Lexy avait cette étincelle noire, cette pulsion autodestructrice que certaines personnes portent en elles. Comme une vermine intérieure que vous pouvez parfois domestiquer pendant quelques temps jusqu'à croire que vous l'avez exterminée. Mais la vermine ne meurt jamais et l'étincelle n'attend que l'occasion de se rallumer. Et lui il l'aimait pour ça. Lexy c'était sa bombe à retardement, sa cam, son antidote.

Ce soir là il portait un blouson noir, en cuir. Ce genre de blouson dur et froid, un peu comme lui. Ce mec là c'est ce qu'il dégageait, plus encore c'est ce qu'il était au fond de lui. Un homme rongé par ses vices, qu'il traînait comme on traînerai une serpillière. C'était un homme, un vrai.

Lexy se blottissait contre lui, contre les quelques souffles de vie qu'il arrachait au Destin. Ses joues étaient humides, ses mèches blondes se prenaient dans ses sanglots. Pour la première fois Lexy avait peur de le perdre. Elle avait fermé les yeux depuis de longues minutes déjà. Dans ses souvenirs tachés de blanc, elle entendait. Elle voulait imprimer cette voix qui résonnait, ce rire qui s'enfuyait peu à peu.

Cette nuit là, Lexy avait chanter pour lui. Elle avait déposer quelques mots au creux d'une oreille qui s'épuisait. Un corps fatigué, chétif, démuni, c'est tout ce qu'il restait de lui. Cet homme avait volé à Lexy tant de choses, bien plus qu'elle ne le pensait. Il lui avait menti à maintes reprises, mais l'avait aimé comme aucun autre. Il l'avait laissé planté là tant de fois, mais l'avait aimé comme aucun autre. Il ne lui avait jamais dit, mais il l'avait aimé comme aucun autre.

Il était parti. Mais cette fois, Lexy n'allait pas laisser la porte ouverte. Cette fois il n'allait pas revenir, non.

Elle n'avait pas ouvert les yeux. Pas encore, c'était trop tôt. Elle l'avait touché, essayant de retenir chaque courbe de ce visage. Mais il fallait partir. Il fallait rentrer, seule. Alors, toujours les yeux clos, elle avait déposé un baiser sur son front. Elle s'était arraché à ce corps si familier et avait franchi les portes de l'hôpital.

Lexy ne savait plus. Elle courait simplement dans les rues vides de la ville. Philadelphie avait revêtue son visage de nuit, était devenue sombre et inhospitalière. Mais Lexy ne savait plus tout ça. Elle savait simplement que ce soir là l'avait rendu bien triste. Et elle courait. Elle longeait les bars et les commerces, espérant le croiser à chaque coin de rue. Elle croyait pouvoir retrouver son visage, son corps, sa voix.  Mais le silence la tabassait. Elle s'était arrêté de courir, le souffle saccadé. Elle avait compris.

Son nom, ses lèvres le garderaient toujours secret. Personne n'aurai l'emprise qu'il avait sur elle. Ce soir là, Lexy avait le mal de lui.