étant donné que cela avait été à l'origine son destin ? Mais quand il s'est retrouvé en face... qu'il les a vu, eux, si parfait, si bien et surtout si heureux sans sa présence... il a paniqué... il a paniqué car il a comprit que sa place... elle n'était plus nul part. Trop saccagé, trop ravagé et violent. Enfin drogué et colérique, ayant déjà poignardé son propre « père » sous le coup d'une dispute... Comment pourraient-ils l'aimer franchement ? Il n'est qu'un déchet... il n'est toujours qu'un déchet ! Et un qui s'aggrave de jour en jour, voulant tellement se complaire dans cette image horrible qu'il a fait de lui dans son esprit qu'il fait tout pour devenir irrécupérable et impardonnable. Ainsi il peut croire... croire que sa vie c'est bien au Parking qu'il va devoir la passer, bien avec ce salaud, cet enfoiré, cet autre perdu comme lui qu'est son père adoptif... donc oui, il est revenu au Parking, il y revient toujours. Il se bat, se blesse, se meurtrit avec son paternel mais chaque fois il revient... Pourtant il n'arrive pas totalement à se détacher de cette autre famille, des Vasquez... Il va les voir, les espionne, tente d'imaginer sa vie si il avait pu grandir avec eux. Il se fait du mal clairement, il en revient toujours un peu plus déprimé chaque fois, un peu plus profondément enfoncé dans un abîme dont il n'est pas sûr de pouvoir en sortir un jour... et il n'est pas sur d'avoir envie d'en sortir non plus. En vrai il ne sait surtout pas quoi faire... il n'a plus rien envie de faire... alors il continu simplement ce train train quotidien, y ajoutant un peu plus de troubles pour vider ses nerfs... à voir où l'avenir le mènera. Mais pour le moment il a assez pleuré, il a assez fuit, il est temps pour lui de rentrer. Il sèche une dernière fois ses larmes, se relève et remonte vers son étage. Ce n'est pas idéal... mais que pourrait-il espérer de mieux au final ?