1974 : c’est la naissance de Joaquin, dont les parents sont professeurs à l’université de Valparaiso. C’est aussi l’année où Pinochet commence à nettoyer le pays des dissidents, des syndicalistes, des étudiants, des enseignants, des gauchistes, des contestataires et où des milliers de personnes, progressivement, disparaissent.
1975 : Les Beltràn Zayas émigrent en Argentine, ne se méfiant pas encore de la prise de pouvoir de Perron. Très vite, ils déchantent et comme ils ne peuvent plus retourner au Chili, ils se cachent du mieux qu’ils peuvent, engageant des passeurs pour s’enfuir.
1976 : Ils s’installent, enfin, pour de bon, à San Francisco où ils trouvent, par chance, des postes d’enseignants. Certes, ce n’est pas à l’université, d’accord, ce n’est pas aussi bien, aussi prestigieux, mais ils ont un emploi, une maison et leur fils a un avenir.
De 1976 à 1990 : Joaquin s’intègre parfaitement. Arrivé très jeune, il est bilingue, n’a pas le moindre accent, travaille beaucoup, dur et y parvient très bien. Comme les jeunes, il fait des conneries, se bagarre souvent mais il se montre volontaire et ne sombre pas dans la drogue ni les gangs. Il picole un peu mais ne se drogue pas. Il étudie assidument, regarde ce qui se passe en Amérique du Sud, s’énervant contre les dictatures et la montée en puissance des cartels aussi, le nouvel ennemi intérieur de ces pays.
1990 : alors qu’il cogite à ce qu’il va devenir, commençant à se dire qu’il pourrait aussi être prof comme ses parents, son père se fait assassiner lâchement. L’enquête, brouillonne, ne donne aucun résultat probant. Officiellement, il était au mauvais endroit, au mauvais moment. Selon Joaquin, c’est une bavure mais c’est de la faute aux réseaux de drogues.
1993 : il obtient son diplôme, fonce à Arlington remplir un formulaire d’admission et sort major de sa promotion après 19 semaines d’entrainement. Ses recruteurs diront de lui, dans son dossier, qu’il est une tête brûlée, qu’il n’a aucun respect de l’autorité, et que même brillant, il peut être une véritable épine dans le pied de la DEA.
De 1993 à 2015 : La DEA, le boulot. Le boulot, le boulot, le boulot. Les partenaires craquent. Il est chiant, borderline, vraiment violent. Pour lui tous les moyens sont bons du moment qu’il y ait des résultats. Sauf que l’éthique, ça l’emmerde. Quand on lui en parle, il crache sur la personne que ça fera pas revenir son père. Y a qu’Elle en fait qui l’a calmé. D’abord il a fait la gueule quand il a appris qu’il allait se coltiner une nana. Pas qu’il soit sexiste mais franchement, les nanas sont rarement bien considérées par les dealers, les trafiquants. Il avait peur qu’Elle les freine, qu’Elle n’y arrive pas. Mais très vite, ça a marché du tonnerre. C’était encore mieux que Starsky et Hutch ou que Riggs et Murtaugh ! C’était naturel, autant dans le boulot que dans le privé.
Tout allait bien. Tout allait trop bien. Ses méthodes étaient dangereuses mais ça fonctionnait. Mais y a un moment où on paye le prix de ce qu’on fait n’est ce pas ?
2015 : Il devait tuer le gamin. Il n’a pas eu le choix. Il ne voulait pas mais… C’était écrit. Il l’a fait. Point. Il a assumé, il a accepté l’enquête des affaires internes. Tout se serait bien passé si quelqu’un ne l’avait pas balancé en prime. Putain ! Le voilà suspendu pendant 6 mois, accusé tout d’un coup de tout un tas de choses plus ou moins justifiées. Le voilà affublé du titre de ripou. Et en taule. Et la taule, quand on est agent de la DEA ? Inutile d’en parler. Ça a été un enfer. Même en racontant, pour sauver sa couenne, qu’il a buté un indic. Ça lui a juste permis de rester en vie parce qu’il n’y a rien de plus haï en taule qu’une taupe.
2017 : inexplicablement, le dossier, si bien ficelé, est abandonné pour vice de forme. Parfait. Comme sur des roulettes. Il va pouvoir leur faire payer leur trahison. Joaquin a désormais la liste des vendus, des traitres et il compte bien leur faire la peau, un à un. Il ira en taule, à perpétuité s’il faut, dans le couloir de la mort même, mais il va tous les tuer, un à un. Et ça tombe bien parce qu’ils sont presque tous à New York ces enfoirés. Tout comme Elle. Mais avec en tête sa vengeance, est ce qu’Elle a seulement encore une place dans sa vie ?
Mars 2017 : un réseau tombe avec un agent spécial de la DEA et deux flics trouvés morts dans une ruelle. Mais Joaquin, lui, est déjà dans l’avion avant même qu’on se demande s’il n’est pas un peu impliqué.